L'autoroute est couverte de champs photovoltaïques posés sur une structure en bois rond assemblée par des robots. Une solution innovante pour produire massivement de l'énergie renouvelable.

Renouvelable: des arches solaires sur nos autoroutes

Olivier Rogeau
Olivier Rogeau Journaliste au Vif

Le bureau Coupez Architectes (La Hulpe) et le fabricant d’ossatures en bois Mobic-Préfabois (Harzé) ont imaginé une solution économique et écologique pour la production massive d’énergie renouvelable.

Premier constat: la Belgique a l’une des plus fortes densités d’autoroutes au monde. Second constat: les besoins en énergie renouvelable ne cessent de croître. Parce le gouvernement a décidé de sortir le pays du nucléaire en 2025. Que l’Europe s’est engagée à devenir neutre en carbone pour 2050. Et que chaque Région a ses impératifs environnementaux. Mais les demandes d’implantation de vastes parcs photovoltaïques en zones agricoles inquiètent les riverains et posent question en matière d’aménagement du territoire. Surtout en Wallonie, où les terres sont chères et peu disponibles.

Autant d’aspects pris en compte par les concepteurs d’un projet innovant. Le bureau Coupez Architectes (La Hulpe) et le fabricant d’ossatures en bois Mobic-Préfabois (Harzé) ont imaginé une solution économique et écologique pour la production massive d’énergie renouvelable: couvrir des tronçons d’autoroutes et des parkings de supermarchés de champs photovoltaïques posés sur des structures en bois. « Ces structures créées par une architecture numérique se réalisent sans plan, explique Aurélie Deschuyteneer, directrice R&D du bureau Coupez. Un algorithme paramétrique définit une forme optimale. Un code informatique génère des lignes d’instruction pour la commande de robots d’usinage. La découpe des sections de bois à assembler est automatisée. »

Matériaux naturels et locaux, les arbres utilisés – sapin, hêtre, bouleau – sont des « déchets » de sylviculture (fûts tordus…), ce qui réduit la consommation de matière première. Pour diminuer encore les coûts et simplifier le travail, Mobic a opté pour du bois rond (troncs écorcés), au lieu du lamellé-collé. Les arches ont une portée qui peut atteindre cinquante mètres. « Le recours au bois permet d’obtenir un excellent bilan carbone pour des arches d’une telle portée, assure l’architecte. La perte de luminosité sous la voûte est inférieure à 25%, car les panneaux solaires sont translucides. Les ravages des insectes xylophages peuvent être évités par traitement thermique du bois. » Un premier prototype a été érigé sur le site de la scierie Scidus à Etalle et le projet a été soumis à la Sofico, le gestionnaire public des réseaux routier et fluvial wallons, ouvert aux initiatives de valorisation énergétique sur son domaine.

25 ans

La structure en bois a la même durée de vie que les panneaux photovoltaïques qu’elle supporte: vingt-cinq ans. Les matériaux peuvent être entièrement démontés et recyclés. La structure est conçue pour résister à des vents de 150 km/h.

10 millions

Budget de la structure par kilomètre d’autoroute: 10 millions d’euros, pour 50 000 m2 couverts. Selon les concepteurs du projet, couvrir ainsi 12,5% des 820 kilomètres d’autoroutes wallonnes et 10% des parkings des supermarchés du sud du pays coûterait le tiers de l’investissement dans une centrale turbine gaz-vapeur (TGV). Cela permettrait de produire autant d’énergie électrique que trois réacteurs nucléaires de type Tihange.

50 mètres

Pour pouvoir couvrir la largeur d’une autoroute, les arches doivent avoir une portée de près de cinquante mètres, avec des troncs de 34 cm de diamètre. Les arches destinées aux parkings de supermarchés peuvent être plus petites, tant en section qu’en portée (30 à 40 mètres).

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