Marie-Christine Marghem © Belga

Nucléaire : le torchon brûle entre la CREG et la ministre Marghem

La ministre fédérale de l’Energie, Marie Christine Marghem, a exprimé sans détour devant les députés son désaccord avec la façon de travailler de la Commission de Régulation de l’Electricité et du Gaz (CREG). Elle a accusé le régulateur du secteur, et en particulier un de ses directeurs, de faire « cavalier seul » dans le dossier du « Mécanisme de Rémunération de Capacité » (CRM), destiné à favoriser la sortie du nucléaire en 2025.

La Belgique sortira du nucléaire en 2025. Pour s’y préparer et garantir la sécurité d’approvisionnement, le gouvernement Michel a mis sur pied le CRM qui doit favoriser de nouvelles sources d’énergie, notamment les centrales au gaz. La Chambre a approuvé il y a un an ce mécanisme qui permet de rémunérer un producteur pour la mise à disposition d’une capacité.

Le CRM aura un impact sur le coût de l’électricité. Son estimation varie d’un acteur à l’autre. Selon Elia, gestionnaire du réseau de transport, le coût serait de 21 euros par an pour un ménage avec une consommation moyenne et de 31 euros s’il a une grosse consommation. Selon la CREG, il serait de 38 euros pour une consommation moyenne et de 56 à 86 euros pour une consommation importante.

Mercredi, les différents acteurs se sont expliqués au cours de 9 heures d’audition devant la commission Energie de la Chambre.

« Sans mécanisme de restriction du coût, un CRM peut avoir un impact élevé sur la facture du consommateur », a averti le directeur du Fonctionnement technique des marchés de la CREG, Andreas Tirez.

La CREG a notamment plaidé pour une nouvelle simulation et le maintien de la réserve stratégique.

« Je déplore que malgré cette volonté de transparence et de participation des intervenants, l’un d’eux joue cavalier seul et continue à chercher à avoir raison plutôt que d’essayer de trouver une formule convergente », a déploré la ministre.

A ses yeux, la CREG crée l’insécurité juridique et technique face à un mécanisme largement soutenu au parlement. « Je sais comment régler ce type de problème et vais en tirer les conséquences », a-t-elle ajouté, sans en dire plus.

La sortie a fait bondir une partie de l’opposition. Thierry Warmoes (PTB) s’est dit « ahuri » par les propos de Mme Marghem qui a « tiré à boulets rouges » sur le régulateur public du secteur.

Le temps presse pour la mise en oeuvre du CRM. La première enchère doit avoir lieu en 2021 pour que la capacité soit prête en 2025. Le gouvernement a préparé les arrêtés royaux exécutant la loi de 2019 et les a notifiés à la Commission européenne. Celle-ci attend des précisions de la Belgique, notamment sur le mode de financement du CRM. Le MR a déposé une proposition de résolution pour en faire une obligation de service public imposée à Elia. Si le parlement ne se décide pas, il n’y aura tout simplement pas de CRM et la sortie du nucléaire en serait compromise, a averti le député Michel De Maegd.

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