Pipigate: Vincent Van Quickenborne présente ses excuses et maintient qu’il n’était pas au courant
Le ministre de la Justice Vincent Van Quickenborne a livré sa version du « Pipigate » devant la Commission Justice.
Le ministre de la Justice, Vincent Van Quickenborne, est venu s’expliquer en commission de la Justice de la Chambre sur l’incident qui s’est produit lors de sa fête d’anniversaire dans la nuit du 14 au 15 août, un incident nommé « Pipigate ». Durant cette fête, plusieurs invités ont uriné sur un combi de la police garé à côté de la villa du ministre sous protection depuis plusieurs mois. Révélés dans la presse, ces faits ont suscité une vive polémique.
Le ministre a répété à plusieurs reprises qu’il ignorait tout de ces comportements jusqu’à ce qu’ils sortent dans les médias. Il a maintenu au parlement sa version de l’incident. Images de ses caméras de surveillance à l’appui, il est revenu sur les faits qui ont donné lieu à une polémique et a dénoncé une « présentation erronée » et des « insinuations ».
Pas au courant
Ce n’est que le 23 août, lorsque les faits ont été révélés dans la presse, que le ministre a appris que des invités à sa fête d’anniversaire avaient uriné contre un combi de la police. Un comportement qu’il juge « dégoûtant, surtout quand on sait pour quoi le combi se trouve devant ma maison », à savoir la protection du ministre en raison de menaces de mort venant de trafiquants de drogue. Des articles de presse et des reportages télévisés ont laissé entendre que Van Quickenborne était déjà au courant, durant la nuit du 14 au 15 août, des faits qui se sont déroulés. L’intéressé s’en est fermement défendu. « Si je l’avais su, pensez-vous que j’aurais tout nié, en sachant que tout est sur des images, que chaque moment de ma vie est observé? Posez la question, c’est y répondre », a-t-il dit.
Il a reconnu qu’un geste de sa part pouvait être interprété de manière diverse pendant qu’il attendait un taxi avec l’un de ses meilleurs amis: de l’air guitar, comme l’a dit son cabinet, ou faire semblant d’uriner… mais quoi qu’il en soit, c’était loin du combi qui se trouvait de l’autre côté. Et s’il est allé vers le véhicule avec ledit ami, c’était l’espace que quelques secondes pour le verrouiller car il était resté ouvert. « Peut-on en déduire que j’étais informé et que j’ai menti? Je ne le pense pas », a-t-il ajouté.
Pour le reste, le dossier est aux mains du parquet de Flandre occidentale et une enquête est en cours, sur laquelle M. Van Quickeborne n’a pas de prise, n’étant pas partie à la cause.
Les excuses n’ont pas manqué durant le long exposé du ministre: envers les policiers qui assurent sa protection et de manière générale tous ceux qui circulent dans un combi mais aussi envers les députés qui consacrent une séance de commission à un tel dossier. M. Van Quickenborne a dû mettre à nu une partie de sa vie privée pour prouver ses dires. « C’est l’inverse de l’Etat de droit, je dois prouver mon innocence, mais je le ferai ».
« Des efforts supplémentaires »
Plusieurs députés n’ont pas caché leur malaise devant cette histoire et la polémique qui l’a entourée. « Le spectacle de ce genre de chose ne renforce pas la confiance des citoyens », a regretté Gilles Vanden Burre (Ecolo-Groen). Mais pour autant, dans la majorité, chacun n’était pas disposé à passer l’éponge comme si de rien n’était. « Les excuses présentées sont un jalon posé dans la restauration de la confiance mais cela ne suffira pas, et il faudra des efforts supplémentaires pour monter que vous, en tant que ministre de la Justice, vous avez le plus profond respect pour la police », a averti Ahmed Laaouej (PS).
Dès qu’il a appris les faits, M. Van Quickenborne dit avoir appelé les trois personnes concernées pour les « engueuler » et les inviter à se présenter à la justice. Le PS espère que l’épisode ne restera pas sans suite judiciaire. « Si, dans un quartier populaire, un jeune est surpris à uriner sur un combi de la police, il va passer un mauvais quart d’heure au commissariat et devra rendre des comptes devant la justice », a fait remarquer M. Laaouej.
Même tonalité au CD&V: « C’est la seule chose que nous demandons aujourd’hui, c’est le respect. Quelles actions allez-vous entreprendre pour restaurer la confiance? » a demandé Franky Demon.
« Deux poids, deux mesures »
« Justice de classe« . L’expression a été lancée depuis l’opposition par le PTB qui réclame la communication au parlement des images des caméras de police installées également devant le domicile du ministre. « S’il s’était agi de jeunes, en 24 heures, on aurait tout leur CV. Pourquoi, quand c’est l’élite du pays, tout se fait en catimini?« , a demandé Nabil Boukili. Une accusation rejetée par M. Van Quickenborne, en rappelant qu’une enquête était en cours pour de tels faits, ce qui n’est pas habituel, à l’entendre. « Ce n’est pas de la justice de classe: ces personnes doivent être et seront punies ».
La commission a été convoquée en quelques jours et a débattu durant trois heures de ces faits anodins au regard des enjeux quotidiens de la police et de la justice. « Nous avons appris que nous devrions attendre le 18 septembre pour discuter des problèmes dans les gares à Bruxelles. Ce deux poids, deux mesures est interpellant: un mois pour obtenir une réunion sur la sécurité dans nos gares et deux jours pour un pipi« , a regretté Sophie Rohonyi (DéFI).