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Au MR, le malaise interne grandit sur Gaza: «Bouchez est assez intelligent pour changer d’avis, mais…»

Sylvain Anciaux

Alors que l’Arizona semble tendre l’oreille au débat sur la reconnaissance de la Palestine, le MR ne bronche pas. En interne, la rigidité du président de parti fait débat.

Le consentement de la N-VA par rapport à la tenue d’une séance parlementaire en commission des Relations extérieures de la Chambre en plein pendant la trêve estivale a fait plus de bruit qu’il n’y paraît. Au sein du MR, certains aimeraient bien voir leur président de parti, Georges-Louis Bouchez, assouplir sa rhétorique dans ce débat. Ce qu’il ne fait pas –il a même recadré Conner Rousseau qui agitait la menace d’une crise gouvernementale– et ne compte pas faire. «J’estime m’inscrire dans la continuité de Jean Gol, qui était favorable, comme moi, à une solution à deux Etats, moyennant des garanties, justifie le président dans Le Soir, jeudi. Tout ce que j’ai fait, c’est y ajouter une touche atlantiste. Je suis convaincu qu’on doit faire pression sur l’Europe pour qu’elle fasse pression sur les Etats-Unis.»

Cofondateur du centre Jean Gol et témoin de l’évolution du MR ces dernières décennies, Hervé Hasquin comprend les conditions posées par Georges-Louis Bouchez sans pour autant manquer de les remettre dans le contexte. «Jean Gol était démocrate, mais en tant que Juif, il avait une certaine dévotion envers Israël. A l’époque de Louis Michel aussi, mais on gardait un soutien humaniste.» Sa visite en Cisjordanie, lorsqu’il était Ministre-Président, lui fera jurer qu’il ne remettrait plus les pieds dans les colonies.

«Bouchez est assez intelligent pour changer d’avis, mais il doit penser que c’est lui qui a compris»

Aujourd’hui, le MR est le dernier parti de l’Arizona tenant si fermement à sa position initiale sur la Palestine, et se retrouve de facto isolé. «C’est incompréhensible, juge un libéral qui fait part de débats croissants en interne, bien qu’il reconnaisse qu’une petite majorité du groupe parlementaire suit encore le président du parti. 30% du groupe estiment qu’il y a un problème, et 15% se posent des questions.»

Un autre élu libéral, d’un autre niveau de pouvoir, attend qu’une discussion soit entamée plus sérieusement à la rentrée, ou en marge de la commission Relations extérieures qui se tiendra le 14 août. «Le malaise existe depuis longtemps. Georges-Louis est assez intelligent pour changer d’avis, mais il doit juste penser que c’est lui qui a compris.»

Dans les communes bruxelloises, c’est un véritable numéro d’équilibriste auquel doivent d’ailleurs se plier les chefs de sections locales. Des réunions sont organisées pour que chacun puisse exprimer son opinion sur la ligne du MR quant à la Palestine, et sur la rhétorique du président. «Mais on essaye d’extraire de nos débats publics ce qui ne porte pas un intérêt communal, ce qui divise les libéraux. Nous, ce qui nous intéresse, et ce pourquoi on est utile, c’est la propreté publique et les trous dans les routes

Conner Rousseau l’a dit: si le MR ne s’aligne pas, les socialistes pourraient composer une majorité alternative afin de reconnaître la Palestine. Autre conséquence envisagée, l’idée d’un départ du parti qui a déjà traversé l’esprit de quelques élus. C’est un scénario maximaliste, encore loin d’être atteint, mais s’il advenait, il isolerait peut-être un peu plus le MR, et son président particulièrement.

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