Bart de Wever et Charles Michel © Belga

La position du Premier ministre Michel érodée par la N-VA : « La coupe est pleine »

Han Renard

Bart De Wever et sa N-VA ont fortement érodé la position du Premier ministre, déclare le politologue Pascal Delwit à notre consoeur de Knack.

« Depuis l’entrée en fonctions du gouvernement Michel, une partie des francophones partagent la conviction que la N-VA fait la pluie et le beau temps au gouvernement Michel et que le véritable Premier ministre n’est pas au 16 rue de la Loi, mais à Anvers », déclare le politologue Pascal Delwit de l’ULB.

« Le MR a toujours combattu cette idée, mais en ce moment c’est très difficile. Bart De Wever a sabordé le pacte énergétique et la sortie nucléaire planifiée. En faisant cela, la N-VA va non seulement à l’encontre du Premier ministre Michel, mais aussi des autres partenaires de coalition néerlandophones. Parallèlement, il y a eu la fameuse interview de Theo Francken qui a qualifié les déclarations du Premier ministre à la Chambre au sujet de l’expulsion des Soudanais d' »absurdes ».

Tout cela a particulièrement affaibli la position de Charles Michel. Même les journalistes francophones non hostiles au gouvernement Michel ont souligné à quel point Michel est érodé. »

Le Premier ministre dispose-t-il d’armes pour changer cette image ou est-il, plus que jamais, la marionnette de la N-VA ? Michel ne peut pas faire grand-chose, pense Delwit. « Le MR a besoin, plus encore que les autres partis, de tenir le coup jusqu’au bout. Il n’a donc pas d’autre choix que d’accepter à peu près tout de la N-VA.

En même temps je pense que la coupe est presque pleine. C’est pourquoi la semaine dernière, une série de ténors du MR, la plupart il est vrai anonymement, ont laissé entendre que leur patience à propos de Theo Francken était à bout. Cela ressemblait fort à un message organisé à la N-VA, à savoir que la limite de ce que peut encaisser le MR, est atteinte. Entre-temps, Charles Michel essaiera de faire ce qu’il essaie toujours, à savoir se cramponner et espérer que ça passe. »

Au MR, pas mal de gens sont favorable à un prolongement de la durée de vie d’une série de centrales nucléaires. En 2014, ce prolongement figurait dans le programme électoral du parti. Pourquoi se cramponne-t-il à présent à une sortie nucléaire complète en 2025 ? « Je ne pense pas que le MR défende ardemment cette sortie nucléaire », explique Pascal Delwit, « mais il doit tenir compte des évolutions dans le paysage politique francophone.

Le cdH traverse de grandes difficultés. On ne peut exclure que ce parti soit balayé en 2018 et en 2019. Avec quels partis potentiels le MR peut-il gouverner à Bruxelles et en Wallonie en 2019 ? Le PS c’est difficile, le PTB est exclu, Défi attend et donc c’est Ecolo qui se retrouve dans le collimateur. L’attitude antinucléaire du MR pourrait donc s’expliquer en partie par la perspective de futures coalitions. »

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