L’accord sur le budget n’a pas été trouvé lors des bilatérales avec les vice-Premiers ministres et Bart De Wever (N-VA). Ce dernier va se rendre chez le Roi ce jeudi vers midi. Deux options sont les plus probables: une démission du Premier ministre ou une demande de délai pour aboutir à un accord.
Le Premier ministre Bart De Wever a vu mercredi tous les vice-Premiers ministres de sa coalition en bilatérales. Frank Vandenbroucke (Vooruit), Maxime Prévot (Les Engagés), Vincent Van Peteghem (CD&V), David Clarinval (MR) et Jan Jambon (N-VA) se sont ainsi succédé au 16, rue de la Loi. L’objectif était de voir s’il était possible de reprendre les négociations sur le budget 2026. La question se posait de savoir si les conditions étaient réunies pour reprendre les discussions plénières, après une réunion qui a tourné court mardi soir.
Le top de la N-VA, le parti du Premier ministre, s’est aussi rendu au Seize. La présidente Valerie Van Peel, le ministre de la Défense Theo Francken et la ministre de l’Asile et de la Migration Anneleen Van Bossuyt ont été aperçus. La tenue de cette réunion laisse supposer qu’une communication a dû être préparée ou, du moins, convenue en interne chez les nationalistes flamands.
Mercredi vers 18h00, on apprenait que le kern n’était pas convoqué. Un conseil restreint devrait toutefois se réunir jeudi, après le Conseil National de Sécurité (CNS) convoqué à 10h00 à propos de la problématique de l’intrusion de l’espace aérien par des drones.
Ce kern s’annonce bref et devrait acter le désaccord au sein de l’Arizona. Bart De Wever devrait ensuite se rendre chez le Roi. Dans l’après-midi, il est attendu à la Chambre pour la séance de questions d’actualité.
Le gouvernement fédéral ne parvient toujours pas à s’accorder sur le budget 2026 et différentes réformes attenantes. Le mois dernier, Bart De Wever n’avait pas été en mesure de prononcer sa déclaration de politique générale, traditionnellement prévue le deuxième mardi d’octobre. Depuis lors, on a assisté à une succession d’entretiens bilatéraux et de kern qui n’ont pas abouti. Avant les vacances d’automne, le Premier ministre avait annoncé que le gouvernement fixait au jeudi 6 novembre son échéance pour aboutir à un accord, sans quoi il se rendrait chez le Roi.
Les 10 milliards de la discorde
Mardi soir, les tensions au sein du kern étaient à leur comble. La réunion a duré à peine quatre heures et s’est mal passée. Selon certains partenaires, les propositions alternatives avancées par le MR sont irréalistes ou irrespectueuses, comme de nouvelles coupes dans le secteur de la santé ou une re-légalisation des cigarettes électroniques jetables.
Mais, ce qui aurait véritablement fait exploser les tensions, selon certaines sources, c’est l’annonce du déplacement, mercredi soir, du président du MR, Georges-Louis Bouchez, en Flandre Orientale pour une présentation aux dirigeants de PME membres d’Unizo. Cette annonce aurait provoqué une véritable explosion de colère lors des négociations.
Depuis plusieurs semaines, le gouvernement est à la recherche de 10 milliards d’euros supplémentaires d’ici la fin de la législature. S’il parvenait à trouver ce montant, cela représenterait un effort de 1,5% du PIB, réduisant le déficit à 4% du PIB en 2029. D’éventuels effets retour pourraient encore réduire ce déficit, rapprochant le budget fédéral de la trajectoire initialement soumise à l’Union européenne, dans le cadre de la procédure en déficit excessif. L’objectif restait d’atteindre 3% en 2030.
Le Premier ministre a soumis plusieurs propositions à ses vice-Premiers ministres, des propositions systématiquement rejetées par l’un ou l’autre partenaire. Celles-ci reposaient sur un socle de quatre mesures structurelles: hausse de la TVA, saut d’index, réduction de la norme de croissance des soins de santé et accroissement des efforts pour remettre au travail les malades de longue durée. Des pistes supplémentaires étaient explorées à la demande de l’un ou l’autre des partenaires: doublement de la taxe sur les comptes-titres afin de faire contribuer les « épaules les plus larges », taxe sur les colis venant hors de l’UE (une telle mesure est également discutée à l’échelon européen), limitation des avantages fiscaux des sociétés de management, etc.
Plusieurs sources pointent du doigt le raidissement du MR sur la fiscalité. Les libéraux francophones ne veulent pas entendre parler d’une hausse d’impôt.
Vooruit est également parfois pointé du doigt, bien que les socialistes flamands soulignent être toujours disposés à négocier et disposent, dans leur domaine de prédilection – les malades de longue durée -, d’un plan qui devrait générer 2 milliards d’euros d’ici 2029.
Jeudi, Bart De Wever devrait se rendre au Palais. L’heure de midi est évoquée, mais non confirmée. Une démission est possible, mais le Roi peut la refuser. Il peut aussi garder sa décision en suspens et demander au Premier ministre de tenter de parvenir à un accord malgré tout.