Bart De Wever (N-VA) et Tom Van Grieken (Vlaams Belang). © Belga

La N-VA redoute l’opposition et une Forza Flandria créée par le Belang (analyse)

Olivier Mouton
Olivier Mouton Journaliste

Le parti de Bart De Wever redoute l’opposition fédérale: ce serait le début de la fin. Et cela profiterait au Vlaams Belang, à la tête d’une vaste alliance encore plus flamande.

Bart de Wever, président de la N-VA, a lui-même mis en garde contre le risque d’une coalition Vivaldi (socialistes, libéraux, écologistes, tout ou partie des sociaux-chrétiens), alors que sa mission conjointe avec Paul Magnette touchait à son terme. Depuis la mise en selle par le roi d’Egbert Lachaert (Open VLD) et les informations selon lesquelles le président libéral flamand pourrait tenter une coalition sans la N-VA, la fébrilité croît dans les rangs nationalistes flamands.

Car la N-VA craint fortement de se retrouver dans l’opposition fédérale. Et cette crainte porte un nom : Vlaams Belang.

Le parti d’extrême droite de Tom Van Grieken caracolait en tête des derniers sondages d’intentions de vote en Flandre, avant l’été. Il investit massivement sur les réseaux sociaux. Et il profiterait vraisemblablement d’une majorité fédérale « dominées par les francophones », dont les deux ou trois principaux partis flamands seraient exclus.

L’air de rien, en Flandre, Bart De Wever perd en outre de son crédit. Les expressions arrogantes tenues à l’égard d’un certain nombre d’adversaires politiques se retournent potentiellement contre lui, tel un boomerang. Ce fut le cas en fin de campagne électorale, quand ses charges contre le Belang ont servi son principal adversaire. C’est le cas aujourd’hui, quand ses attaques verbales contre les libéraux risquent de convaincre ceux-ci de gouverner sans lui.

La gestion pour le moins chaotique de la crise du coronavirus à Anvers, la ville dont il est le bourgmeste, et l’usure du pouvoir à la tête de son parti, dix ans après l’explosion de la N-VA, jouent un rôle également. Bart De Wever pouvait jouer un coup de poker en tentant de devenir Premier ministre ou ministre-président flamand: ces deux perspectives lui ont glissé entre les doigts. Dans la presse flamande, on considère de plus en plus qu’il perd de sa mainmise sur la Région. Même s’il reste un animal politique.

La crainte d’une explosion du Vlaams Belang? C’était précisément une des raisons pour lesquelles le PS avait fini par accepter de dialoguer avec la N-VA, y compris en mettant une réforme de l’Etat sur la table. Elio Di Rupo, ministre-président wallon, avait été le premier à mettre ce risque sur la table en interne – et il s’en était inquiété ouvertement lors d’une expression publique. L’échec de ce dialogue, après une sortie commune bleue-verte, réveille cette inquiétude.

La conviction d’un certain nombre d’observateurs flamands, c’est que le CD&V et l’Open VLD auraient tout à gagner d’une émancipation de la N-VA, au sein d’une Vivaldi, pour exister à nouveau dans le paysage politique flamand. Le SP.A Conner Rousseau l’a fait depuis son arrivée et le choix semble payant. Ce pourrait être un virage important au nord du pays. C’est, aussi, une prise de risque, car la perspective d’une Forza Flandria serait réelle.

Forza Flandria? C’était le rêve cultivé par le libéral Guy Verhofstadt dans les années 1990 de faire émerger une force de droite comme Silvio Berlusconi l’avait fait en son temps en Italie, y compris avec… des membres du Vlaams Blok à l’époque. Ce fut ensuite le rêve de Bart De Wever, avec cette spécificité particulière qu’elle serait aussi orientée vers une Flandre autonome/indépendante. En cas de Vivaldi, se pourrait-il que le cordon sanitaire se brise et qu’un Vlaams Belang « édulcoré » se marie avec une frange de la N-VA, concrétisant de facto le rêve de Forza Flandria? Ce n’est pas à exclure et cela pourrait commencer par des alliances au niveau local.

La fébrilité est réelle à la N-VA et ce n’est sans doute pas un hasard si Theo Francken, l’ancien secrétaire d’Etat fédéral, dénonce le risque pour le CD&V d’être piégé dans une alliance progressiste ou s’insurge contre le fait que le vote des Flamands ne soit pas respecté en cas de Vivladi. Theo Francken, c’est précisément le N-VA dont le profil plus radical est vu par beaucoup comme susceptible de franchir le pas pour rompre le codona sanitaire. Depuis quelques jours, il multiplie les messages dont le dernier est une menace claire: « L’arc-en-ciel, c’est jaune-noir (N-VA – Vlaams Belang – Ndlr) en 2024. »

En cas de gouvernement sans N-VA, cette crainte-là risque bien de devenir un cauchemar pour les démocrates…

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