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Accord sur le prix de l’énergie : « Ce qui me tracasse le plus, c’est que ce sont des mesures à court terme »

Celine Bouckaert
Celine Bouckaert Journaliste au Vif

Cette nuit, le gouvernement fédéral a trouvé un accord pour faire baisser le prix de la facture d’énergie. Les mesures sont loin de faire l’unanimité.  » Le gouvernement aurait dû se concentrer sur les bas revenus « , estime Philippe Defeyt, économiste et directeur de l’Institut pour un développement durable (IDD).

Face à la flambée des prix du gaz et de l’électricité, le gouvernement fédéral s’est mis d’accord sur une série de mesures destinées à alléger la facture énergétique des ménages. « Ces trois boosters se traduisent par la réduction temporaire de la TVA sur l’électricité de 21% à 6% pour tous les ménages les quatre prochains mois, un chèque énergie de 100 euros (prime de chauffage ‘one shot’), et l’élargissement du tarif social », déclaré le Premier ministre Alexander De Croo.

Immédiatement, l’annonce des mesures a provoqué une levée de boucliers. Ainsi, la baisse de la TVA, qui concerne seulement l’électricité et pas le gaz, alors que son coût augmente encore plus que celui de l’électricité, suscite l’incompréhension. « Le gaz explose et ils diminuent la TVA….sur l’électricité. Ils se foutent de nous ? », a ainsi réagi Raoul Hedebouw (PTB).

« Il fallait faire plaisir à tout le monde »

Pour Philippe Defeyt, le choix de ne pas baisser la TVA sur le gaz découle uniquement d’un souci d’équilibre politique. « Il fallait faire plaisir à tout le monde », estime-t-il. « Ce qui me tracasse le plus, c’est que ce sont des mesures à court terme. Si demain les prix refluent, on refermera le dossier, et on reviendra à la normale. Rien n’a été résolu ».

Il fustige également la distribution du chèque d’énergie de 100 euros qui « ira à des gens qui n’en ont pas besoin tels que ceux qui ont investi dans des panneaux photovoltaïques et qui consomment peu d’électricité ». Pour lui, le gouvernement aurait beaucoup mieux fait de se concentrer sur les bas revenus, et particulièrement sur la classe moyenne inférieure qui n’est pas concernée pas le tarif social. « Le problème, c’est que le gouvernement n’a pas les outils pour toucher ces gens ». C’est pourquoi il a préféré prendre des mesures qui bénéficient à tout le monde. « Si on avait consacré le budget prévu pour ces mesures à la classe moyenne inférieure, on aurait eu un véritable progrès social« , déplore-t-il.

« Une mesure carrément stupide »

Notre confrère de Knack Ewald Pironet estime également qu’il aurait fallu cibler les revenus les plus bas. Pour lui, la baisse de la TVA est carrément « une mesure stupide ». « La baisse de la TVA de 21 à 6 % est une mesure carrément stupide, comme l’ont expliqué les économistes la semaine dernière dans Knack : c’est une lutte contre les symptômes, cela revient à déshabiller Pierre pour habiller Paul, et c’est une mesure antisociale. Il serait préférable d’avoir des mesures visant les 30% des revenus les plus bas, qui sont ceux qui souffrent le plus des factures énergétiques élevées. »

Pour montrer à quel point les classes moyennes inférieures sont pénalisées par l’envolée des prix, Philippe Defeyt a comparé les factures d’un bénéficiaire du tarif social et d’un consommateur exclu de ce tarif social. Selon ses calculs, quelqu’un qui bénéficie d’un tarif social paiera 842,44 euros pour 2.000 kWh d’électricité et 12.000 kWh de gaz alors que quelqu’un n’y a pas droit devra débourser 2.826,58 euros, soit plus du triple.

Comparaison des tarifs énergétiques réalisée par l'économiste Philippe Defeyt
Comparaison des tarifs énergétiques réalisée par l’économiste Philippe Defeyt© Philippe Defeyt

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