Anne-Sophie Bailly

L’édito d’Anne-Sophie Bailly: les réformes de la Vivaldi, ces compromis édulcorés

Anne-Sophie Bailly Rédactrice en chef

Le gouvernement De Croo a présenté mardi sa réforme du marché du travail. Qui comporte sans doute des points positifs (encadrement de l’économie de plateforme, travail de nuit…), mais qui n’apporte pas de réponse concernant la volonté d’amener le taux d’emploi à 80%. Un goût de trop peu.

Plus flexible, plus moderne, plus digital. C’est en ces termes qu’ Alexander De Croo a vanté l’accord dégagé par la Vivaldi sur la réforme du marché du travail.

Trop léger, une occasion manquée. C’est par ces mots que l’opposition et les fédérations patronales l’ont dézingué.

Un constat n’étant pas exclusif de l’autre.

En effet, le gouvernement a fait aboutir une série de réformes nécessaires, comme l’encadrement de l’économie de plateforme, espérées, comme un meilleur équilibre entre vies privée et professionnelle, compliquées, comme la législation autour du travail de nuit. A cet égard, la promesse formulée lors de l’accord budgétaire est tenue.

Par contre, cette réforme tant attendue avait également pour objectif de mettre en place les moyens nécessaires pour porter, d’ici à 2030, le taux d’emploi à 80 % contre 71,4 % actuellement. Un objectif que la Vivaldi espère atteindre « pour cent par pour cent », par la formation, la mobilité, la flexibilité.

Et là, effectivement, côté activation, c’est un peu light. Permettre à une personne licenciée de tester un nouvel emploi dès son préavis ou l’accompagner plus rapidement vers l’outplacement, c’est bien. Mais à côté de cela, quels incitants motiveront les chômeurs de longue durée à retrouver le chemin du travail ? Le mini taxshift sera-t-il un marqueur suffisant pour établir une véritable différence financière entre l’inactivité et le travail ? Où en est le plan « métiers en pénurie » ? Quid de la réintégration des malades de longue durée ? Comment et quand la plateforme destinée à améliorer la mobilité interrégionale des travailleurs et la collaboration entre les organismes de mise à l’emploi sera-t-elle activée ? A ces questions, aucune réponse. Ou si peu. Pourtant, ce taux d’emploi de 80 % est, outre le mantra de l’équipe gouvernementale en place, le socle sur lequel le financement du projet de réforme des pensions repose. Un chantier n’aboutira pas si l’autre échoue.

Deux fois en deux semaines à peine – sur la question du pouvoir d’achat des ménages et la flambée des prix de l’énergie d’abord, sur la réforme du marché du travail ensuite – les recettes de la Vivaldi laissent un goût de trop peu, celui d’un compromis édulcoré.

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