colonies israéliennes
Les partis ont leur propres sensibilités sur la question. La N-VA du Premier ministre, Bart De Wever, est contre l’interdiction, tandis que Les Engagés du ministre des Affaires étrangères, Maxime Prévot, y est favorable. Mais les deux formations partagent la crainte qu’une interdiction affecte aussi les Palestiniens. © BELGA

Produits issus des colonies israéliennes: 7 partis sont pour une interdiction, 4 sont contre

Benjamin Hermann
Benjamin Hermann Journaliste au Vif

Les produits provenant des colonies israéliennes en Cisjordanie occupée devraient-ils être interdits à l’importation? La question a été posée à tous les partis représentés à la Chambre, dans le cadre de notre «Test électoral, 1 an après». Les trois premiers partis du pays sont contre, mais la majorité est pour une telle mesure.

La guerre à Gaza fait régulièrement irruption dans le débat politique belge, les partis étant poussés à se positionner sur telle ou telle question. Les formations font quelquefois face à des différences de sensibilités internes sur le sujet, tout en mesurant à quel point le conflit demeure un sujet clivant et sensible pour une bonne part de l’opinion publique.

La thématique du boycott revient épisodiquement sur la table, notamment celle des produits en provenance des territoires occupés et qui se retrouvent sur le marché belge. Dans le cadre du test électoral réalisé par Le Vif un an après les élections, lors duquel les citoyens peuvent évaluer s’ils sont toujours en accord avec leur vote exprimé l’an dernier, la question a été posée aux formations politiques tant francophones (par Le Vif) que néerlandophones (par Knack): «Les produits provenant des colonies israéliennes en Cisjordanie occupée devraient-ils être interdits à l’importation?»

Notons qu’à ce jour, les denrées alimentaires et autres marchandises provenant des colonies israéliennes ne sont pas interdites, mais doivent faire l’objet d’un étiquetage spécifique et explicites, selon qu’elles soient issues d’une colonie israélienne (en Cisjordanie ou dans le Golan) ou de territoires palestiniens non occupés.

Sur les onze formations politiques représentées au Parlement fédéral, une majorité est favorable à l’idée d’instaurer cette interdiction. Le tout, avec des sensibilités propres, évidemment. Restent donc quatre partis qui, eux, sont contre l’interdiction: le MR, DéFI, la N-VA et le Vlaams Belang. Cet ensemble comprend toutefois les trois premières formations du pays, qui représentent à elles seules 40% des suffrages exprimés aux élections fédérales du 9 juin 2024.

Ceux qui sont contre

Le MR, donc, n’y est pas favorable, comme on l’explique auprès des libéraux. «Une telle décision pourrait avoir des conséquences dommageables sur notre capacité à traiter diplomatiquement avec toutes les parties, ne fera que déplacer ces produits ailleurs dans l’Union européenne et n’est pas opportune, alors que le pays a été victime des attaques terroristes du Hamas», argumente-t-on. Avant de décocher une flèche à l’endroit d’autres formations: «On peut d’ailleurs s’étonner que personne ne réclame de sanctions contre ce mouvement terroriste.»

Du côté de DéFI, on estime que «des sanctions économiques sont stériles», ce qui n’empêche les amarante de réitérer leur soutien «à une solution diplomatique ainsi qu’à la reconnaissance de deux Etats, Israël et Palestine».

Les deux premières formations politiques du nord du pays sont également contre l’interdiction des produits en provenance des colonies israéliennes. Le Vlaams Belang dénonce la colonisation, mais estime que les sanctions économiques ne produisent que «des effets limités». Quant à la N-VA, elle craint que «une interdiction d’importation affecte également les Palestiniens». Les nationalistes, dénonçant la colonisation des territoires, estime que c’est à l’Union européenne de jouer son rôle dans les relations commerciales et la recherche d’une solution par la voie diplomatique.

Ceux qui sont pour

Que les Palestiniens pâtissent d’une telle interdiction, c’est en filigrane ce que redoutent aussi Les Engagés. Eux se déclarent favorables à la mesure, «moyennant l’assurance que ces mesures n’impactent pas négativement la Cisjordanie. A ce stade du conflit et compte tenu du drame humanitaire qui se joue par ailleurs à Gaza, il nous semble important de prendre des mesures diplomatiques et économiques fortes.»

Plus à gauche sur l’échiquier politique, l’ensemble des partis sont d’accord avec le principe de l’interdiction des produits issus des colonies. Le PS a déjà déposé plusieurs propositions de résolutions, rappelle-t-il. «Cette commercialisation résulte de situations nées de violations graves du droit international humanitaire et des droits humains, et la Belgique doit l’interdire.»

Notre test | Un an après, voteriez-vous encore pour le même parti? (cliquez sur ce lien pour accéder au test de Knack)

Ecolo demande tout autant l’interdiction de ces produits, de même que le PTB-PVDA, lequel considère que «la Belgique doit faire tout ce qui est en son pouvoir pour faire respecter le droit [international] et mettre fin à la colonisation et au bain de sang à Gaza, notamment par des sanctions économiques contre les produits provenant des territoires occupés».

Du côté néerlandophone, le CD&V, Vooruit et Groen répondent également par l’affirmative. C’est aussi le cas des libéraux de l’Open VLD, soit dit en passant, qui prônent une interdiction au niveau de l’Union européenne, «car étant donné l’espace Schengen et la libre circulation des marchandises», l’interdiction d’importer des produits venant de territoires illégalement occupés «n’aurait aucun effet à l’échelle nationale».

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