Yvan Verougstraete devient formateur dans le cadre d'un gouvernement bruxellois.
Yvan Verougstraete devient formateur dans le cadre d'un gouvernement bruxellois. © BELGA

Yvan Verougstraete lâche le MR et devient formateur du futur gouvernement bruxellois: «Si quelqu’un veut prendre le lead, qu’il n’hésite pas»

Sylvain Anciaux

Dans une lettre ouverte aux Bruxellois, Yvan Verougstraete annonce la fin de son ultimatum et de sa collaboration avec le MR pour la formation d’un gouvernement.

Un chapitre de 550 jours se referme dans l’interminable épopée de la formation du gouvernement bruxellois. Dans une lettre aux Bruxellois publiée ce jeudi matin, Yvan Verougstraete (Les Engagés) annonce lâcher le MR afin de créer un exécutif avec les derniers partis disponibles et ne faisant pas (encore) l’objet d’un veto, d’une exclusive, ou d’un insatiable appétit. Soit «Groen, Vooruit, le CD&V, le PS, Ecolo, DéFI et Les Engagés».

Evidemment, Yvan Verougstraete sait que cet attelage de centre gauche est bancal, voire carrément boiteux. Le casting rassemble une majorité au ras des pâquerettes de 36 sièges sur 72 côté francophone du Parlement, et de 7 sur 17 sièges pour le collège flamand, donc trop courte. Yvan Verougstraete table sur un retour de l’Open VLD qui avait pour rappel lié son destin à celui de la N-VA, et qui jamais les derniers mois n’a semblé s’en résoudre (sauf au prix de juteux postes dans les administrations bruxelloises). Yvan Verougstraete ne l’écrit pas, mais des changements de comportement ou de couleur ne sont pas exclus au sein du gouvernement bruxellois. Fabian Maingain, l’ancien de DéFI et désormais indépendant au parlement bruxellois, a déjà confirmé qu’il apporterait son soutien parlementaire si celui-ci s’avérait nécessaire.

Une confiance à construire

A propos de conditions, Yvan Verougstraete en pose quatre. «Nous ne participerons pas un gouvernement qui n’a pas l’ambition de prendre les réformes nécessaires pour redresser structurellement la Région, d’améliorer sa trajectoire budgétaire de minimum un milliard d’euros, qui aurait pour ambition de faire, avant tout de l’obstruction au gouvernement Arizona ou qui n’a pas une vraie ambition pour notre Région.» A en lire ce passage, la confiance aura encore besoin de se construire.

D’ailleurs, le président des Engagés sait que sa mission qui devrait l’amener vers un poste de Ministre-président ne sera ni courte, ni agréable. «contrairement à ce que certains ne manqueront pas d’insinuer (je n’ai pas de doutes sur l’amabilité en politique), je n’aspire aucunement à jouer les premiers rôles dans cette situation. Si quelqu’un d’autre veut prendre le lead ou a une meilleure proposition à faire, surtout qu’il n’hésite pas.»

Bouchez ne se sent plus lié aux Engagés

La première réaction vient d‘Elke Van den Brandt, qui s’est dite «satisfaite» de la décision du formateur francophone. «Du côté néerlandophone, l’objectif est et sera de former avec l’Open VLD, Vooruit et le Cd&V de former la majorité nécessaire à soutenir un gouvernement de plein exercice.» Le président de l’Open VLD, Frédéric De Gucht, a déjà exprimé ses doutes et ne voit pas en quoi ce nouveau chapitre lui donnerait plus envie de revenir à la table.

Mais c’est bien du MR qu’est venue la réaction la plus virulente. « Ça va laisser des traces », a réagi jeudi matin le président du MR, Georges-Louis Bouchez, auprès du Standaard. Le libéral dit s’être associé en 2024 aux Engagés avec l’option de gouverner avec eux la Wallonie pendant dix ans. « Il y a beaucoup de dossiers où j’ai été loyal envers mon partenaire, mais maintenant on va fonctionner en free-lance. Je ne me sens plus lié », a-t-il ajouté, illustrant la situation à une sorte d’adultère. Le PS bruxellois, pour sa part, répond sobrement qu’il attend une invitation à laquelle il répondra avec un esprit constructif. «… Rien ne sera simple, ponctue Zakia Khattabi (Ecolo), rien ne l’est jamais lorsqu’il s’agit de construire des majorités inédites, mais la démarche qui se dessine est guidée par une volonté claire: parvenir à un accord dans le respect mutuel de chacun des partenaires. Et, à mes yeux, cela constitue déjà une petite révolution », a-t-elle commenté sur Facebook. 

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