© Debby Termonia

Le pays est en colère: « je n’aime pas les Flamands, à part Kevin De Bruyne »

Han Renard

Notre consoeur de Knack a assisté à un cours d’histoire politique belge donné par le politologue Pierre Verjans à l’Université de Liège. Elle a interrogé des étudiants francophones sur l’impasse politique fédérale.

Pierre Verjans accorde une heure à notre consoeur de Knack lors son collège matinal du vendredi. « Mes étudiants n’ont jamais rencontré de journaliste flamand. Ce sera un événement », s’enthousiasme-t-il. L’accueil par l’auditorium, bien rempli malgré l’heure matinale, est en tout cas chaleureux.

Via Wooclap, une plateforme interactive qui permet aux étudiants de réagir avec leur smartphone, nous posons un certain nombre de questions sur la formation fédérale aux quelque 250 participants. S’ils s’inquiètent? 47% des personnes présentes dans l’auditorium indiquent que oui. Les raisons de leurs inquiétudes apparaissent alors en direct sur un écran placé devant l’auditorium. « Sans gouvernement fédéral, la scission de la Belgique semble inévitable », écrit quelqu’un.

Les réponses sont projetées de manière anonyme, mais Verjans prévient les farceurs qu’il peut voir qui a répondu quoi. C’est probablement pour cette raison que les réponses recueillies au cours de la matinée ne comportent qu’un seul appel à la légalisation du cannabis et seulement quelques grivoiseries. En général, les réflexions des élèves sont intéressantes.

Comme on peut s’y attendre, les étudiants connaissent mal la Flandre, tout comme la plupart des étudiants flamands ne savent probablement pas grand-chose de la Wallonie. Aucun de ces futurs sociologues, politologues ou juristes ne consulte régulièrement les médias flamands. Près de 70% ne les consultent même jamais.

Le « drame belge », observe Verjans, lui-même parfaitement bilingue, en voyant les résultats à l’écran. « La plupart des Wallons veulent préserver la Belgique, mais ils ne comprennent même pas la langue de la majorité de ses habitants ».

Lorsqu’on leur demande pourquoi ils ne consomment pas de médias flamands, les étudiants wallons répondent souvent qu’ils ne parlent tout simplement pas la langue. Et parfois, ils détestent tout simplement les Flamands. « Je n’aime pas les Flamands, à part KDB » (NDLR: Kevin De Bruyne), écrit l’un d’entre eux. « Pourquoi s’intéresser à des médias qui se moquent constamment de vous? », estime un autre étudiant.

Il est frappant de constater que la majorité de ces jeunes étudiants sont acquis à un gouvernement PS- N-VA, alors que ce dernier parti est souvent diabolisé en Wallonie. Pourquoi? « C’est ainsi que les deux partis se maîtrisent mutuellement. » Ou: « D’un point de vue démocratique, il est indiqué que les deux plus grands partis de Belgique soient représentés au gouvernement fédéral ».

Lorsqu’il s’agit du président de la N-VA et de son plaidoyer pour le confédéralisme, le scepticisme est plus grand – « il s’agit de contradictions idéologiques, pas de démocraties séparées » – mais il y a aussi un soutien. « J’ai le sentiment que nous vivons dans des mondes séparés, la Belgique est un pays à deux vitesses. »

En même temps, 53% des étudiants présents estiment que les partis favorables à la préservation de la Belgique devraient unir leurs forces. « L’union fait la force », affirment plusieurs étudiants. Et aussi: « le confédéralisme est le tremplin vers le séparatisme ».

Après le questionnaire Wooclap, une jeune fille à lunettes prend la parole. « Les politiciens ne s’intéressent qu’aux intérêts de leurs partis politiques », dit-elle. La discussion qui s’ensuit révèle qu’elle exprime un sentiment très présent dans l’auditoire.

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