A la veille d’une (nouvelle) opération de la dernière chance pour David Leisterh et les libéraux, Ahmed Laaouej et les socialistes tentent d’imposer leur scénario. Du 9 juin 2024 au 9 juin 2025, peu de choses ont pourtant évolué.
L’agenda qui unifiait le PS et le MR bruxellois, qui avaient dealé une majorité régionale avec Les Engagés pour le gouvernement bruxellois à l’été dernier, apparaît plus déchiré que jamais. Vendredi, sur le plateau de Trends Tendances, le président des libéraux David Leisterh dévoilait les grands marqueurs de la note de politique générale qu’il présentera ce mercredi à la presse. Ce lundi, Ahmed Laaouej –son homologue socialiste– annonçait avoir reçu le mandat de son cercle restreint pour creuser la piste d’une majorité «progressiste», pressentie de gauche. Et ce mardi, à la veille de l’exposé tant attendu de David Leisterh, donc, Ahmed Laaouej annonce rassembler les leaders du PTB, d’Ecolo, de Groen, de Vooruit et de la Team Fouad Ahidar. L’objectif serait d’y «recréer de la confiance» malgré que l’on soit«encore très loin d’une formation, c’est le premier tour de table depuis très longtemps qui réunit une possible majorité».
Tant la note du libéral dans sa forme actuelle qu’une majorité de gauche ont pourtant très peu de chances d’aboutir à un gouvernement bruxellois. Consulté, le spectre politique semble le savoir. Plus qu’une action politique, PS et MR se livrent ici à une guerre communicationnelle. L’objectif de chacun étant de montrer qu’il prend ses responsabilités et qu’il n’est pas l’élément bloquant.
Deux scénarios injouables
Concrètement, les deux scénarios avancent pourtant. Côté gauche, la réunion qui se tiendra ce mardi soir à 18 heures au parlement bruxellois marque la volonté du PS d’investir toute son énergie à dégager une majorité alternative, et de le faire savoir à la presse, histoire de satisfaire les demandes de la société civile. Mais la réticence à l’idée de gouverner avec la Team Ahidar, la frilosité du PTB et son désintérêt stratégique d’accéder au pouvoir pour le moment déstabilisent encore un tel scénario. A contrario, l’échec d’une majorité purement de gauche ouvrant le scénario à un attelage de centre-gauche PS, Engagés, Ecolo et DéFI ne dispose pas d’une majorité au sein des commissions du parlement bruxellois.
Présenter une note d’une telle envergure représente un sacré risque pour David Leisterh dont la méthode inquiète certains interlocuteurs qui redoutent un texte «à prendre ou à laisser». Ce ne sera probablement pas le cas, car le libéral sait aussi que les intentions du document dans sa forme actuelle ne permettent pas une majorité parlementaire.
Une histoire de présidents
«Je ne peux pas imaginer que l’on ne soit pas en négociations le 9 juin», date du premier anniversaire de ce blocage déjà historique, soupire une personnalité de premier rang de la politique bruxelloise. Et les chemins compliqués, si ce n’est voués à l’échec, des deux scénarios en cours actuellement mènent à un dénominateur commun: les retrouvailles entre le PS et le MR autour d’une table. Aucun des deux ne semblent le souhaiter, mais c’est pourtant la conclusion que faisaient déjà les informateurs, Groen et Engagés, en mars dernier. Depuis ce bilan, le MR (très fâché des conclusions) est revenu aux affaires via la prise en main de Georges-Louis Bouchez, mais sans résultat.
C’est le retour au problème originel. Pour qu’Ahmed Laaouej et David Leisterh s’assoient à la même table, il faudra jurer que Cieltje Van Achter (présidente de la N-VA bruxelloise et ministre flamande en charge de Bruxelles) ou l’un de ses collègues nationalistes ne s’y assoie jamais. Cette fois, c’est l’Open VLD qui a la main (les libéraux flamands ont pour rappel lié leur destin bruxellois à la N-VA). Alors que leur président local, Frédéric De Gucht, se positionne pour remplacer Eva De Bleeker à la présidence nationale du parti, sa succession à la tête de la fédération bruxelloise pourrait rebattre les cartes.