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Sabrer dans les soins de santé: « Une erreur de stratégie », estime l’ABSyM

Ludivine Ponciau
Ludivine Ponciau Journaliste au Vif

La réduction de la norme de croissance des soins de santé, de 2,5% à 2% en 2024, passe mal auprès de l’ABSyM.  L’association des syndicats médicaux déplore l’absence de vision à long terme du fédéral, malgré les enseignements du Covid. Son vice-président appelle à réformer au plus vite le système de garde pour l’aide médicale non-urgente pour soulager les hôpitaux.

Frank Vandenbroucke (Vooruit) a fait ses calculs: une croissance de 2%, au lieu de 2,5%, représentera malgré tout plus de 700 millions d’euros. Et puis, cette coupe budgétaire, a tenté de rassurer le ministre de la Santé, sera couplée à la mise en place d’autres mesures, comme le refinancement de la première ligne ou la réforme de l’aide médicale urgente, annoncée pour 2025.

Sur le volet préventif, le fédéral procédera à un « tax shift santé ». L’objectif étant de jouer sur la taxation des produits alimentaires, en décourageant les produits moins bons au profit des produits sains.

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L’annonce des mesures n’en reste pas moins indigeste pour le vice-président de l’ABSyM, Luc Herry. « Evidemment que ça ne nous fait pas plaisir. D’autant que nous ne nous y attendions pas. Nous pensions que les 2,5% étaient acquis car ils étaient bien nécessaires pour faire face aux défis que son le vieillissement de la population et les maladies chroniques. La décision de diminuer la norme de croissance a été prise sur la base de l’évaluation des comptes 2020-2021, qui n’étaient pas représentatifs de la situation actuelle vu que nous étions en plein Covid. D’ailleurs, on a constaté, dès le premier semestre de 2021, que les coûts repartaient à la hausse puisqu’il y a eu un effet de rattrapage au niveau des dépistages et des examens de routine qui ‘avaient pas pu se faire au plus fort de la crise sanitaire. Avec aussi pour conséquence le fait que nous devons aujourd’hui soigner des cancers plus évolués qui nécessitent des traitements plus longs. Nous pouvons donc nous attendre à des frais supplémentaires au moins jusqu’en 2024« .

« D’un autre côté, poursuit Luc Herry, le ministre de la Santé annonce qu’il veux doubler ou tripler les frais transversaux. Mais comment compte-t-il financer cela tout en sabrant dans le budget? Il me semble qu’il y a un décalage entre les ambitions du gouvernement et les moyens prévus pour les réaliser ».

Luc Herry, vice-président de l’ABSyM, ne cache pas sa déception.

Si surprise il y eut, elle ne fut pas totale. A l’ABSyM comme ailleurs, on a bien conscience que les caisses sont vides et qu’il faut aller chercher l’argent partout où il se trouve, quitte à faire les poches aux médecins. Mais en diminuant le pourcentage de la norme, on touche aussi à la rémunération des prestataires de soins de santé alors que le secteur peine déjà à attirer certains soignants comme les infirmiers.

Désengorger les hôpitaux

D’autant, argumente encore son vice-président, que d’importantes économies pourraient être réalisées en activant certaines réformes, comme celle du service d’aide médicale non-urgente, le 1733, lié au services de garde locaux. En Belgique, l’instauration du numéro 1733 s’effectue en plusieurs phases. Les régions qui utilisent déjà le 1733 se situent soit dans la phase 1, soit dans la phase 2. Si vous appeler le 1733 dans une région qui se situe en phase 1, vous tombez sur un collaborateur du poste de garde ou un médecin de garde local, qui vous prendra en charge. Si vous appelez le 1733 dans une région de phase 2, vous serez réorienté vers un opérateur de la centrale d’urgence qui vous questionnera et vous donnera des instructions selon votre état de santé. À terme, toutes les régions passeront à la phase 2 mais pour l’instant, on n’y est pas.

« Il faut rendre le passage par le service 1377 obligatoire pour tous les soins non-programmables. C’est la seule manière de désengorger les hôpitaux et d’éviter de faire des examens qui peuvent s’avérer inutiles. Dans certains services hospitaliers, on compte jusqu’à douze heures d’attente alors que 80% des gens qui sont aux urgences ne devraient pas y être. Si on mettait davantage de moyens dans l’aide médicale non-urgente et dans les campagnes de promotion et de sensibilisation, on pourrait faire de belles économies ».

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