Hastière: au coeur de la polémique. © belga image

Le 15 février 1933, Hastière fait (quasi) tomber le gouvernement

En février 1933, le Premier ministre de Broqueville remet sa démission. En cause: une fraude électorale lors d’un scrutin communal. Ainsi qu’une fronde au sein du parti libéral.

C’est le 9 octobre 1932 que tout commence. A Hastière, comme ailleurs en Belgique, on élit ce jour-là un nouveau conseil communal. Les vainqueurs? Les catholiques. De peu: ils devancent la liste du cartel des gauches d’à peine deux voix. Mais ce n’est pas tout: il semble que le scrutin ne s’est pas déroulé dans la plus parfaite légalité. Ainsi, que penser de cet électeur admis dans le bureau de vote après 14 heures… soit après son heure de fermeture. Il y a aussi ce soldat étrangement autorisé à exprimer sa voix alors que sous les drapeaux, les soldats sont normalement interdits de le faire. Il y a encore ce fait: comment expliquer que plusieurs membres du bureau étaient apparentés à certains candidats?

Bien que l’objet de ce vote soit absolument minuscule, le vote lui-même semble grave.

La réaction ne se fait pas attendre: dès novembre, la députation permanente annule l’élection d’Hastière. Mais la contre-réaction ne se fait pas attendre davantage: en décembre, Prosper Poullet, ministre (catholique!) de l’Intérieur, annule la décision de la députation permanente.

En février, l’affaire atterrit à la Chambre. « Je sais que le procès-verbal signale que le scrutin a été fermé à 14 heures, mais vous savez que ce n’est pas exact », dénonce le socialiste Denis Henon. « C’est un véritable drame que vous nous racontez », ricane un membre de la majorité. Henon ne se laisse pas démonter. Il faut dire que l’homme n’est pas entièrement désintéressé: lui-même était candidat au scrutin de Hastière. Et le député d’énumérer les irrégularités qui l’ auraient entouré. « Mais cela se passe partout ainsi! » réagit un autre. Qui n’a pas tout à fait tort: il est de notoriété publique que les subtilités de la loi électorale ne sont alors que rarement respectées. Poullet tranche: « On ne tient compte des irrégularités que si elles ont pu avoir un effet sur la sincérité du scrutin? » Ce qui, à son sens, n’a pas été le cas.

Affaire classée? Pas du tout. Le 15 février, un ordre du jour, déposé par Henon et regrettant la décision ministérielle, est voté. Surprise: en plus des socialistes, treize libéraux, pourtant membres de la majorité, votent pour. Parmi les dissidents: Marcel-Henri Jaspar, Léon Mundeleer et Raymond Foucart. Ce sont les « radicaux » du parti libéral, notamment connus pour leur anticléricalisme. Charles de Broqueville n’hésite pas: « Bien que l’objet de ce vote soit absolument minuscule, le vote lui-même semble grave. » Et le Premier ministre catholique de se rendre chez le roi.

Tout n’est évidemment que stratégie. Sans surprise, Albert Ier refuse la démission. Il en profite pour sermonner la majorité. En pleine crise économique, et alors qu’ Adolf Hitler vient de devenir chancelier, un gouvernement ne tombe pas pour Hastière. La coalition chutera finalement en juin 1934. A nouveau à la suite de la rébellion de parlementaires libéraux.

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