Au MR, le président Georges-Louis Bouchez réfléchit depuis des mois à des changements dans l’organigramme du parti. Comme aux Francs Borains. Avec d’aussi bons résultats?
Au Royal Francs Borains (RFB) comme au MR, l’intersaison fut agitée, mais tout va bien, et même de mieux en mieux. Les décisions prises ces derniers mois ont provoqué beaucoup de changements de personnel, mais pas la direction prise par les deux entités, et imposée par leur patron commun, Georges-Louis Bouchez.
Grâce à leur président, les Francs Borains ont cette saison une équipe formidable, et de nouvelles directions sportive et commerciale toujours plus professionnelles. Ils se sont trouvés plein de sponsors, et ce club jadis impécunieux peut désormais se montrer ambitieux. Grâce entre autres aux intuitions avisées de leur président. Il avait, lors d’une interview vidéo croisée avec Louis Sarkozy, donné ce conseil de bon sens à leurs nombreux viewers, un «petit truc», «j’essaie de vivre avec la moitié de mon salaire» présidentiel. Ces frustes principes de saine gestion, appliqués depuis 2020 aux confins de Boussu et de Dour, les Francs Borains sont prêts à récolter les fruits de leur règle d’or budgétaire. Et c’est ici, dans Le Vif, que vous l’aurez lu en primeur: ils finiront parmi les cinq premiers de la Challenger Pro League, et monteront peut-être en Division 1. Ils sont sponsorisés par la chaîne de télévision LN24, qui offre au président du MR le grand format d’une émission récurrente. Et ils sont soutenus par le garage Mercedes chez qui le président du MR a fait acheter sa voiture de fonction, devenue fameuse, avec ses 450 chevaux, ses pointes à 250 mais bridées à 230, la GLE «à plus de 100.000 balles», en réalité c’était encore davantage, mais le MR a obtenu une réduction.
C’est aussi le garage qui avait prêté à Julie Taton, alors encore influenceuse très populaire et presque déjà députée fédérale, un van pour qu’elle fasse campagne sur toutes les longues routes de sa vaste circonscription du Hainaut. Et c’est encore le garage qui s’était mis à disposition de Georges-Louis Bouchez et de son équipe de tournage pour la récente vidéo dans laquelle il se moquait beaucoup de la RTBF et un tout petit peu de lui-même.
Selon le dernier organigramme publié sur le site du club, les trois membres du Conseil d’administration du Royal Francs Borains sont le président du MR, un représentant du MR dans divers petits organes publics et parapublics du Hainaut et un ancien conseiller communal MR de Waterloo.
Mais avant de se lancer dans le mercato foot qui se termine, en Belgique, le 8 septembre prochain, le président du MR avait dès avant l’été dû signer un paquet de transferts entrants et valider une poignée de sortants lors des renouvellements, postérieurs aux élections communales, des instances d’une foultitude d’intercommunales, d’organismes d’intérêt régional, de sociétés anonymes à participation publique, et d’autres associations sans but lucratif.
Au rang des impétrants, il a procédé à de nombreuses désignations pour son compte et celui de son parti, dont la sienne à la vice-présidence de Spa Grand-Prix, celle de sa compagne à la présidence de l’Office de la naissance et de l’enfance (ONE), et celle, beaucoup moins médiatisée, de sa belle-sœur, déjà présidente de la Loterie nationale, comme administratrice rémunérée de la Sonaca.
David Leisterh
Autre recrue de valeur pour le parti du président des Francs Borains: David Leisterh. Le président de la régionale bruxelloise du MR est promis à la ministre-présidence si un gouvernement s’installe un jour. Mais, en attendant, «au début c’était pour quelques jours, puis pour quelques semaines, puis pour quelques mois, puis on verra…», il a dû céder son siège de parlementaire régional pour devenir bourgmestre de Watermael-Boitsfort, décumul oblige. Depuis qu’il a dû renoncer, et en attente d’un dénouement gouvernemental, le meilleur ami de Georges-Louis Bouchez est chargé par son parti d’une «mission de coordination de la politique bruxelloise avec les différents parlements, ministres et sections locales» rémunérée qui ne devrait pas trop le détourner du travail qu’il abat bénévolement comme président réformateur bruxellois depuis 2021.
Le roster réformateur a perdu un élément cet été, l’ancien milieu offensif du FC Malines, du Sporting de Charleroi et des Francs Borains que Georges-Louis Bouchez avait engagé pour amener la CLA du parti à Mons le matin, et pour mener la GLC qui «vaut deux fois le prix» puis la GLE qui «vaut trois fois le prix» à la Toison d’Or à Bruxelles et partout ailleurs toute la journée.
Selon le dernier organigramme publié sur le site du parti, les deux chauffeurs de son pool présidentiel sont cet ancien offensif Borain, qui a donc été licencié début août, et l’ancien partenaire de VW Fun Cup –ils avaient reçu pour cela un petit sponsoring de Belfius, un autre sponsor des Francs Borains– de Georges-Louis Bouchez, qui est reparti il y a quelques mois conduire l’eurodéputé Olivier Chastel, qu’il véhiculait déjà du temps de la présidence du Carolorégien. Les deux sont encore inscrits dans le vieil organigramme qui est toujours en ligne, mais pour le moment c’est le président lui-même qui se conduit très bien, en attendant d’engager leurs remplaçants.
