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Pourquoi la Belgique doit, elle aussi, craindre la criminalité organisée

Olivier Mouton
Olivier Mouton Journaliste

L’attaque menée à Amsterdam contre le journaliste d’investigation néerlandais Peter R. de Vries, qui lutte contre la mort, provoque de vives inquiétudes chez nous. Bart De Wever et d’autres mettent en garde: nous ne sommes pas à l’abri.

« Je suis bouleversé par l’attaque contre Pieter R. de Vries. Quand les gens de ce pays prendront-ils vraiment au sérieux la lutte contre la mafia de la drogue? Ce qui se passe aux Pays-Bas aujourd’hui se passera ici demain. » Le message posté ce mercredi matin par Bart De Wever, président de la N-VA et bourgmestre d’Anvers, est une mise en garde pour notre pays.

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En Flandre, cette attaque contre le journaliste d’investigation le plus célèbre des Pays-Bas fait les gros titres de tous les médias. La VRT a exprimé sa solidarité et dénoncé une « attaque contre la liberté de la presse ». Pier R. de Vries lutte toujours contre la mort dans un hôpital d’Amsterdam, où a eu lieu l’attaque.

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Deux suspects sont en garde à vue: un Polonais de 35 ans et un jeune hollandais de 21 ans, originaire de Rotterdam. Aucune information officielle n’a encore percé au sujet du mobile de l’attaque, mais le lien avec le crime organisé semble se dégager.

Le journaliste d’investigation était notamment la personne de confiance de Nabil B., témoin clé dans le grand procès de liquidation de Marengo. Il s’agit d’un procès tenu aux Pays-Bas depuis juillet 2019 et au cours duquel 17 accusés ont été condamnés pour leur participation à l’organisation mafieuse de Ridouan Taghi de la Mocro Maffia, grâce au témoignage de l’ancien membre mafieux devenu un repenti, Nabil B., dont Peter R.de Vries est donc devenu le confident.

Des journalistes mettent en avant le fait que cette dérive mafieuse pourrait arriver chez nous. « Cette attaque nous rappelle le poids croissant de la criminalité organisée« , souligne Jean-Paul Marthoz, journaliste du Soir et ancien responsable de Human Rights Watch.

« ‘Italianisation’ des démocraties du nord-ouest de l’Europe gangrenées par le crime organisé. Se souvenir des mises en garde de Robert Saviano« , lui répond Frédéric Loore, journaliste indépendant. Le journaliste et écrivain Saviano, auteur notamment de Gomorra, vit sous protection policière et multiplie les investigations au sujet de cette dérive généralisée.

Quand Bart De Wever met en garde contre le risque d’une telle dérive en Belgique, on ne peut s’empêcher de penser à la gigantesque opération de police menée par le parquet fédéral au port d’Anvers, en mars dernier. Celui-ci est devenu l’une des plaques tournantes du trafic de cocaïne en Europe. Plus de 200 perquisitions ont été menées, une cinquantaine d’interpellations ont eu lieu, 1,2 millions d’euros ont été saisis et un réseau de communication crypté utilisé par des organisations criminelles dans la gestion du trafic de drogue a été démantelé…

Frédéric Van Leeuw, procureur fédéral, avait mis en évidence une dérive plus qu’inquiétante: « Des règlements de compte, des tueurs à gage, des photos de victimes, des personnes qui sont envoyées d’un pays à un autre pour tuer quelqu’un, des messages qui disent que si on ne trouve pas une cible, on s’attaque à la famille. C’est d’une violence absolument incroyable, un monde où la morale a totalement disparu, et où les sommes sont hallucinantes. »

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