L’élaboration d’un budget fédéral pour 2026 est le prochain gros morceau de l’Arizona, après un été agité. Coup d’œil sur quatre sujets qui feront l’actu des semaines à venir.
Le gouvernement Arizona a vécu une semaine cacophonique, à l’aube de l’élaboration du budget fédéral 2026. A gauche, Frank Vandenbroucke (Vooruit) appelait, dans La Libre samedi, à augmenter les recettes de l’Etat. A droite, Georges-Louis Bouchez (MR) affirmait que les dépenses étaient vertigineuses, et qu’il fallait à tout prix les freiner. Ces deux visions s’affronteront à la fin du mois, au retour du Premier ministre Bart De Wever (N-VA), en déplacement à New York. Cette semaine, le comité de monitoring (qui a pour mission de rédiger des rapports réguliers sur la situation budgétaire dans le cadre de l’élaboration du budget annuel) devrait fournir un rapport plutôt salé avec un déficit de 37,2 milliards d’euros pour l’ensemble des administrations publiques. D’ici-là, il est aventureux de s’essayer à des calculs précis. La page estivale, dominée par Gaza et l’international, est en train de laisser place à la page budgétaire dans la tête des membres de l’Arizona, et celle-ci devrait les occuper durant l’automne.
Voici quatre sujets qui feront débat dans les semaines à venir, «parce que trouver un équilibre entre les recettes et les dépenses, ça va être coton», préface l’économiste Bertrand Candelon (UCLouvain).
1. Flexibiliser le marché du travail
La flexibilisation du marché du travail sera, en quelque sorte, l’objectif phare pour les membres de l’Arizona qui veulent, coûte que coûte, remettre un maximum de personnes au boulot. Et, ainsi, profiter d’un regain du pouvoir d’achat et de jouir d’effets rebonds dont le gouvernement espère tirer sept milliards. «Sauf que toutes les analyses disent que cette évaluation du gouvernement est excessive, prévient Damien Piron docteur en sciences politiques et en finances publiques à l’ULiège. L’enjeu sera de savoir quel est le nombre d’emplois créés, et leur qualité.»
Un prélèvement efficace sur les revenus nécessite en effet un nombre conséquent d’emplois. «En ce sens, la flexibilisation du marché du travail impliquera probablement des rentrées, mais cela ne se fera pas du jour au lendemain», ajoute Bertrand Candelon. Un contexte qui dépend aussi de la volonté des entreprises. «Et il est clair qu’avec 3% de croissance, c’est plus facile à mettre en place.»
2. Travailler plus vieux pour coûter moins
La flexibilisation du marché du travail est aussi un moyen, finalement, de réduire une importante ligne des dépenses au budget 2026 de l’Arizona: celle des pensions. Si les flexi-jobeurs travaillent plus vieux, il y a moins de pensions à payer. «La flexibilisation du marché du travail est donc aussi une économie au niveau du système des pensions, souligne Damien Piron. L’enjeu sera de savoir qui sera visé par le malus-pension.»
«En Belgique, on est l’un des plus mauvais élèves en matière de dépenses publiques à cause du vieillissement de la population, admet Bertrand Candelon. Mais l’Arizona devra rechercher l’efficacité dans l’austérité.»
3. Repenser le financement des mutuelles
Autre gros bloc de dépenses sur lequel veut se pencher l’aile droite de l’Arizona: la sécurité sociale. Le Vif le révélait déjà, vendredi dernier, en ce qui concerne le budget wallon où le MR souhaite raboter les allocations familiales. Ce lundi, Georges-Louis Bouchez a tapé une nouvelle fois sur le clou en estimant nécessaire de revoir le mode de financement des mutuelles, affirmant que leurs travailleurs pourraient être remplacés par de l’IA.
Ce positionnement politique s’inspire des pays voisins, dont le système diffère de celui de la Belgique, ce que le président du MR voudrait uniformiser. «En France, les mutualités sont des organismes privés financés entièrement par les ménages, rappelle Bertrand Candelon. Mais cela implique un report de charge considérable sur ceux-ci.»
Ce point sur les mutualités est inscrit dans l’accord de gouvernement sous la forme d’une responsabilisation des acteurs impliqués, observe Damien Piron. «Mais les mutuelles sont déjà efficaces dans leur gestion. Je ne suis pas certain que ce soit une manière de faire des économies. Tout ce que l’on ne financera plus via la mutuelle, il faudra le rendre via une autre structure.»
4. De l’IA contre la fraude sociale et fiscale
En réalité, abandonner de nouvelles taxes ne veut pas spécialement dire abandonner les recettes. L’Arizona prévoit bel et bien de faire appel à une utilisation poussée de l’IA et du datamining afin d’augmenter le rendement contre la fraude sociale et fiscale.
Cela dépendra tout d’abord de l’investissement que l’exécutif sera prêt à mettre dans cette méthode, note Damien Piron, qui annonce un coût significatif. Bertrand Candelon abonde en ce sens. «Tout le monde est d’accord pour dire qu’il faut intensifier la lutte contre la fraude, mais dans l’application, c’est coûteux. On pourrait dire qu’on interdit le liquide et qu’on contrôle les flux financiers via l’IA, mais naturellement c’est une démarche très peu populaire.»