Rudy Aernoudt
Avant cela, au tout début du printemps, Georges-Louis Bouchez avait déjà réorganisé le plus haut étage du siège de l’avenue de la Toison d’Or. Son chef de cabinet Axel Miller, l’ancien banquier, patron de Dexia, la banque publique devenue plus tard Belfius, la banque publique devenue plus tard sponsor de l’équipe de VW Fun Cup de Georges-Louis Bouchez et devenue plus tard sponsor des Francs Borains, voulait partir après l’installation du gouvernement fédéral. Alors il est parti, quelques semaines après la signature de l’accord de coalition fédéral, bouclé le jour de la fermeture du mercato de janvier. Georges-Louis Bouchez l’a remplacé par Rudy Aernoudt, un prof d’économie jadis passé par le cabinet de Serge Kubla, alors ministre wallon de l’Economie, mais plus tard réputé pour son sens du sponsoring. Rudy Aernoudt sera notamment chargé des projets d’expansion en Flandre du parti du président des Francs Borains, et au rythme où l’Open VLD se relance, il est fort possible que Rudy Aernoudt y parvienne. Pour cela, il a déjà commencé à travailler à des rapports bilingues pour le Centre Jean Gol, le centre d’études du parti dont Georges-Louis Bouchez avait augmenté les moyens et les effectifs il y a quelques années déjà, qui enrôlera bientôt deux temps pleins flamands, et qui de ce fait n’aura plus besoin de connaître d’autres recrutements marquants.
Mais grâce à leur président, le MR aura «dans quelques jours» une direction administrative formidable et renouvelée. Ce renouvellement, promis pour tout bientôt, devra ensuite être communiqué au Conseil du parti, qui, statutairement, n’a rien à en dire, mais où, traditionnellement, on s’agite beaucoup lorsque de semblables réorganisations sont discutées hors ses murs.
Valentine Delwart
Il avait, ces derniers mois, beaucoup été question de la désignation d’un nouveau directeur général, qui remplacerait et augmenterait l’ancienne fonction de secrétaire général. Le secrétariat général du MR est occupé depuis 2011, et l’arrivée de Charles Michel à la présidence du parti, par Valentine Delwart, échevine à Uccle. Amie aussi de Sophie Wilmès, elle est aujourd’hui un peu la dernière vedette de la grande équipe michélienne, dans les plus hautes sphères du parti. Son départ était annoncé depuis quelques mois, et plusieurs destinations avaient été évoquées, jusqu’à une vice-présidence du parti ou une fonction dirigeante à Bruxelles, dans un gouvernement, un cabinet, ou à la fédération. Le frère d’Olivier Chastel, Thomas Salden, dernier combattant de la moins flamboyante période chastelienne –maintenant que le chauffeur n’y est plus– devait rester secrétaire général adjoint, ou à un poste statutairement similaire. Le départ de Valentine Delwart devait se doubler de la montée en puissance du conseiller spécial de Georges-Louis Bouchez, Jolan Vereecke, à qui était promis ce nouveau poste de directeur général. Echevin à Chimay depuis l’année dernière, avocat, Jolan Vereecke siégeait déjà au conseil d’administration de Brussels Airport. Depuis le début de l’été, il est également administrateur de la puissante intercommunale carolorégienne Igretec, et a été désigné par son parti pour le représenter, avec la belle-soeur de son président, Géraldine Demaret, au conseil d’administration de la Sonaca. Jolan Vereecke est également très investi dans le grand club de sa province, le Hainaut, puisqu’il avait accompagné le président des Francs Borains et sa compagne lors d’un voyage au Qatar pour promouvoir l’équipe boussutoise, et qui fut fort médiatisé. Fin octobre 2023, il avait aussi passé, avec le même président et toujours comme avocat, une journée avec les enquêteurs de l’OCRC, l’Office central pour la répression de la corruption, pour une enquête pour faux bilan comptable dans laquelle Georges-Louis Bouchez était entendu comme témoin, à la suite d’une plainte déposée par l’ancien vice-président du RFB.
Pressenti pour devenir chef de cabinet de Bernard Quintin au ministère de l’Intérieur, il ne sera pas non plus le directeur général du MR qu’il semblait depuis des mois bientôt devoir être.
Car les derniers arbitrages, comme on dit, sont encore en cours, le nouvel organigramme réformateur ne contiendra aucun directeur général, mais les noms de Valentine Delwart, la dernière michélienne, et Jolan Vereecke, le supporter borain qui monte, y figureront toujours bien, dans des fonctions renommées et au périmètre redéfini. Ce n’est jamais qu’en fin de mercato que les meilleurs joueurs finissent par devoir s’entendre.
«Rudy Aernoudt est chargé des projets d’expansion du MR en Flandre. Au rythme où l’Open VLD se relance, il est fort possible qu’il y parvienne.»