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« Non, il n’y a plus d’économies à faire dans la sécurité sociale »

Wouter Beke, président du CD&V, met en garde son homologue de la N-VA, qui réclame de nouvelles coupes pour financer le tax-shift. Et le rappelle à l’ordre : « Bart De Wever ressent souvent le besoin de s’exprimer, mais le Premier, c’est Charles. »

Dans la majorité fédérale dirigée par Charles Michel, le CD&V incarne le volet social et irrite régulièrement ses partenaires flamands de la N-VA et de l’Open VLD. Wouter Beke, son président, assume.

Le Vif/L’Express : Vous vous sentez bien dans cette coalition ?

Wouter Beke : Durant la campagne électorale, nous avions promis de faire la synthèse entre croissance économique et progrès social et c’est précisément ce que nous faisons au sein de la majorité. C’est la réponse la plus juste au problème majeur de l’heure : il faut créer de l’emploi pour assurer le paiement futur des pensions et des soins de santé. Le CD&V est la solution, pas le problème : à la fin de l’année dernière, quand le pays était bloqué, c’est notre vice-Premier Kris Peeters qui a créé des ouvertures pour renouer le dialogue social. Il est aujourd’hui possible de négocier les salaires dans les secteurs. Je rappelle quand même que le gouvernement précédent les avait bloqués sans ce dialogue.

Un dossier-clé pour vous arrive à la table du gouvernement : le tax-shift. Le patron de la Voka (patronat flamand) affirmait la semaine dernière que l’on n’en avait finalement pas besoin…

Je suis très étonné que le patronat change soudain d’avis. Ces trois dernières années, tant la Voka que la FEB affirmaient que le coût du travail était un énorme problème – et c’est effectivement le cas. Dans ses recommandations, la Commission européenne insiste d’ailleurs pour que la Belgique baisse ses charges.

La crainte des patrons, c’est que cela ne soit compensé par de nouvelles taxations, non ?

Oui, mais de temps en temps, il faut avoir un moment de courage politique. Ce n’est pas une discussion facile, y compris pour mon parti. Mais si nous voulons garantir les emplois du futur – pas seulement pour les ingénieurs mais aussi pour ceux qui n’ont pas la capacité d’avoir plusieurs diplômes -, il faut agir maintenant. Le Premier ministre a répété au Parlement qu’il s’engageait à mener ce débat avant les vacances d’été.

Cela vous semble possible, franchement ?

Mais oui ! Nous nous sommes préparés en interne depuis des mois, tout est chiffré. L’accord de gouvernement prévoit de baisser les charges sur le travail de 33 à 25 %. Nous avons déjà prévu un milliard en 2016 pour ce mouvement, mais ce n’est pas suffisant : il faut donc trouver des moyens en plus pour mener à bien cet accord.

La N-VA veut le financer par des économies sur la sécurité sociale. Est-ce envisageable pour vous ?

Il y a déjà eu de sérieuses économies dans la sécurité sociale. Maggie De Block, ministre des Affaires sociales, a d’ailleurs dit : « Mes affaires sont clôturées. » Il n’y a plus de grands montants à aller chercher là-bas, non.

Bart De Wever est-il le Premier ministre de l’ombre, comme le prétend l’opposition ?

Le Premier est Charles Michel, et il fait cela bien. Bart De Wever ressent souvent la nécessité de s’exprimer sur la politique du gouvernement. C’est moins mon cas. Avec Kris Peeters et Hilde Crevits, mon parti a deux leaders forts dans chaque gouvernement, qui font cela très bien.

L’intégralité de l’entretien dans Le Vif/L’Express de cette semaine. Avec :

– Jacqueline Galant traîne-t-elle dans la présentation de son plan de la modernisation de la SNCB ?

– La structure sociale de la SNCB est-elle en question ?

– Faut-il encadrer le droit de grève ?

– Quid de la position de Marie-Christine Marghem, ministre de l’Energie ?

– Regrettez -vous toujours que le CDH ne soit pas dans la majorité fédérale ?

– Tous les partis francophones ont entamé une réflexion idéologique interne. Et le CD&V ?

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