Georges-Louis Bouchez et David Leisterh présentent une note qu’ils déposeront au parlement. Celle-ci doit réunir des partis de tous bords pour trouver un accord sur le fond. Cela s’annonce «très compliqué».
Georges-Louis Bouchez a enrichi son lexique politique. «J’ai appris ces dernières semaines qu’en politique bruxelloise, on ne dit pas « c’est impossible », mais « c’est très compliqué »», s’amusait le Montois devant la presse, ce mercredi, alors qu’il présentait la (proposition de) déclaration de politique régionale (DPR) du MR pour Bruxelles aux côtés de David Leisterh. Le texte de 81 pages vise à relancer la formation d’un gouvernement bruxellois de zéro, et à débattre du fond publiquement, au parlement. «Cette méthode empêche le jeu politique. Dans l’enceinte parlementaire, il faut expliquer pourquoi vous n’êtes pas d’accord. Il y a un enjeu de crédibilité politique.»
Ce lundi, les partis devront communiquer leur décision de prendre part ou non à ce fameux débat public. Tous, sauf le PTB, la Team Fouad Ahidar et le Belang autour desquels le MR dessine son cordon sanitaire. Côté PS, on fait savoir qu’on a mieux à faire et que le bureau de parti a donné un mandat à son président bruxellois, Ahmed Laaouej, pour former une majorité de partis progressistes et que l’énergie du parti sera consacrée à ce scénario uniquement. Les Engagés ne commentent pas et se donnent le temps de lire le texte (qu’ils ont pourtant reçu avant les autres). Groen aussi, et attend «une concertation en bonne et due forme». Chez DéFI également, on fait preuve de scepticisme quant à la méthode et au ton employé, mais on prépare une série d’amendements.
0% vs 1%
Ecolo répondra à toutes les invitations mais reste sceptique sur le texte déposé par le MR, et qui portera d’ailleurs peut-être l’étiquette du parti lors du débat parlementaire (alors qu’une DPR est normalement le fruit d’une coalition). «Une vraie négociation ne se passe pas comme ça. Lors de la formation du dernier gouvernement, il y avait un monde de différence entre le texte proposé par le PS, alors formateur, et la DPR finale, se souvient Zakia Khattabi. Je vois mal comment cela va aboutir.» L’écologiste se méfie: «On n’est tout de même pas loin d’un texte à prendre ou à laisser.» C’est vrai que si Bouchez a dit qu’il pouvait entendre des amendements de tous les partis, qu’il veut éviter que ce document soit «une fin de non-recevoir», qu’il estime qu’Ecolo et le PS sont compatibles avec les grandes lignes, «on peut éditer le texte, mais pas faire 60 pages d’amendements».
«A chaque fois qu’on s’assied à la table de Bouchez, on se fait insulter.»
Et tel qu’il est, les écologistes auraient plutôt tendance à laisser le texte mourir et le plan du MR avec. Fin de l’encadrement des loyers, abrogation de Good Move, construction du métro 3 de Forest à Evere… Des projets inaudibles pour les écologistes, pourtant le seul groupe politique qui a (vraiment) un pied dans les deux scénarios menant à la formation d’un gouvernement bruxellois. «Entre les deux dynamiques, il y a une différence notable de climat de négociations, siffle Zakia Khattabi. A chaque fois qu’on s’assied à la table de Bouchez, on se fait insulter.» Une autre source bruxelloise estime les chances de réussite du projet porté par le MR à 0%, celui du PS triomphe lui à 1%. «Si le MR veut une majorité francophone, il faut un parti de gauche, note le chef de file DéFI, Jonathan De Patoul. Quel sera leur retour à ce niveau? Le MR se montre incapable d’organiser les choses depuis onze mois, et c’est problématique car cela risque de pousser la région dans les bras d’une majorité très très à gauche.»
Cela ne semble pas inquiéter le leader libéral qui, dès les premières secondes de la conférence de presse, a donné le ton. «J’entends certains évoquer un gouvernement bruxellois de résistance, avait-il averti. Ce n’est pas possible de résister face à la légitimité démocratique [sur laquelle reposent les mesures de l’Arizona]». Le fait que les négociations sur la formation de ce gouvernement bruxellois auront cette fois lieu au parlement, et donc sans Bouchez, ni Leisterh, changera peut-être la donne. En attendant, comme on dit en politique bruxelloise, ça s’annonce «très compliqué».