
«Lève-toi et garde la foi»: le MR l’assure, il est le seul et vrai parti du travail

Le 1er Mai du MR se déroulait à Charleroi, cette année. Le parti libéral, au pouvoir, en a fait son credo: il est le parti du travail, bien plus que tous les autres. Le message est répété tel une rengaine. De manière très appuyée parfois, plus subtile à d’autres moments.
«I get up and nothing gets me down!» Ce sont les premières paroles de Jump, le titre de Van Halen. Le tube, avec son riff de synthé mémorable et son solo de guitare épique, a été diffusé à tue-tête dans les enceintes du Grand Palais de Charleroi. C’est là, dans la cité hainuyère, que le MR avait symboliquement choisi d’organiser son 1er Mai.
«Je me lève et rien ne m’abat», donc. Au travail! Voilà un message qui aura résonné dans les esprits des quelques 2.000 militants ayant fait le déplacement, pour une réunion qui aura permis au MR de l’affirmer une fois encore: le véritable parti du travail, c’est lui. Ce n’est pas pour rien qu’il s’est emparé depuis une quarantaine d’années de la Fête du travail, un rendez-vous historiquement propriété de la gauche politique et syndicale. Certains y voient une provocation. Le président libéral, Georges-Louis Bouchez, y voit pour sa part une sorte d’évidence, en alignement avec le programme du parti et les mesures de politique gouvernementales mises en œuvre au sein des coalitions azur et Arizona.
Vous pouvez modifier vos choix à tout moment en cliquant sur « Paramètres des cookies » en bas du site.
Keep the faith, de Bon Jovi. Tel était le morceau choisi pour clôturer le rassemblement, après que les différents intervenants y avaient pris la parole. «Garde la foi», ce peut aussi être vu comme harangue adressée aux troupes libérales, alors que la contestation sociale gronde sans faiblir depuis de nombreuses semaines.
Le message était martelé dès l’entame du rassemblement, par le porte-parole du parti à peine monté sur scène. Si ces quelques centaines libéraux avaient fait le déplacement, c’était bien pour célébrer «l’unique, l’historique, la seule vraie Fête du travail». Et tac, une première flèche décochée en direction des partis de gauche et des syndicats.
Vous pouvez modifier vos choix à tout moment en cliquant sur « Paramètres des cookies » en bas du site.
Les deux ministres de l’Emploi, David Clarinval au fédéral et Pierre-Yves Jeholet à la Région wallonne, sont bel et bien montés sur scène pour présenter la teneur des mesures déjà mises en place à leur initiative. Ils se veulent ambitieux et rassurants, aussi, face aux craintes exprimées. Personne ne sera abandonné, les citoyens seront amenés vers l’emploi.
«Grâce au MR, on va enfin récompenser les gens qui travaillent», a répété David Clarinval. Pierre-Yves Jeholet, lui, y est allé avec un peu moins de délicatesse. «Il faut aussi rappeler aux jeunes et aux moins jeunes qu’on doit faire des efforts dans la vie», insiste le Hervien. D’ailleurs, exprime-t-il, «après le lundredi, le mardredi, le mercredredi, le jeudredi et le vendredi», il n’est selon lui pas vain de rappeler «les valeurs d’effort, de mérite et de travail». A bon entendeur…
Gabriel Attal, l’ancien Premier ministre français et probable futur candidat à la présidentielle, était l’invité d’honneur. Il a lui aussi pris la parole, à l’occasion d’un plaidoyer pour la liberté, la démocratie et l’Europe. Il en a profité pour vanter les mérites du travail, naturellement, puisque c’est après tout cette valeur-là qui est célébrée le 1er mai.

Petite anecdote, en passant: il n’a pas manqué de vanter les mérites de Charleroi, «cette ville qui connait la valeur du travail», qui a tant souffert et qui «aujourd’hui se relève». S’il avait été présent, le bourgmestre socialiste Thomas Dermine aurait été flatté de ce bel éloge. Les libéraux n’en tiendront pas rigueur à Gabriel Attal, qui n’est pas censé connaître la politique communale de la métropole. Il ne lui en voudront pas non plus d’avoir rappelé la nécessité réformiste de «changer la vie, parce que c’est bien cela, la politique». Changer la vie, c’est aussi un vieux slogan socialiste. Soit.
No pasarán, l’extrême droite. No pasarán, l’extrême gauche.
Georges-Louis Bouchez
Gabriel Attal aura surtout pu observer à quel point le MR s’attelle à opérer un changement culturel, en Belgique francophone, en ciblant une gauche responsable de bien des maux. «No pasarán, l’extrême droite. No pasarán, l’extrême gauche», a scandé Georges-Louis Bouchez, dénonçant la violence politique venant de la gauche, dont lui-même et son parti sont victimes.
Gabriel Attal, de passage à Charleroi, aura enfin appris quelques spécificités du Plat Pays. Par exemple que «le Mister Cash est fermé» pour ceux qui profitent abusivement de la protection sociale. Que c’est «le jeu de la gauche de nous empêcher de former une majorité parlementaire à Bruxelles». Qu’Ahmed Laaouej et prévenu: «Vous ne nous volerez pas notre victoire!» Et qu’en Belgique, «certains prônent un modèle de société dont même Jean-Luc Mélenchon ne voudrait pas». Le voilà prévenu, Gabriel Attal.
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici