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© Utrecht Robin/ABACA

Non au service militaire obligatoire, oui à une mission belge en Ukraine: comment se positionnent les partis

Benjamin Hermann
Benjamin Hermann Journaliste au Vif

Un service militaire obligatoire de retour en Belgique? L’idée a pu traverser certains esprits, mais Le Vif a interrogé les partis politique du pays: aucun ne souhaite en fait le réintroduire. L’idée d’envoyer des soldates belges en Ukraine dans le cadre d’une mission de maintien de la paix, en revanche, a fait son chemin.

Un environnement géopolitique tendu, une guerre en Ukraine qui s’éternise, un président états-unien insaisissable, sur les questions militaires notamment: le contexte a fait ressurgir ces deux mots –«service militaire»– que l’on croyait relégués aux livres d’histoire.

Le week-end dernier, le ministre allemand de la Défense, le social-démocrate Boris Pistorius, a déclaré qu’il n’excluait pas le retour d’un service militaire obligatoire dans son pays, faute d’un nombre suffisant de volontaires pour renforcer l’armée. Plusieurs pays européens, comme l’Autriche, la Grèce, les pays baltes et scandinaves organisent un service militaire obligatoire, chacun selon leurs modalités.

En Belgique, le ministre de la Défense, Theo Francken (N-VA), souhaite réinstaurer un service militaire, sur base volontaire uniquement. La conscription a pris fin en 1995, mais l’idée de la remettre au goût du jour de façon obligatoire a pu effleurer quelques esprits.

«Le service militaire obligatoire pour les jeunes de 18 ans doit-il être réintroduit?» La question a été posée aux onze partis belges représentés au Parlement fédéral par Le Vif (pour les partis francophones) et Knack (pour les néerlandophones). Le sujet a été abordé dans le cadre du «Test électoral, 1 an après» des deux médias.

Les choses sont fort simples: aucun parti n’y est favorable. Du côté des formations francophones, le MR et Les Engagés, membres de la coalition fédérale, promeuvent tous deux un service sur base volontaire. «Un service militaire ou civil», précise-t-on même auprès des Engagés. Mais certainement pas de manière obligatoire.

«Intégrer l’armée doit rester un choix volontaire et non contraint. Sur base volontaire, plusieurs initiatives peuvent accompagner les jeunes intéressés par une carrière ou une formation à la défense, qui propose une large variété de professions», répond-on au PS, qui compte l’ancienne ministre de la Défense, Ludivine Dedonder, dans ses rangs. Le SUC (service volontaire d’utilité collective) avait été instauré sous la précédente législature, rappellent les socialistes, avec dans les cartons la possibilité d’un «trajet SUC» dans le cadre de la Défense.

DéFI insiste sur le caractère volontaire du service militaire et Ecolo privilégie un service citoyen. Le PTB est le plus tranché, sans surprise. «Nous sommes opposés à la militarisation de l’ensemble de la société, dans laquelle le gouvernement et l’Otan veulent nous entraîner aujourd’hui. La Défense belge elle-même ne préconise pas le service militaire obligatoire. Le gouvernement Arizona ferait mieux de proposer des conditions de travail décentes au personnel militaire», lâche le parti de gauche. Et tac…

Les partis néerlandophones, de leur côté, ne souhaitent pas davantage réinstaurer de service militaire obligatoire.

Des soldats en Ukraine? Pourquoi pas

Quelques autres questions en lien avec la Défense ont été posées aux partis, dans le cadre du «Test électoral, 1 an après». Dont celle, qui pourrait se poser très concrètement un jour, d’une participation de soldats belges à une force de maintien de la paix en Ukraine, le cas échéant.

La grande majorité des formations y est favorable, moyennant quelques conditions, dont évidemment l’établissement d’une paix durable et l’organisation d’une telle mission dans le cadre d’un mandat international.

Le PS fait partie des plus prudents, cependant. «Toute opération militaire belge à l’étranger doit s’inscrire dans un cadre strict: un mandat onusien clair, une véritable plus-value belge et un contrôle parlementaire avant, pendant et après l’opération. Sans exclure une éventuelle opération, notamment européenne après un accord de paix durable et respecté par toutes les parties, les conditions actuelles ne sont pas réunies, ce qui rend toute décision prématurée. La sécurité de nos militaires doit être une priorité absolue avant toute décision», répondent-ils.

Seuls le Vlaams Belang et le PTB sont contre, en fait. «Pour parvenir à une paix durable à long terme, une conférence de paix doit être organisée au sein des Nations unies, où tous les pays concernés auront voix au chapitre […] Dans ce contexte, une force de maintien de la paix pourrait éventuellement être mise en place, composée de troupes de l’ONU neutres dans le conflit», précise encore le parti de Raoul Hedebouw.

Le Vif a encore demandé aux partis francophones s’ils souhaitaient qu’à terme, le budget de la Défense grimpe à 3% du PIB, sachant que l’Arizona compte atteindre les 2%. Tous sont contre. Quant à la question de savoir si la Belgique devrait tout faire pour tenter d’annuler l’achat d’avions de combat américains F-35, seuls le PTB et Ecolo répondent par l’affirmative.

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