Selon la N-VA, la liberté d’expression n’est pas absolue

La liberté d’expression ne peut être sans limite pour les « collaborateurs » du terrorisme, estime la N-VA. Dans un article publié sur son site internet, le chef de groupe à la Chambre, Peter De Roover, plaide pour étendre la lutte menée par l’Etat à ceux qui s’en tiennent aux mots.

S’il dit soutenir le principe d’une liberté d’expression la plus large possible, voire sans limite, le nationaliste soutient toutefois l’idée que « nous sommes en guerre », reprenant à son compte les mots du ministre de l’Intérieur, Jan Jambon, également N-VA, et fait un parallèle avec la collaboration, sujet pourtant épineux pour le Mouvement flamand dont il est l’une des chevilles ouvrières.

Le président d’honneur du « Vlaamse Volksbeweging » vise l' »ennemi intérieur ». « La tolérance devient à un moment de la faiblesse et se mue en sa propre ennemie. Le manque de réaction contre ceux qui collaborent de l’intérieur avec l’ennemi donne de l’oxygène à cet ennemi car personne ne respecte les sociétés qui ne se font pas respecter », écrit-il.

M. De Roover n’indique pas s’il vise précisément l’apologie du terrorisme ou l’expression plus générale du radicalisme. « Quiconque commet des violences et/ou incite à la haine est déjà punissable. Nous devons oser mener le débat de savoir si les mots qui y mènent ou traduisent un rejet radical de notre société tombent encore dans le champ inviolable de la liberté d’expression », explique-t-il.

Le député dit ne pas viser les religions ou une religion en particulier. Il évoque néanmoins l’islam. « Que de nombreux musulmans évoluent parfaitement dans notre société ne peut pas être nié. Qu’au sein de cette communauté de croyance, un discours soit diffusé qui va à l’encontre de notre modèle ne peut pas être éludé, même en recouvrant cela du manteau de l’amour multiculturel ».

Une initiative qui ne fait pas l’unanimité

Le débat que veut ouvrir le chef de groupe N-VA, Peter De Roover, sur les limites à la liberté d’expression dans le cadre de la lutte contre le terrorisme ne fait pas l’unanimité, même dans son camp. Ce que cherche le nationaliste flamand existe déjà, fait-on remarquer de part et d’autre.

« Tant que l’on n’incite pas à la haine ou à la violence, la liberté d’expression est un droit absolu et doit le rester », a déclaré le député flamand Jelle Engelbosch (N-VA) sur Twitter. Une modification de la loi n’est pas nécessaire, a fait remarquer de son côté Lode Vereeck (Open Vld), puisque les incitations à la haine ou à la violence sont déjà punissables.

« Les sympathies avec le terrorisme ou son apologie peuvent déjà être interprétées par le juge comme une incitation à la haine et à la violence, et cela s’est déjà produit », a-t-on expliqué au sp.a selon qui les lois existantes doivent être appliquées de manière stricte.

Les socialistes flamands appellent le gouvernement et la majorité à se préoccuper plutôt du suivi des combattants étrangers.

« Le suivi des combattants de retour de Syrie et des prédicateurs de haine n’est toujours pas réglé 19 mois après les premiers attentats », accusent les socialistes flamands.

D’après le député Wouter De Vriendt (Groen-Ecolo), la proposition de M. De Roover est une forme de concession aux terroristes. L’écologiste relève par ailleurs que dans certains pays, le nationalisme est considéré comme une forme de terrorisme.

Dans un article publié sur son site internet, le chef de groupe N-VA s’interroge sur les limites de la liberté d’expression alors que l’heure est à la « guerre » contre le terrorisme. Il incrimine les personnes qui, de l’intérieur, collaborent avec l’ennemi, ne fût-ce que par leurs paroles, et plaide pour l’ouverture d’un débat sur la question. Le nationaliste n’indique toutefois pas précisément les comportements qu’il vise: l’apologie du terrorisme ou, plus largement, l’expression du radicalisme.

Contenu partenaire