
Maxime Daye (MR) accusé de faits de mœurs: «Il m’envoyait des contenus pornographiques par Snapchat» (enquête)

Le député et bourgmestre de Braine-le-Comte, Maxime Daye, se trouve dans la tourmente. L’envoi de photos et de vidéos à caractère sexuel à de jeunes garçons (parfois mineurs) de la commune est au cœur du dossier. Le Procureur du Roi de Mons-Tournai a confirmé l’information.
Le député wallon et du parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles, Maxime Daye (MR) fait l’objet d’une instruction dirigée par le parquet de Mons, annonçait mercredi Sudinfo. Une information confirmée vendredi en fin d’après-midi par le Procureur du Roi de Mons-Tournai, Vincent Macq. Le parquet n’a pas souhaité communiquer davantage sur les raisons de l’instruction, «pour les besoins de l’enquête».
Il nous revient cependant que le député a été perquisitionné peu avant sa prestation de serment, en juin dernier, que les policiers ont exploré le contenu de son ordinateur et qu’ils y ont trouvé des éléments compromettants.
Le dossier ouvert à l’encontre de celui qui est également bourgmestre de Braine-Le-Comte concerne des faits de mœurs. Il s’agirait de contenus à caractère sexuels –textos, photos et vidéos– qui auraient été envoyés à plusieurs jeunes de la commune, dont des mineurs. Les témoignages que Le Vif a recueillis indiquent que le bourgmestre a eu des comportements à tout le moins inappropriés avec ses administrés. L’enquête devra déterminer si ces comportement sortent également du cadre légal.
Des messages de la part de son bourgmestre, c’est ce qu’a reçu ce jeune Brainois, qui a été entendu par la police en qualité de témoin. «Durant une période, j’ai eu beaucoup de contacts avec Maxime Daye sur Snapchat. J’avais 17 ans. Je recevais des photos et des vidéos, plutôt destinées à des hétéros. Dans un premier temps, je n’ai pas répondu. Mais, par la suite, je l’ai fait. Cela a duré un certain temps. Aujourd’hui, je tente au maximum de l’éviter.»
Durant la campagne électorale de juin 2024 en vue des élections fédérales, régionales et communautaires, une affiche électorale de Maxime Daye avait été taguée en lettres noires: «Laisse les mineurs tranquilles.» L’auteur du tag n’avait pas été identifié.
En janvier 2024, une lettre anonyme avait été envoyée «à l’attention du président du PS» et au «parti du PS». Le courrier, intitulé «plainte anonyme», que Le Vif a pu consulter, décrit le déroulement d’un entretien d’embauche qui se serait tenu dans le bureau du bourgmestre. Un rendez-vous au cours duquel le bourgmestre, décrit l’auteur de la lettre, aurait montré au candidat des vidéos pornographiques sur son ordinateur. «Au début, l’entretien se passe bien, jusqu’au moment où le bourgmestre tourne son ordinateur vers mon fils montrant des vidéos totalement dégoûtantes montrant des hommes ensemble et des hommes avec des enfants. Il se mit à caresser sa nuque.
Le PS averti
Le bourgmestre lui aurait ensuite lancé «tu sais ce qu’il te reste à faire». Le jeune homme avait immédiatement quitté la pièce. Par la suite, décrit le courrier, Maxime Daye aurait continué à envoyer des messages sur Snapchat pour lui proposer de le rémunérer contre des actes sexuels. L’auteur priait le PS de réagir. Contactés par nos soins à ce sujet, Frédéric van der Zwaan, membre du PS de Braine-le-Comte, et Angélique Maucq, ancienne échevine, confirment qu’ils ont bien reçu ce courrier, qu’il en ont averti la fédération mais qu’étant donné son caractère anonyme, il a été décidé de ne pas donner suite, ni de questionner celui qui est aussi l’ancien président de l’Union des villes et des communes sur le sujet.
Un habitant de la commune explique qu’il a été très incommodé par des messages que lui aurait envoyé son bourgmestre. «Il m’envoyait des photos et des vidéos pornographiques par Snapchat. Je lui ai demandé pourquoi. Il a répondu qu’il partageait cela avec d’autres membres d’un groupe sur lequel mon numéro figurait, que c’était une erreur. Mais par la suite, il a continué à m’envoyer ces messages jusqu’à ce que je le bloque.» Un autre encore raconte qu’il a reçu de Maxime Daye un lien menant à des «photos de son anatomie».
Une Brainoise, qui a longtemps évolué dans le milieu éducatif, explique que certains jeunes se sont confiés à elle, il y a quelques années, à propos des messages non consentis. «Il s’agissait de garçons âgés de 16 ou 17 ans, qui avaient reçu des contenus explicites.» Une autre encore, qui de par ses activités professionnelles a longtemps côtoyé de nombreux Brainois, livre le même discours: «Je connais des jeunes qui ont reçu des photos et des vidéos et qui étaient mineurs à l’époque».
Le Vif a également pu accéder à un échange sur Snapchat dans lequel le bourgmestre propose à un homme qui avait suscité son intérêt de le rejoindre dans son bureau, à l’Hôtel de ville. «Je suis à mon bureau sur la Grand-Place de Braine»; «Tu veux que je vienne dans ton bureau?», répond son interlocuteur; «Pourquoi pas…», propose le bourgmestre avant de confirmer un peu plus bas qu’il en a «vraiment envie».
A Braine-le-Comte, cela fait des années que des rumeurs circulent au sujet du bourgmestre. D’autres personnes contactées, y compris dans le milieu politique, parlent même d’un secret de Polichinelle. «Tout le monde est au courant mais comme c’est un bon bourgmestre, on considère que ce n’est pas si grave», jauge un habitant.
Le 2 avril, Le Vif a pris contact avec Maxime Daye au sujet de l’instruction dont il faisait l’objet. Celui-ci avait refusé de confirmer ou d’infirmer l’information. Recontacté le 17 avril, il n’a pas répondu à notre appel. Son avocat, Edouard Huysmans, n’a pas souhaité faire de commentaire.
En raison de son statut de député, Maxime Daye bénéficie d’une immunité pénale. Celle-ci ne peut être levée que suite à un vote du parlement.

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