Les parents de la petite Mawda et l'avocate Selma Ben Kalifa. © Belga

« Le policier a tiré sur nous sans aucune hésitation » (père de Mawda)

Le procès des trois hommes impliqués dans la mort de la petite Mawda, une fillette kurde irakienne de 2 ans mortellement touchée par un tir de la police en mai 2018, a repris mardi à Mons, au tribunal correctionnel du Hainaut. Les parents de l’enfant ont témoigné à la barre.

Le père de Mawda a été le premier à prendre la parole, en néerlandais. « Je peux vous certifier que, même après deux ans et demi, je n’ai rien oublié de ce qu’il s’est passé cette nuit-là », a-t-il déclaré.

Il a expliqué qu’il y avait de nombreuses personnes présentes dans la camionnette, dont une autre famille avec deux enfants. « Mawda se trouvait derrière le chauffeur avec sa maman. Moi, je me trouvais avec mon fils près de la porte de la camionnette », a-t-il précisé. Après la course-poursuite, engagée avec la police face au refus du chauffeur de s’arrêter malgré les injonctions des forces de l’ordre, « nous sommes descendus en dernier du véhicule. J’ai pris Mawda dans mes bras, elle perdait beaucoup de sang. J’ai commencé à crier « Ambulance! » – c’est le même mot dans ma langue – et demandé de l’aide mais les agents de police n’étaient pas très polis. Ils ont pris Mawda et m’ont frappé ».

« J’ai vu le policier quand il a pris son arme. Sans aucune hésitation, il a tiré vers nous », a poursuivi le père de Mawda. « Nous sommes traumatisés, mon fils aussi. Quand il voit un policier en rue, je dois le protéger car il pleure. »

« Ils nous ont traités de manière inhumaine. L’ambulance est arrivée tard et ils nous ont empêchés de monter dans le véhicule de secours », a-t-il ajouté.

Après deux jours et deux nuits sans de nouvelles de leur fille, les parents n’ont revu l’enfant qu’après son décès. « Nous ne l’avons plus vue qu’après l’autopsie. Je ne peux pas oublier une telle chose, ce n’est pas humain. »

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