Philippe Close © Belga

Philippe Close (PS): « Je défends le droit de manifester »

Han Renard

Le bourgmestre de Bruxelles, Philippe Close (PS), veut pouvoir prendre des mesures plus sévères contre les émeutiers lors des manifestations dans la capitale. Il plaide pour une interdiction de manifestations pour eux, « comme il y a une interdiction de stade pour les hooligans ».

Lors de la grande manifestation contre les mesures sanitaires du 23 janvier, des émeutiers ont semé la destruction dans le quartier européen à Bruxelles, et ce n’est pas la première fois. Ils ont causé des dizaines de milliers d’euros de dégâts autour du parc du Cinquantenaire, et ont lancé des pierres et du mobilier urbain sur les forces de l’ordre. Le bourgmestre Philippe Close en a assez d’un petit groupe de « casseurs » extrêmement violents qui transforment les manifestations en bataille urbaine. En plus des poursuites pénales habituelles, il plaide pour une interdiction de manifestation pour les fauteurs de troubles persistants, un peu par analogie avec l’interdiction de stade instaurée pour les hooligans dans les années 1990.

Est-ce possible ? Contrairement à assister à un match de football, manifester est un droit fondamental.

Philippe Close : Justement, je souhaite défendre le droit de manifester. En tant que capitale européenne, Bruxelles connaît 1 000 manifestations par an et 99 % d’entre elles sont pacifiques. Mais certaines personnes profitent des manifestations pour chahuter et attaquer les forces de l’ordre. Ce qui s’est passé il y a quinze jours est inacceptable. C’est pourquoi je fais la comparaison avec le football : tout comme l’interdiction des stades, il devrait y avoir une interdiction des manifestations. Personne ne veut interdire le football, mais il existe une loi pour exclure les émeutiers.

Comment voyez-vous les choses concrètement ?

J’aimerais que la loi soit modifiée de manière à ce que toute personne prise en train de briser des vitrines ou d’attaquer la police puisse, en guise de sanction supplémentaire, se voir interdire de participer à des manifestations pendant un certain temps. Ainsi, le parquet pourrait automatiquement imposer une telle interdiction temporaire à une personne qui a déjà été arrêtée administrativement trois fois lors de manifestations. En d’autres termes, s’il s’agit d’une période plus longue, un juge devra se prononcer sur la question. Ces émeutiers devraient alors se présenter à un poste de police les jours où certaines manifestations à haut risque ont lieu, tout comme les hooligans enregistrés doivent le faire. Ce n’est pas une violation du droit de manifester, mais une façon de garantir ce droit à toutes les personnes qui manifestent pacifiquement.

La Ligue francophone des droits de l’homme estime que votre proposition équivaut à une double peine et qu’une telle modification de la loi ne résisterait pas à l’épreuve de la Cour constitutionnelle.

Tout d’abord, le droit de manifester n’est pas absolu. Il est déjà limité par les lois sur la police. Laissons le Parlement débattre des modalités exactes. Il me semble prématuré de dire que la Cour constitutionnelle y mettra un terme. Et pour moi, en tant que bourgmestre, il serait certainement très utile que les fauteurs de troubles réalisent qu’ils risquent de lourdes sanctions et une interdiction de manifester.

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