Au Musée art & histoire du Cinquantenaire, le directeur ad interim «a perdu tout son crédit». © or

Malaise au Cinquantenaire : le plus grand musée de Belgique cherche un patron «apte»

Olivier Rogeau
Olivier Rogeau Journaliste au Vif

Les Musées royaux d’art et d’histoire ont à leur tête un directeur général qui vient d’être jugé «inapte» pour cette fonction. Malaise interne.

And the winner is… nobody. Les dix candidats qui postulaient pour le poste de directeur général de plein exercice des Musées royaux d’art et d’histoire (MRAH) ont raté leur examen de recrutement. La note «A» (excellent) ou «B» (admissible) est requise pour être retenu dans la short list soumise au gouvernement fédéral. Or, les candidats ont tous obtenu un «C», ce qui signifie «pas apte pour la fonction».

Un nouvel appel à candidatures doit donc être publié au Moniteur belge. Ensuite, le Selor, le bureau de sélection de l’administration fédérale, organisera un autre examen. La procédure devrait durer environ neuf mois, ce qui retardera d’autant la désignation d’une direction définitive à la tête de l’institution fédérale qui regroupe cinq entités: le Musée art & histoire du Cinquantenaire (le plus grand musée de Belgique), le Musée des instruments de musique (MIM) du Mont des Arts et trois musées dont les MRAH veulent se débarrasser, faute de moyens en personnel: la Porte de Hal sur la petite ceinture, le Pavillon chinois et la Tour japonaise, à Laeken.

Sept établissements scientifiques fédéraux ont à leur tête une direction temporaire, dans certains cas depuis plus de dix ans.

Recalé mais confirmé

Parmi les candidats qui ont échoué à l’examen figure Bruno Verbergt, le directeur général intérimaire des MRAH. Le recalé a néanmoins été maintenu à son poste par Thomas Dermine (PS), secrétaire d’Etat chargé de la Politique scientifique. Cette décision n’a rien d’illégal, mais est jugée «singulière» au sein du Musée art & histoire. Il nous revient, en interne, qu’«il a perdu de son crédit» à tous les échelons de l’institution.

Le report de la désignation d’un directeur général définitif et le discrédit qui frappe désormais le DG ad interim tombent au plus mal: la direction des MRAH a pour tâche de piloter la rénovation en profondeur du Musée art & histoire, le «navire amiral» du plateau du Cinquantenaire, un site appelé à devenir le pôle central des célébrations du bicentenaire, en 2030.

L’échec de Bruno Verbergt est également embarrassant pour Thomas Dermine, qui a propulsé le néerlandophone à la tête de l’établissement fédéral en février 2021. Cette nomination avait surpris, Verbergt n’étant ni conservateur de musée ni historien de l’art. Depuis son entrée en fonction, il a tenté d’imprimer sa marque au musée du Cinquantenaire, mais ses choix idéologiques et son comportement auraient, en plusieurs occasions, provoqué des frictions.

Remise en marche enrayée

Au total, sept établissements scientifiques fédéraux (ESF), dont les Musées royaux d’art et d’histoire, la Bibliothèque royale, l’Institut des sciences naturelles et l’AfricaMuseum de Tervuren, ont à leur tête une direction temporaire, dans certains cas depuis plus de dix ans. La procédure de recrutement de sept directeurs définitifs a été lancée en mai, mais seul le résultat – insuffisant – des candidats à la direction des MRAH a filtré jusqu’ici.

L’obligation de recommencer toute la procédure pour ce poste-là et, le cas échéant, pour d’autres risque de retarder la remise en état de marche des ESF promise par Thomas Dermine. A cette complication s’ajoute l’exigence de respecter la parité linguistique entre directeurs généraux de plein exercice. Un casse-tête en perspective!

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