Elio Di Rupo, par trois fois ministre-président wallon, s'apprête à quitter 'sa' région pour l'Europe © BELGA PHOTO BRUNO FAHY

Mons, associations socialistes et lutte contre l’âgisme: comment Elio Di Rupo distribue ses subsides

Nicolas De Decker
Nicolas De Decker Journaliste au Vif

Voici comment le ministre-président wallon Elio Di Rupo (PS) a distribué ses subsides facultatifs depuis 2019.

Ministre-président de la Région wallonne, Elio Di Rupo habite Mons, dans l’arrondissement électoral de Mons-Borinage, en province de Hainaut.

Depuis le début de la législature, Elio Di Rupo a décerné 918 subsides facultatifs (1), pour un montant de 14 559 000 euros.

Pour cette analyse, afin de pouvoir décrypter la répartition géographique des subsides, ceux-ci ont été divisés en deux catégories :

  • Ceux accordés à un bénéficiaire dont l’action n’a pas de barrière géographique (comme une fédération ou une union régionale, par exemple le Secours populaire ou Arc-en-Ciel Wallonie). Ces derniers représentent 16% des subsides octroyés, pour un montant de 2,4 millions d’euros.
  • Ceux qui bénéficient à un récipiendaire dont l’action se situe sur une commune particulière (omme un soutien à une association locale ou à une commune). Ces derniers représentent 84% de la somme totale, soit 12,1 millions d’euros. Les explications ci-dessous ne portent que sur cette catégorie.

Ont été exclus de cette analyse les subsidiés émargeant au sport et à la santé, qui sont matériellement gérés par d’autres ministres qu’Elio Di Rupo, même s’il est formellement cellui qui en attribue certains.

Où vont les subsides attribués par Elio Di Rupo ? Mons, la moyennement lotie

Du point de vue géographique, Elio Di Rupo a accordé 74 de ses 760 subsides facultatifs à la circonscription de Mons-Borinage. Cela représente un montant de 553 000 euros, soit moins de 10% du montant total. C’est en particulier vers des bénéficiaires situés dans sa commune de Mons, la plus peuplée de sa circonscription, que se concentrent ces subventions facultatives. Elles s’élèvent à 454 000 euros, soit 82% du total des sommes allouées dans l’arrondissement, et 4,71 euros par habitant. C’est moins, tant en montants absolus qu’en sommes par habitants, que pour Namur (688 913 euros et près de 6,12 euros par habitant), mais plus que pour Liège (422 000 euros et 2,18 euros par habitant) et Charleroi (175 000 euros et 0,87 euros par habitant).

Par ailleurs, la proportion de subsides par habitant n’est pas la plus élevée dans ces grandes villes, mais dans les communes de Spa (18,49 euros par habitant), Vresse-sur-Semois (15,71 euros par habitant), La Hulpe (14,54 euros par habitant) et Brugelette (13,28 euros par habitant).

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A quelles couleurs politiques bénéficient les subsides d'Elio Di Rupo ?

D’un point de vue politique, le ministre a accordé 128 subsides à des récipiendaires basés dans des communes dont le/la bourgmestre est membre de son parti, le Parti socialiste (qui dirige, hormis Namur, toutes les grandes villes wallonnes). En particulier, ces subventions facultatives ont échu à des bénéficiaires situés sur les communes de Verviers, Liège, Hotton, Charleroi et Mons.

Enfant du PS et de l’Action commune, Elio Di Rupo a attribué des subventions à des associations liées à son parti, comme Présence et Action culturelles, l’organisation socialiste d’éducation permanente, et en particulier sa régionale de Liège et ses locales de Sirault et de Saint-Léonard, qui ont au total reçu 16 500 euros. Les autres sections n’en ont pas bénéficié. Cela représente, bien sûr, très peu. En comparaison, il n'a pas attribué de subsides à des organisations liées à d’autres partis.

Confessionnel: un peu de laïque

D’un point de vue confessionnel, Elio Di Rupo a attribué au moins trois subsides à des associations montrant une appartenance au monde laïque, le Centre d’Action Laïque de la Province de Liège et la Maison de la Laïcité d’Ath, pour un total de 8 000 euros. Hormis des écoles et des institutions de soins, notamment aux personnes âgées (toutes catholiques), aucune autre association dont la dénomination montre une appartenance catholique, protestante, musulmane ou juive n’a reçu de subside d’Elio Di Rupo.

Les chouchous d'Elio Di Rupo

Les traits géographiques, politiques et confessionnels soulignés plus hauts démontrent combien Elio Di Rupo reste attaché à son milieu, hennuyer, borain, et montois, d’abord, socialiste ensuite, et laïque enfin. Mais même dans ce monde-là, ce sont des associations spécifiques, et pas toutes, qui bénéficient d’un accès à ses subventions facultatives. Et il est manifestement plus utile, pour ceux qui lanceraient une initiative, de se trouver à Mons ou dans le Borinage, où Elio Di Rupo a fait envoyer 1 000 euros pour une action de sensibilisation à la lutte contre l'âgisme à Frameries, que de présenter la bonne affiliation politique.

Les subsides étonnants

Les projets qui ont attiré l’attention du premier wallon sont, en effet, fort nombreux et très variés, entre un court métrage, « Je ne suis pas arabe » produit par une association montoise, et une formation au braille musical dans le Brabant wallon. Mais du Beatles Day de Mons, à une démonstration de sculpture sur glace à Nimy, en passant par l’immanquable 8ème festival international d’accordéon de Mons, ce sont surtout ceux lancés par les concitoyens de l’ancien mayeur de Mons qui ont le plus de chances d’obtenir de son cabinet un coup de pouce de quelques centaines, voire de quelques petits milliers, d’euros.

(1)  Par opposition aux nominatives et aux obligatoires, une subvention facultative est, juridiquement, une dépense qui n’est pas réglée par une loi (ou, ici, un décret) mais par un arrêté. Mais ces subventions ne sont pas distribuées par des ministres sans foi ni loi : elles sont encadrées par de nombreuses dispositions légales, qui limitent fortement la liberté du signataire. Il s’agit cependant incontestablement de la catégorie de subventions qui laisse le plus de marge à un mandataire politique pour orienter rapidement, et selon ses préférences, une partie des flux d’argent public sur lesquels il peut exercer un certain contrôle.

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