L'édition 2017 du Jeugd Parlement Jeunesse. © Le Sénat/ Facebook

Parlement Jeunesse : quand les jeunes se mettent dans la peau de nos élus

Stagiaire Le Vif

Ce lundi débutait la 9e édition du Jeugd Parlement Jeunesse. Pendant cinq jours, une centaine de jeunes belges ont la chance de prendre la place de nos représentants et de découvrir les rouages du système. L’occasion pour eux de réinventer la politique à l’heure où les scandales ébranlent la confiance des citoyens.

Durant les congés, quelque 120 jeunes de 18 à 25 ans ont décidé de troquer les bancs de l’école pour ceux de la haute assemblée parlementaire. Arrivés des quatre coins de la Belgique, ils vont prendre possession du Sénat pendant une semaine pour y débattre, négocier et voter quatre projets de loi fictifs.

Au programme de cette 9e édition du Jeugd Parlement Jeunesse (JPJ) : réforme du financement et du cadre légal et symbolique des cultes ; réforme de la justice pénale axée sur la réinsertion de l’individu dans la société ; réforme du parlement et des élections législatives ; et adaptation du congé parental, diminution du temps de travail et flexibilisation du marché de l’emploi.

Une simulation réaliste

Les participants jouent le rôle de député, ministre, président de l’assemblée, ou encore journaliste. Et contrairement à la version du Parlement Jeunesse de la Fédération Wallonie-Bruxelles, ici tous ont dû choisir le parti politique (de l’extrême gauche à l’extrême droite) dont ils défendront les idées lors des débats. « C’est ce qui nous permet d’aboutir à un projet de loi équilibré, réaliste, et qui correspond à la volonté de tous », nous explique François-Guillaume Eggermont, participant et porte-parole de l’événement.

Pour lui, « le JPJ se veut aussi fidèle que possible à la réalité ». L’hémicycle est donc composé de 60 % de néerlandophones et 40 % de francophones afin de respecter les proportions nationales. Et pour ceux qui ne seraient pas bilingues, des étudiants en interprétation traduisent directement les discours dans les trois langues.

Une autre particularité du Jeugd Parlement Jeunesse est la participation d’un faux Conseil d’État chargé de vérifier la légalité de chaque projet de loi. « À la fin, nous voulons que ces projets de loi soient juridiquement corrects, comme s’ils allaient être présentés devant le Parlement », affirme M. Eggermont.

Redonner un sens à la politique

Lorsqu’on demande aux jeunes présents s’ils croient encore en la politique, nombre d’entre eux sont dubitatifs. Il faut dire qu’après les nombreuses révélations qui ont touché le monde politique ces derniers mois, un certain climat de méfiance envers les élus s’est propagé au sein de la population. Un constat que partage Maxime Taminiau, un étudiant en droit de 21 ans qui participe au JPJ pour la première fois. Selon lui, si tous les jeunes citoyens sont soucieux de leur avenir et comprennent qu’ils doivent s’intéresser au débat public, beaucoup sont « démoralisés par tous ces scandales ».

Dès lors, certains voient en cette expérience l’occasion de pouvoir porter un autre regard sur la politique. C’est le cas pour Lionel Hage, étudiant en droit, âgé de 22 ans. L’envie de participer au JPJ lui vient du fait qu’il ne sait pas pour qui voter. « J’ai l’impression qu’ils sont tous dans le même pot », nous confie-t-il à propos des politiciens. Avant d’ajouter, « ils passent leur temps à se jeter la balle et au final on voit qu’ils sont tous impliqués dans des scandales. C’est la raison pour laquelle j’ai décidé de m’impliquer dans les débats du Parlement jeunesse. J’espère que cela me permettra d’y voir plus clair dans la politique ».

Un problème de représentativité

S’il faut saluer l’objectif du JPJ, qui est de faire découvrir le monde législatif aux jeunes, force est de constater que la chose publique n’est pas accessible à tous. Même lorsqu’il s’agit d’un jeu de rôle. Des 120 jeunes défilant dans les couloirs du Sénat, difficile de trouver des étudiants ayant choisi un parcours technique ou professionnel. Ici, la majorité étudie le droit. « Je ne sais pas si c’est quelque chose à déplorer », nous lance Pierre Amory, qui était déjà présent l’année passée. Et d’expliquer : « Le Parlement promulgue des lois. Il fait donc du droit. Dès lors, je ne pense pas que ce soit une mauvaise chose d’avoir de bons juristes. Même s’il est vrai qu’il faut éviter de voir un débat de fond se transformer en débat technique ».

Reste que l’événement, selon la description faite par ses organisateurs, est sensé attirer des jeunes « d’horizons multiples ». Le véritable défi des prochaines années pour le JPJ est donc certainement de réussir à impliquer toutes les classes sociales dans ce genre de rendez-vous démocratiques.

Grégory Sacré

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