Zaventem
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Survol de Bruxelles : la sortie de Maron contre la Flandre, coup de bluff pour dédouaner Gilkinet ?

Olivier Rogeau
Olivier Rogeau Journaliste au Vif

Alain Maron affirme qu’il y a eu « négociation » sur le survol de Bruxelles et qu’elle a abouti à un accord, torpillé ensuite par la Flandre. Propos contredits par plusieurs sources. Le ministre Ecolo bruxellois a-t-il voulu masquer l’inertie du ministre fédéral Georges Gilkinet (Ecolo) dans le dossier des nuisances de Brussels Airport?  

Le 1er octobre, cela fera tout juste deux ans que Georges Gilkinet (Ecolo), successeur de François Bellot (MR) à la Mobilité, est en charge du dossier des nuisances aériennes générées par l’aéroport national. Le ministre fédéral a clamé sa « ferme intention de diminuer la pollution sonore liée au trafic d’avions ». Bruxelles-National ne peut plus être, selon lui, « la poubelle sonore de l’Europe ». Il s’est engagé à « améliorer la situation d’ici à 2024 via un plan d’action très volontariste et une concertation systématique avec l’ensemble des parties prenantes. » Néanmoins, le blocage reste total et les pressions sur le ministre Ecolo se multiplient.

En intercabinet

Depuis mars dernier, les discussions en intercabinet n’aboutissent à rien de concret. Selon certains, Georges Gilkinet négocierait « en toute discrétion » avec les ministres fédéraux et régionaux compétents en matière de survols liés à l’exploitation de l’aéroport national. En réalité, il n’y a pas eu « négociation », mais envoi d’une simple déclaration d’intention sans valeur légale.

« C’est une solide base de travail pour avancer et du jamais-vu dans ce dossier », estime toutefois le ministre bruxellois de l’Environnement Alain Maron (Ecolo), le 28 septembre, dans les colonnes de La Libre et du Morgen. « Mais le 18 mai, poursuit-il, le gouvernement flamand a décidé de claquer la porte, alors que la négociation avait abouti à un texte. Quand ce document est arrivé sur la table du gouvernement flamand, ils l’ont renvoyé en le maculant d’amendements inacceptables. »

Son homologue flamande Zuhal Demir (N-VA) lui a répondu qu’« il n’y avait pas encore d’accord », que la déclaration était « une proposition du ministre fédéral Georges Gilkinet à laquelle tous les gouvernements ont été autorisés à soumettre leurs objections ». Il se confirme que la déclaration envoyée par le ministre fédéral de la Mobilité n’a pas fait l’objet d’un accord entre ministres, ni au régional ni au fédéral.

Refiler de Valet noir

Des sources proches du dossier au sein du PS et du MR ne cachent pas leur surprise. Elles confient tout ignorer de la note Gilkinet et voient dans la sortie d’Alain Maron « un coup de bluff » destiné à masquer l’inertie du ministre fédéral dans le dossier du survol de Bruxelles. « Incapable d’obtenir des avancées concrètes, Gilkinet cherche à se dédouaner en refilant le Zwarte Piet à la Flandre, accusée par Maron de torpiller le soi-disant accord. »

Les objectifs de la Flandre

Sur la méthode, un juriste pointe « l’erreur du ministre de la Mobilité d’associer les régions à la « négociation », alors que les procédures d’exploitation de Bruxelles-National sont une compétence exclusive du fédéral. » Les réactions du gouvernement flamand à la proposition Gilkinet démontrent, selon un spécialiste du dossier, que « la Flandre refuse de prendre en compte le critère de la densité de population survolée ». Son objectif : éviter tout allègement des survols en Région bruxelloise et empêcher toute augmentation du trafic aérien dans certaines zones peu peuplées du Brabant flamand. L’attitude du gouvernement flamand mettrait aussi en lumière la priorité de la Flandre : faire annuler les normes de bruit bruxelloises, qui permettent à la Région capitale de poursuivre les infractions en cas de dépassement.

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