Anne-Sophie Bailly

L’édito d’Anne-Sophie Bailly: « L’accord sur les prix de l’énergie ne répond même pas à toutes les urgences »

Anne-Sophie Bailly Rédactrice en chef

Les boosters annoncés par la Vivaldi s’inscrivent dans une logique de court terme et ne répondent même pas à toutes les urgences.

Les dispositions prises par l’équipage De Croo pour limiter l’impact de l’envolée des prix sur la facture d’énergie et doper le pouvoir d’achat des ménages n’ont reçu qu’un accueil mitigé. Sauf à se réjouir qu’un train de mesures ait enfin été validé, il est en effet difficile de s’enthousiasmer pour cet accord tardif et a minima.

Le dossier brûlant des prix de l’énergie était sur la table de la Vivaldi depuis des mois, sans qu’un compromis puisse être dégagé. Pourtant, au vu des tarifs qui s’envolaient depuis l’été déjà, deux réactions s’imposaient. Un, faire face à l’urgence rapidement – et singulièrement pour les situations les plus précaires -, deux, trouver des solutions pérennes.

On n’ a eu ni l’un l’autre.

Il a fallu des kerns à répétition et des heures de discussion (sur le montant du chèque à accorder, sur le type de baisse de la TVA, sur la source d’énergie à soutenir…) pour que voie le jour un accord que tous les partenaires de la Vivaldi acceptent de soutenir et dans lequel toutes les Régions trouvent leur compte.

Quant à la solution retenue – un chèque-énergie de 100 euros, une baisse de la TVA sur l’électricité de 21 à 6 % de mars à juillet et une prolongation du tarif social élargi jusqu’au 30 juin -, elle n’accorde aucun ciblage prioritaire en fonction des besoins réels des consommateurs. Elle exclut les ménages qui se chauffent au gaz, pourtant les plus impactés par la hausse des tarifs. Elle avantage les plus gros consommateurs, ce qui est peu compatible avec le défi climatique.

Quant aux solutions de moyen terme comme la révision de la fiscalité ou de la composition des factures d’énergie, l’instauration d’accises ou de cliquets, elles ont encore été reportées. Sans parler de l’absence d’impulsions sur la transition énergétique ou l’isolation des bâtiments.

Les boosters de pouvoir d’achat annoncés par la Vivaldi ne s’inscrivent que dans une logique de court terme, sans même répondre à l’ensemble des urgences les plus criantes. Or, immuniser les ménages contre des factures énergétiques douloureuses doit s’envisager dans une approche plus durable. Sinon, la situation se répétera encore et encore. Et que fera-t-on ? Une nouvelle baisse de la TVA ? Un nouveau chèque-chauffage ?

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