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Les experts de l’UCLouvain vous répondent: « Et si le coronavirus améliorait notre démocratie? »

Le Vif

Sophie Devillers et Laura Pascolo, doctorantes en sciences politiques, estiment qu’il est « possible de restaurer la confiance des citoyens » moyennant des réformes fondamentales.

Question d’un lecteur: « Si l’on pouvait changer le monde d’après, comment faire émerger des leaders politiques de profil plus humaniste et pas à la recherche du pouvoir? »

Réponse de Sophie Devillers, doctorante en sciences politiques à l’UCLouvain, et de Laura Pascolo, assistante et doctorante en sciences politiques à l’UCLouvain

Et si la crise du coronavirus ouvrait la porte à une réforme de notre système représentatif ? Il est possible de restaurer la confiance des citoyens, de réduire la création d’une classe politique distincte et de limiter la quête de pouvoir.

Le seul outil de participation, dans le système que nous connaissons, consiste en des élections souvent partisanes et compétitives qui donnent l’avantage à une certaine élite, plus éduquée, plus masculine et plus âgée que le reste de la population. Ce Parlement n’aurait dès lors de représentatif que le nom. De plus, le système actuel rend possible les carrières politiques en permettant à une même personne de concentrer le pouvoir dans le temps et au travers de plusieurs institutions. Il en résulte une déconnexion entre les citoyens et leurs « leaders », qui donnent l’impression, renforcée par les récents scandales (Publifin en 2016, Samusocial en 2017), d’être uniquement en quête de pouvoir et d’argent.

Reconnecter les deux mondes, celui de citoyen et celui de politicien, est possible. Nous identifions deux pistes de réforme : démystifier la fonction de politicien et revitaliser celle de citoyen.

Un élu, un mandat

Une première piste de réforme consiste à empêcher le cumul de mandats. Un décideur politique exercerait un seul mandat et limiterait sa « carrière » politique à deux mandats au maximum. Cette proposition de « déprofessionnalisation » de la politique permettrait d’assurer un renouvellement de la classe politique et de limiter la prise de pouvoir par quelques individus à plusieurs niveaux de pouvoir simultanément et pendant de nombreuses années.

Tirage au sort

Une deuxième piste de réforme, partagée par de plus en plus de penseurs et d’acteurs politiques, serait de tirer au sort une partie des représentants du peuple, au sein des parlements et commissions ou via des assemblées citoyennes ad hoc. Le bénéfice d’un tel mode de sélection serait non seulement de faire entrer une large diversité d’opinions, d’expériences et d’idées dans les mécanismes décisionnels, mais aussi symboliquement de (re)faire de la politique l’affaire de tous. Face à la possibilité d’un jour pouvoir être tiré au sort pour prendre part aux décisions, les citoyens se sentiraient ainsi non plus déconnectés mais directement concernés par la politique, qui deviendrait alors partie intégrante du quotidien, au même titre que le travail ou les activités associatives.

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