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Tout ce qui se dit lors des congrès du parti de Raoul Hedebouw ne peut être révélé à l'extérieur. © belgaimage

PTB: une organisation interne opaque et des connexions internationales

Nicolas De Decker
Nicolas De Decker Journaliste au Vif

Connexion internationale avec la Chine et organisation interne hermétique caractérisent le PTB.

La raison des succès du PTB est connue et son contre-argument, quand reviennent les doutes sur ses accointances avec des régimes autoritaires ou sur sa très obscure organisation interne, la répète: le PTB a changé. En 2008, un «congrès du renouveau» transformait la petite secte maoïste, fondée au début des années 1970 par des étudiants flamands en rupture avec leur bourgeoisie natale, en une formation aux aspirations plus consensuelles. Cette transformation fut une réussite. En 2003, le PTB affichait huit cents membres, il en compte aujourd’hui plus de 25 000, et il a attiré plus de 500 000 électeurs en mai 2019. Si bien que quand on leur demande si le parti communiste ne subvertira pas la démocratie, les défenseurs du socialisme 2.0 laissent à penser que c’est plutôt la démocratisation qui a subverti leur parti, et que c’est très bien ainsi.

PTB: des connexions internationales

Les connexions internationales du PTB ne sont bien sûr pas similaires à celles du Vlaams Belang, dont les alliés en Europe sont souvent aux portes, ou aux manettes, du pouvoir. Ses amitiés les plus honteuses à lui, il les eut avec des régimes aujourd’hui heureusement disparus, en Libye ou en Albanie, et l’ouvrage de son charismatique président (de 1979 à 2008), feu Ludo Martens, Un autre regard sur Staline (Epo, 2003), continuera longtemps d’embarrasser les propagateurs du «le PTB a changé». Mais le PTB reste aujourd’hui très engagé dans la défense de la république cubaine, notamment à travers ses organisations internationales (Viva Salud, ex-Médecine pour le tiers-monde et Intal).

En 2003, le PTB affichait huit cents membres, il en compte aujourd’hui plus de 25 000.

Surtout, son attachement à la Chine a peu faibli, même s’il ne prend plus les formes caricaturalement élogieuses de jadis. Le rapport de son dernier congrès, dit «de l’unité», tenu fin 2021, foisonne de références valorisant la République populaire de Chine. La manière dont elle a lutté contre la pandémie, entre autres, y est louée. Et ses positions sur les questions internationales – il faut «éviter une nouvelle guerre froide» – sont toutes orientées sur cet alignement prochinois, ce que confirme le rapport de ce dernier congrès – le PTB est censé en tenir un tous les cinq ans, et c’est un rythme qu’il ne parvient pas à suivre ; après celui de 2008, il fallut attendre le suivant pendant sept ans.

Organisation interne opaque

Son organisation interne est en effet d’une lourdeur aussi opaque que chronophage. Les congrès sont d’ailleurs tenus dans des lieux secrets, et les participants (883 en 2021) ont l’interdiction absolue de répercuter à l’extérieur ce qu’il s’est dit à l’intérieur. Tout au plus saura-t-on, à la lecture du rapport de 2021, que les congressistes décidèrent de «rendre plus strict» le contrôle sur les membres. Mais pas sur tous les membres, attention: parmi les 25 000 nouveaux adhérents du PTB, l’immense majorité ne le sont pas à part entière. Ils n’ont dans le parti qu’un statut consultatif, donc en réalité rien à dire. Ce sont les «membres organisés» (trois mille personnes) qui participent aux congrès et aux réunions internes. Et les «cadres» (quelques centaines) qui décident vraiment. Sans que personne ne le sache. Le grand parti des travailleurs a peut-être changé, mais il n’est toujours pas une maison de verre.

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