Maggie De Block © Belga

Qui est Maggie De Block ?

Maggie De Block, la ministre Open-VLD de la Santé publique, jouit d’une popularité insolente dans les trois Régions du pays, à faire pâlir Charles Michel, Bart De Wever, Kris Peeters ou Elio Di Rupo. Mais qui est exactement cet ancien médecin généraliste et d’où vient son pouvoir de séduction ? Dans Une vie hors-format(1) qui est en librairie depuis peu en français, sa biographe, Marijke Libert, nous fait pénétrer dans l’intimité de la ministre et nous donne quelques clés pour comprendre l’engouement dont elle fait l’objet.

La biographie de Maggie De Block parue en néerlandais voici près d’un an est disponible en français. Elle a été accueillie côté francophone, avec une certaine moquerie. On a tiré en épingle la manière dont Maggie De Block a sauvé la vie de son mari, Luc, avec du champagne. La ministre, alors généraliste en exercice, a découvert un hématome sur la paroi abdominale de son cher et tendre, conséquence d’une compresse de 15 centimètres carrés restée dans son estomac… Les bulles ont fait le reste. Pas très orthodoxe médicalement, mais efficace.

Pour le reste, à part une complicité sans doute trop appuyée avec son modèle, la biographe Marijke Libert a transformé de manière assez fine son statut « d’embedded » pour entrer littéralement dans l’intimité de Maggie De Block.

Mémoire d’éléphant

Enfant, la petite Maggie fait montre d’une curiosité intense et d’une mémoire phénoménale. « Je suis intelligent, mais je ne le sais pas encore », explique-t-elle ingénument à sa biographe. Ce qui n’en fait pas forcément une première de classe, car, comme tous les hauts potentiels, elle s’ennuie vite. Et, cela n’étonnera pas grand-monde : elle est nulle en gymnastique. Amoureuse de la littérature, Maggie De Block compense son ennui en s’adonnant frénétiquement à la lecture, une passion qui ne l’a jamais quittée. Avec son frère Eddie, jeune coq viril et son frère Jan, plutôt un manuel, les « Blocksters » forment un clan. Les grands-parents De Block sont d’extraction relativement modeste, socle d’un libéralisme profondément populaire et proche des gens. Le capital sympathie que Maggie développera plus tard s’en inspire certainement. Peu soutenue dans sa volonté de devenir médecin – son futur mari, Luc Asselman, pense surtout à fonder un foyer-, Maggie De Block sortira tout de même en 1988 de la Faculté de médecine de la VUB avec une Grande distinction.

Initiation comme généraliste: sa première patiente est sa meilleure amie Leen à qui elle conseille de se faire retirer les amygdales chez un ORL. Le premier diagnostic est le bon… Mais sa sociabilité lui vaut en peu de temps une patientèle importante. Sa popularité est « naturelle » comme l’est son empathie, conséquence probable d’un père perdu très jeune. Capacité d’empathie que, souvent, les libéraux camouflent, laissant à la gauche le monopole du coeur.

Sa relation à la mort est la synthèse entre l’acceptation de l’irrémédiable propre aux médecins et le sentiment d’impuissance face à plusieurs proches partis trop tôt. En bonne libérale et athée, elle considère toutefois que le choix de partir appartient à l’individu. Ce qui explique son soutien fervent à la loi de dépénalisation de l’euthanasie. Tout en entretenant une relation d’affection avec le curé du village, Karel Stautemas, alias « père-motard », véritable phénomène à Merchtem et au-delà. Si Dieu existe quand même, cela peut être utile…

Sur l’éternelle question du surpoids, on apprend que si elle a dit zut à son BMI depuis longtemps, la ministre de la Santé publique a considérablement souffert de son obésité aux abords de l’adolescence. Elle se prête à divers régimes qui la laissent dépressive et anémiée. Effet yo-yo garanti. Pour le moment, elle croise les doigts: sa santé n’en souffre pas. Les rondeurs font partie du personnage et les cartoonistes peuvent s’en donner à coeur joie, car elle collectionne les dessins qui la concernent s’ils sont de bon goût.

Rencontre avec Verhofstadt

Entrée succinctement en politique à 16 ans, elle pénètre véritablement dans l’arène en 1999. Non dépourvue de toupet, elle réclame d’emblée à « Gus » (surnom de Verhofstadt) la deuxième place à la Chambre dans l’arrondissement Hal-Vilvorde. Estomaqué par tant d’audace, Baby Thatcher l’écoute jusqu’au bout et lui offre la troisième place. Une place de combat, mais qu’elle convertit d’emblée. La voilà députée. Allergique au porte-à-porte, elle doit sa victoire à un engouement populaire local autour de sa bonne ville de Merchtem (des fans de la première heure placardent son portrait sur les fenêtres). Ce sera, pour le VLD, le troisième siège le moins cher de l’histoire.

Ses voix de préférence évoluent ensuite selon une courbe exponentielle : 7.721 voix en mai 2003 et 131.713 lors des dernières élections.

Ses premiers réels faits d’armes? La présidence de la commission de l’Infrastructure de la Chambre, là où on l’attendait à la Santé publique. Période paradoxalement faste (la Belgique détient la présidence tournante de l’Union européenne et la mobilité est devenue un sujet crucial) où elle se rapproche d’Alexander De Croo qui pratique le même type de libéralisme populaire… et qui est plutôt mignon.

Elle traverse ensuite les fameux 541 jours sans gouvernement fédéral et hérite en décembre 2011 de l’Asile et de l’Immigration. Un portefeuille casse-gueule dont personne ne veut. De Croo est persuadé qu’elle y fera des miracles. Elle accepte rapidement sans comprendre tout de suite qu’elle devra abandonner son cabinet médical. De Croo ne transige pas. Après une courte hésitation, ce sera oui.

Le dossier est lourd: grèves de la faim de demandeurs d’asile, critiques à la limite de l’insulte (dont une manifestation de vengeurs masqués à l’effigie du visage poupin de la ministre, mais plutôt sinistres), expulsion d’Afghans emblématiques (affaire Parwais Sangari), écoeurement du monde associatif qui la traite d’impératrice romaine qui décide de la vie et de la mort avec son pouce. Elle remplira son contrat, soit le respect à la lettre de la déclaration gouvernementale.

Le Premier ministre Di Rupo, qui avait feint de la découvrir par un « C’est qui Maggie? » lors de la formation de son gouvernement, sera un de ses meilleurs ambassadeurs. Entre le chimiste issu du monde ouvrier et la doctoresse libérale-humaniste, le contact est franc et chaleureux. « Vous, Maggie, avez le travail le plus délicat de ce gouvernement. S’il y a quelque chose, quoi que ce soit, prenez tout de suite contact avec moi. » Maggie dit merci, mais, de toute la législature, elle n’appellera le Premier ministre qu’une seule fois.

Entourage

Le succès, Maggie De Block le doit également à son cercle restreint duquel ressort, bien sûr, sa porte-parole, Els Cleemput, transfuge de la gendarmerie. Une femme forte, comme De Block, qui gère la communication de la ministre comme une lionne veille sur ses lionceaux.

Bien s’entourer pour un ministre, autre raison du succès…

(1) Editions La Boîte à Pandore ; ISBN : 978-2-87557-173-1 – EAN : 9782875571731

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