La sortie de Michel De Maegd divise sur la manière dont le président du MR, Georges-Louis Bouchez, laisse vivre le débat au sein de son parti. © BELGA/BELPRESS

Au MR, l’«affaire» De Maegd réinterroge sur la gestion de Bouchez: «L’affronter, humainement, c’est un sacré bazar»

Sylvain Anciaux

La sortie remarquée de Michel De Maegd sur l’autocratisme de Georges-Louis Bouchez a fait beaucoup de bruit au sein du MR. Certains cadres manifestent leur soutien au député, mais la lutte interne n’a pas pour autant débuté, loin de là.

La publication du député fédéral Michel De Maegd, écarté d’un débat télévisé par son président de parti Georges-Louis Bouchez, a rallumé un feu qui couvait depuis plusieurs mois au sein du MR. Les désaccords de certains quant à la position du parti étaient connus, exprimés même, depuis le début de l’été en interne avant que certaines langues ne se délient dans la presse, dans Le Vif notamment. Celles-ci se sont vues quelque peu apaisées après l’accord de l’Arizona sur la reconnaissance de la Palestine et les sanctions envers Israël.

L’apaisement ne fut que de courte durée. L’une des premières sorties médiatiques du président libéral s’est effectuée sur la chaîne israélienne francophone i24, où il a affirmé que «la reconnaissance d’un Etat palestinien par la Belgique n’est pas pour demain» au regard des conditions strictes tenues dans l’accord. «C’était pourtant bien ce qui avait été discuté en kern, mais c’est dommage d’avoir détruit l’accord une heure après», glisse un libéral.

Le fond et la forme

Personne au MR ne critique ouvertement les divergences de fond, jugées naturelles, entre le président et son équipe. En revanche, c’est le dialogue interne qui fait défaut, avancent certains. «On découvrait la ligne du parti en lisant la presse le matin, à travers des interviews de Georges-Louis. Je ne dis pas qu’une ligne doit prendre le pas sur une autre, mais il faut une concertation.» La sortie de Michel De Maegd résulterait de plusieurs discussions internes, qui ont bien eu lieu mais n’ont pas suffi à apaiser les tensions. «Et c’est logique, assure un libéral plutôt bouchéiste. Le MR est peut-être le parti avec la meilleure démocratie interne en Belgique, le dialogue s’y tient en permanence.»

Dans «l’autre camp» libéral, on assure laisser les sensibilités exister pour la communication individuelle de chaque élu –y compris sur ses réseaux sociaux- mais il est demandé à chacun de tenir la ligne du parti lors de sorties publiques. Du parti ou de l’Arizona? Le MR ayant toujours conditionné la reconnaissance de la Palestine aux deux conditions comprises dans l’accord du gouvernement, il est considéré que défendre la ligne du MR revient à défendre celle de l’Arizona.

Georges-Louis Bouchez conforté par sa victoire en interne

Ce qui est à peu près certain, c’est que le téléphone de Michel De Maegd a dû sonner, ce mercredi soir, peu après sa publication polémique. Ce caractère sanguin est de notoriété publique (il a par exemple qualifié Michel De Maegd de «pleurnicheur»). «Quand on affronte Georges-Louis Bouchez, humainement, c’est un sacré bazar, confirme un témoin libéral. Il y a des messages très durs, et en nombre. C’est trop dur d’y faire face émotionnellement, je me suis plusieurs fois demandé ce que je faisais là, dans des conditions de travail parfois impossibles.» Une question que ne se pose plus Sophie Wilmès, en revanche, les bureaux de parti du lundi (réunissant les principaux élus libéraux issus de tous les niveaux de pouvoir) s’organisant sans elle depuis les dernières élections.

«Quand on affronte Georges-Louis Bouchez, humainement, c’est un sacré bazar. C’est trop dur d’y faire face émotionnellement, je me suis plusieurs fois demandé ce que je faisais là.»

Le 9 juin 2024 a marqué un tournant dans la manière dont Georges-Louis Bouchez conduit le Mouvement Réformateur. Et l’été 2025, qui a vu sa réélection à la présidence approuvée par 96% (d’environ 50% de militants votants) l’a conforté un peu plus sur cette trajectoire. Deux victoires électorales qui font dire aux proches du président que son assise est confortable, voire indéboulonnable malgré les tumultes. L’automne arrive, mais le «clan Bouchez» ne craint pas de voir tomber la branche plus «à gauche» du parti. «Certains ont l’impression qu’il y a un climat de tempête, mais de là à dire qu’il y a le début de menace d’un départ… Et puis, Jean-Luc Crucke est parti, et ça ne nous a pas empêchés de faire 30%.»

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