Désinvesti de la politique, Roland Duchâtelet garde toutefois un oeil sur le parti qu'il a fondé. © Jean-Christophe Guillaume/reporters

Pourquoi Vivant, le mouvement de Roland Duchâtelet, ne marche plus qu’en Communauté germanophone

Pierre Havaux
Pierre Havaux Journaliste au Vif

Cliniquement mort, le parti de Roland Duchâtelet fait preuve d’une étonnante vitalité dans le biotope germanophone. Son patron-fondateur n’envisage pas pour autant une résurrection.

Longue vie à Vivant et à ses trois représentants germanophones élus le 26 mai dernier. Roland Duchâtelet n’y est absolument pour rien, lui qui s’est désinvesti de la compétition politique pour naviguer dans la galaxie du foot au gré de rachats et de reventes de clubs. Mais l’entrepreneur limbourgeois garde un oeil sur le mouvement politique en veilleuse qu’il fonda voici vingt bonnes années avec l’insuccès que l’on sait. Un programme audacieux, novateur mais incompris, forgé autour du revenu de base garanti pour tous, du référendum d’initiative populaire et de la détaxation du travail financée par la taxation de la consommation ; deux sénateurs au compteur quand le parti était au sommet de sa forme en 2007 ; une absorption par l’Open VLD avant de basculer dans le néant.

 » Ce que Vivant préconise, c’est le sérieux dans la maîtrise des dépenses publiques « , expose Roland Duchâtelet au Vif/L’Express,  » mais cette préoccupation n’est pas une réelle priorité dans l’opinion publique comme chez les politiques. Je me réjouis donc de la prise de conscience qui s’opère chez les germanophones.  »

Le parti garde de beaux restes dans ce coin de Belgique orientale. Jamais scrutin ne lui a été aussi profitable que celui de 2019 : quasi 15 % de l’électorat capté, soit la plus belle progression du scrutin (+ 4,2 %) ; non plus deux mais trois députés envoyés au Parlament der Deutschsprachigen Gemeinschaft Belgiens, et un quatrième siège raté à treize voix près. Vivant y fait jeu égal en sièges avec les verts et les libéraux, et talonne les socialistes.

Adapté aux réalités locales

Pourquoi ce succès en Ostbelgien ? Alain Mertes, l’un des trois élus germanophones, décode :  » Nous utilisons le nom Vivant en toute autonomie, sans avoir encore de liens ni de contacts avec le mouvement et Roland Duchâtelet. Nous nous sommes éloignés du programme initial pour investir pleinement dans les thématiques propres aux réalités locales. Nous offrons une force politique alternative en prônant moins de bureaucratie et une gestion en bon père de famille. Nous militons ainsi pour le remboursement des tickets de bus en faveur des élèves en finançant cette mesure par la suppression de la fonction de chauffeur attachée aux cinq ministres et par l’économie salariale qui résulterait du cumul entre la fonction de président du parlement de la communauté et de sénateur germanophone.  »

Une résurrection par effet de contagion n’est pas à l’ordre du jour. Car à côté de Vivant qui rit, il y a Vivant qui pleure. La Limbourgeoise Nele Lijnen, son unique élue fédérale qui officiait sous la bannière de l’Open VLD, n’a pu conserver son siège de députée le 26 mai dernier. Michel Hemberg, représentant de Vivant-Wallonie, doute fort que la réussite germanophone soit exportable :  » L’accès à une tribune médiatique est plus aisé dans les Cantons de l’Est et l’association de Vivant avec l’Open VLD rendait très difficile toute possibilité de se déployer dans l’espace francophone.  » Roland Duchâtelet achève de tuer toute spéculation : le boss ne sortira pas Vivant du tombeau.

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