Rik Van Cauwelaert

Les grandes vacances d’Elio Di Rupo

Rik Van Cauwelaert Rik Van Cauwelaert is directeur van Knack.

Qu’elle fut grande, la colère du roi Albert ! Vous vous souvenez de son allocution à la veille de la fête nationale du 21 juillet. Il s’en fallait de peu que le souverain ne tape sur la table pour manifester son mécontentement face au bricolage des travaux de la formation gouvernementale.

Rik Van Cauwelaert, Directeur de Knack

Le spectacle fut suivi par les inévitables interviews télévisées données dans la rue par quelques demoiselles béates approuvant totalement les propos tenus par notre bon roi. De fait, ces politiciens n’étaient que des incapables. En plus, ils ne faisaient que lanterner et coupaient les cheveux en quatre à propos de Bruxelles-Hal-Vilvorde, alors que, tout autour de notre pays, les marchés financiers s’agitaient sauvagement et prenaient la Belgique dans le collimateur. Aussi la réponse des partis prêts à négocier sur la base de la note Di Rupo était attendue de toute urgence.

Et puis il s’est passé quelque chose de très bizarre. La N-VA, qui n’apprécie pas du tout les propositions de Di Rupo, ne voulait plus négocier. Le CD&V, impressionné par la mise en scène royale, se traînait quand même vers la table des négociations, sans enthousiasme. Et voilà, le sense of urgency – le nouveau terme qui fait fureur rue de la Loi – fondit comme neige au soleil. Et tous – le formateur Di Rupo ouvrant la marche – partaient en (grandes) vacances. Le roi aussi, enfin libéré de cette idée paralysante d’un gouvernement fédéral avec Bart De Wever comme vice-Premier ministre, faisait dare-dare ses valises pour aller se détendre dans le sud de la France.

En l’absence des as de la formation gouvernementale survint le Kladderadatsch financier mondial, avec, en point d’orgue, l’abaissement de la note des Etats-Unis par Standard & Poor’s, après une semaine noire sur les Bourses. Le Premier ministre Leterme, lui, se tracasse au sujet du budget 2012. Il souhaite que le Parlement, qui fait sa rentrée le 5 septembre, lui indique si un gouvernement en affaires courantes peut s’occuper de ce budget. Mais, selon le formateur Di Rupo, il n’y a vraiment aucune raison de s’inquiéter. Le même Di Rupo qui, à la fin de l’année dernière, déclarait que chaque jour d’arrêt était un jour perdu ! Il attend donc paisiblement le rapport du comité de monitoring avant de s’attaquer au budget de l’Etat pour l’année 2012. Signalons, en passant, que ledit comité se penche sur des chiffres dont le gouvernement dispose déjà depuis longtemps. Entre-temps, Di Rupo souhaite se concerter avec Leterme sur le budget de l’année prochaine. Cela est tout à fait inhabituel et vide de sens. Puisque Leterme n’a plus à délibérer avec le formateur concernant un budget qui fera l’objet d’un accord gouvernemental négocié par la nouvelle majorité sous la conduite de Di Rupo.

Tout compte fait, le formateur ne semble pas devoir se faire du souci. Le gouvernement en affaires courantes enchaînera parfaitement avec le gouvernement que le président du PS veut mettre sur pied. Les manoeuvres dilatoires organisées par Di Rupo et les libéraux francophones n’ont d’autre objectif que de ligoter le CD&V à la table des négociations. Car, comme l’a formulé un des négociateurs dans la presse du week-end passé, « personne n’osera plus déserter la table, vu l’ampleur de la crise financière ». Le fait que le CD&V, lui aussi, puisse participer à l’exécution des projets de Di Rupo n’est donc pas imaginaire. Une chose est certaine : la note de ces grandes vacances va bientôt être présentée aux contribuables.

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