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Le parquet de Bruxelles enquête sur un contrat de fourniture de tests sérologiques

Le Vif

Une information a été ouverte concernant Hugues Malonne, le directeur général de l’Agence fédérale des médicaments et des produits de santé (AFMPS), et le contrat avec l’entreprise DiaSorin pour la fourniture de tests sérologiques Covid-19, a annoncé mercredi le parquet de Bruxelles.

Le parquet de Bruxelles confirme une information publiée sur le site du journal Le Soir à la suite de nos révélations avec nos confrères du Knack.

Cet accord de fourniture de tests sérologiques a été conclu en avril dernier avec l’entreprise italienne DiaSorin et l’AFMPS pour la fourniture d‘un million de kits de tests. Il semble que les tests de validation ont été menés par un laboratoire belge dirigé par la compagne de Hugues Malonne, faisant craindre un conflit d’intérêt. L’entreprise italienne facture sept euros par tests, ce qui place le kit dans la catégorie de prix la plus élevée. DiaSorin, qui a été critiquée en Italie, avait vendu 500.000 tests sérologiques à la Lombardie, sans appel d’offres public, pour quatre euros pièces.

M. Malonne, qui fait partie de la task force du ministre Philippe De Backer en charge de l’approvisionnement de matériel destiné à lutter contre le nouveau coronavirus, a affirmé ne pas être au courant de cette différence de prix. Il a indiqué à nos confrères du Knack qu’il allait transmettre cette information aux avocats de l’État belge.

Mais, ce qui irrite d’autant plus les laboratoires belges, c’est la façon dont l’AFMPS a géré la validation de ces fameux kits. Dans le contexte de la pandémie, quiconque souhaite mettre sur le marché un test en Belgique, doit en faire la demande à l’agence fédérale, qui désigne à son tour un laboratoire pour effectuer le test.

Conflit d’intérêt?

En l’occurrence, pour DiaSorin, l’AFMPS a confié la mission au groupe des hôpitaux bruxellois Iris Sud. Or il s’avère que la directrice adjointe, Marie Tré-Hardy, est aussi la partenaire de M. Malonne et la mère de ses enfants. M. Malonne a défendu que sa compagne est couverte par sa déclaration d’intérêts auprès de l’agence.

Une étude de validation et un article ont été publiés en mai par cette dernière au sujet du kit de DiaSorin. M. Malonne, qui n’est pourtant pas biologiste clinique, figure parmi les co-auteurs de l’article. Pour le président de la fédération des laboratoires de médecine Etienne Cavalier, il y a donc bien un conflit d’intérêts. « Il négocie d’abord un contrat avec DiaSorin et puis publie avec le même groupe d’auteurs qui a mené une étude de validation. »

Enfin, l’enquête menée par Le Vif L’Express et Knack relève encore que trois laboratoires belges ont mené des validations indépendantes de kits de tests, au cours desquels DiaSorin s’est avéré le moins performant. La validation menée par le laboratoire de l’AZ Delta à Roeselare était même particulièrement décevante. Entretemps, M. Malonne a envoyé un service d’inspection pour enquêter sur l’AZ Delta, estimant que le laboratoire aurait commis « une grave erreur ».

Pourtant, les résultats de l’AZ Delta étaient comparables à ceux menés par une task force sérologique aux Pays-Pas, qui avait alors exclu les kits des tests jugés inappropriés. Le laboratoire AZ Delta assure que la validation s’est déroulée de manière correcte et qu’il s’en tient à ses conclusions. Hugues Malonne a par ailleurs été auditionné mardi par la commission Santé de la Chambre, où il s’est défendu de tout conflit d’intérêt.

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