Anne-Sophie Bailly

Démocratie sous pression | Quand le Belge ne veut pas d’une dictature mais…

Anne-Sophie Bailly Rédactrice en chef

Le Belge entretient à l’égard de la démocratie un sentiment paradoxal, une sorte de Oui, mais…? Un «mais» inquiétant, comme quand plus d’un sur deux se prononce en faveur d’un leader fort libre de l’influence de tout Parlement.

Différents Etats du monde ont basculé dans l’autoritarisme. Des garde-fous ont sauté. Dans les régimes démocratiques, les sirènes des systèmes autoritaires usent de leur pouvoir de séduction et la défiance envers des institutions représentatives n’a jamais été aussi forte. Face à ces constats et aux questionnements qui traversent nos sociétés, Le Vif lance la grande opération «Démocratie sous pression». Qui se déclinera en trois volets.

Consultez ici l’ensemble de notre dossier Démocratie sous pression

Tout d’abord, Le Vif a sondé l’opinion de la population. Le Belge estime-t-il vivre en démocratie? Est-ce d’ailleurs le régime qu’il plébiscite? Et si oui, que met-il exactement sous ce vocable? Comme voit-il ce système s’exercer? Est-il pour ou contre le vote obligatoire? Pour ou contre le cordon sanitaire? Voit-il dans l’immigration, la désinformation ou l’extrême droite des menaces pour la démocratie?

C’est un constat à deux vitesses qui ressort de notre sondage. Si, globalement, les répondants jugent que notre démocratie parlementaire fonctionne plutôt bien, quand la focale est mise sur les éléments constitutifs de cette démocratie, des lignes de fractures se révèlent. Le citoyen entretiendrait à l’égard du régime actuel un sentiment paradoxal, une sorte de «Oui à la démocratie, mais…»? Un «mais» complexe et ambigu. Inquiétant, parfois, comme quand plus d’un sur deux se prononce en faveur d’un leader fort libre de l’influence de tout Parlement.

Davantage que la démocratie elle-même, c’est l’exercice de cette dernière qui est questionné. Avec un fossé toujours plus large entre le Belge et les assemblées censées le représenter. A cet égard, les défis qu’induirait le passage progressif à une démocratie numérique pourraient rebattre plus largement encore les cartes. L’histoire a déjà montré à plusieurs reprises comment les algorithmes et l’exploitation de métadonnées pouvaient faire basculer une élection. Demain, qu’en sera-t-il? Quels seront les rôles des institutions? Qui détiendra le véritable pouvoir? Que réguler? Et comment?

Autres questions. Alors que le camp démocratique se réduit aux quatre coins de la planète, comment l’internationale antidémocratique cible-t-elle notre pays? Quels relais trouve-t-elle chez nous? Par le biais de quels canaux? Quelles alliances discrètes mais réelles sont-elles nouées? La rédaction du Vif a enquêté sur la porosité des rouages belges aux organisations extrêmes installées en dehors de nos frontières et sur l’état de la démocratie dans le monde. Ce sera le deuxième chapitre du dossier «Démocratie sous pression».

Finalement, retour à un niveau local pour le dernier volet de ce triptyque. Qu’en est-il de ces communes dont la couleur politique ne varie jamais, ou presque? De ces entités locales dans lesquelles l’opposition est absente? De celles dont les bourgmestres siègent hors de tout parti politique? Bref, comment s’exerce la démocratie à l’échelon local?

Autant de questions cruciales. A la hauteur des enjeux que charrie cette démocratie sous pression.

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