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La Belgique absente d’une opération militaire faute de budget

Le Vif

Pour la première fois dans l’histoire de la défense européenne, la Belgique brillera par son absence dans une opération militaire de l’UE, celle qui vient de démarrer en République centrafricaine, a admis le ministère belge de la Défense, en invoquant des raisons « budgétaires ».

Sauf miracle – sous la forme d’une improbable contribution financière de l’UE -, aucun militaire belge ne participera à la force européenne en Centrafrique, l’Eufor-RCA, dont les premiers éléments, des gendarmes mobiles français, ont commencé mercredi à patrouiller dans Bangui aux côtés des soldats français de l’opération Sangaris.

L’Union européenne a annoncé le 1er avril le lancement de cette opération en Centrafrique, forte d’environ 800 hommes. Elle vient appuyer les forces internationales – la française Sangaris et celle de l’Union africaine (UA), la Misca -, déjà présentes sur le terrain pour tenter de stabiliser la RCA, plongée dans une crise sans précédent avec des violences interreligieuses et des centaines de milliers de déplacés.

La mission sera pleinement opérationnelle à la fin mai, selon son commandant, le général français Philippe Pontiès. Elle sera notamment chargée de sécuriser durant six mois l’aéroport et certains quartiers de la capitale centrafricaine, Bangui, avant un passage de flambeau aux Casques bleus de l’ONU d’ici fin septembre.

La France sera « nation cadre » de l’opération, à laquelle participent treize nations européennes. Et paradoxalement, c’est la Géorgie, un pays non membre de l’UE, qui fournit l’un des plus gros contingent, soit une compagnie de 150 soldats. Mais la Belgique n’en sera pas, le gouvernement n’ayant pas réussi à s’accorder sur le financement de l’envoi d’un petit contingent – quelques dizaines hommes, dont des membres des forces spéciales. Le ministère de la Défense affirme ne pas disposer des moyens financiers nécessaires, arguant que cette opération n’avait pas été prévue lors de la confection du budget 2014. Il avait même espéré un « financement partagé » européen, une option qui a bien peu de chances de se concrétiser, selon les experts.

C’est donc la première fois que l’armée belge se retrouve totalement absente d’une opération militaire européenne depuis que l’UE s’est lancée dans des missions de « gestion de crise » en 2003, avec « Artemis » en République démocratique du Congo (RDC). Des militaires belges avaient ainsi été engagés dans deux Eufor précédentes (en RDC lors des élections de 2006 et au Tchad/Centrafrique en 2008-2009), tout comme dans l’opération « Althea » en Bosnie-Herzégovine.

La Belgique participe aussi régulièrement avec une frégate à « Atalanta », la première opération navale de l’UE, chargée de lutter contre la piraterie au large de la Corne de l’Afrique, et aux deux missions d’entraînement destinée à former les armées somalienne (EUTM-Somalie) et malienne (EUTM-Mali), dans ce dernier cas avec 75 personnes.

Le ministre de la Défense, Pieter De Crem, avait pourtant émis le 27 mars dernier le souhait de voir se dérouler une opération militaire européenne « rassemblant les 28 » Etats-membres, lors d’un colloque à Bruxelles.

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