Abid Aberkane

Une peine de trois ans de prison avec sursis pour le « logeur » de Salah Abdeslam 

Le Vif

Le tribunal correctionnel de Bruxelles a prononcé, jeudi, une peine de trois ans de prison avec sursis probatoire à l’encontre d’Abid Aberkane, le « logeur » de Salah Abdeslam.

Celui-ci avait accepté de cacher l’ennemi public n°1 dans la cave de l’immeuble de sa mère, rue des Quatre Vents à Molenbeek-Saint-Jean, après qu’il a échappé de justesse à la police, rue du Dries à Forest, le 15 mars 2016. Il lui a apporté de quoi boire et manger et des vêtements, mais il a aussi passé de nombreuses heures avec lui dans cette cave, avant qu’il ne soit arrêté le 18 mars, quatre jours avant les attentats à Bruxelles.

Le tribunal a ensuite prononcé une peine de 30 mois de prison avec sursis probatoire à l’encontre d’Abdoullah Courkzine, pour avoir « accepté d’apporter un soutien logistique et un soutien moral à Hasna Ait Boulahcen », cousine d’Abdelhamid Abaaoud. Il a prononcé une peine de 18 mois de prison ferme à l’encontre de Soufiane Al Aroub pour avoir apporté une aide à Ahmed Dahmani et une peine de travail de 100 heures à l’encontre de Rafik El Hassani, pour avoir apporté son soutien à Brahim Abdeslam.

   Le tribunal a par ailleurs prononcé la suspension simple du prononcé de la condamnation pour Ibrahim Abrini et Youssef El Ajmi.

   Le tribunal n’a pas prononcé de peine complémentaire à l’encontre des deux prévenus qui font défaut, Sammy Djedou et Youssef Bazarouj, tous deux présumés morts en Syrie et déjà condamnés par défaut par le même tribunal dans d’autres dossiers de terrorisme.

Quatre prévenus sont acquittés

 Le tribunal correctionnel de Bruxelles a acquitté Zakaria Jaffal, Ayoub Bazarouj, Mohamed Rabhioui et Smaïl Farisi, jeudi, dans le dossier Paris Bis. Le tribunal a par contre reconnu coupables de participation aux activités d’un groupe terroriste Abid Aberkane, Ibrahim Abrini, Abdoullah Courkzine, Soufiane Al Aroub, Youssef El Ajmi et Rafik El Hassani, tout en limitant fortement leur implication. Il a également reconnu coupables Sammy Djedou et Youssef Bazarouj, tous deux présumés morts.Le tribunal a rappelé à plusieurs reprises dans son jugement que « le fait d’entretenir des contacts avec des membres de l’État Islamique (EI) n’est pas en soi punissable ».

Concernant Zakaria Jaffal et ses contacts avec Abdellah Chouaa, Ahmed Dahmani et Brahim Abdeslam, le tribunal a déclaré que « rien ne démontrait qu’il s’agissait de contacts liés aux activités de l’EI ». Il épingle notamment le fait que Jaffal « les a salués le 12 novembre au soir de manière fortuite », alors qu’ils se sont croisés au café Time Out à Molenbeek-Saint-Jean, « ne prouve pas qu’il les a encouragés ».

   Quant au fait que Jaffal a détruit son téléphone dans la soirée du 13 novembre 2015, juste après un appel avec Dahmani, le tribunal a souligné que les explications de Jaffal, qui a affirmé qu’il s’était énervé après avoir appris qu’un projet de vol de cigarettes tombait à l’eau, « sont dénuées de toute vraisemblance ». Mais – s’interrogent les juges – s’il était au courant du projet des attentats, pourquoi aurait-il détruit son téléphone précisément dans la soirée du 13 novembre? « Il ne peut être exclu que Zakaria Jaffal a agi de la sorte par peur, après avoir appris l’implication de Dahmani », a-t-il considéré.

   Concernant Ayoub Bazarouj, soupçonné d’avoir été un relais pour faciliter les communications de son frère Youssef, combattant de l’État Islamique (EI), le tribunal a conclu à l’absence de preuves suffisantes. « Il subsiste un doute, certes ténu mais raisonnable, quant au fait que c’est lui qui a créé et activé le profil Facebook ‘Bryan Binche’ « dont s’est servi Youssef Bazarouj pour entrer en contact avec certains auteurs des attentats. Il en est de même, selon le tribunal, pour l’achat de cartes SIM et l’activation de numéros de téléphone qui ont servi à Youssef Bazarouj.

   À propos de Mohamed Rabhioui, le tribunal a également conclu à l’absence de preuves qu’il a, via diverses communications, rendu des services à Ahmed Dahmani et aidé ou encouragé Youssef Bazarouj.

   Enfin, concernant Smail Farisi, qui a sous-loué son appartement de l’avenue des Casernes à Etterbeek à Ibrahim El Bakraoui, le tribunal l’a également acquitté. « Il n’est pas prouvé qu’il savait qu’Ibrahim El Bakraoui participait aux activités d’un groupe terroriste ou qu’il prévoyait un attentat », ont dit les juges. « Il n’est par exemple pas prouvé que des armes étaient visibles » lorsque Farisi passait à l’appartement, « ou que des drapeaux de l’EI étaient affichés ou encore qu’Ibrahim El Bakraoui tenait des propos radicaux ou laissant entendre qu’il projetait des attentats ».

   Dans ce dossier appelé Paris bis, relatif à l’enquête belge sur les attentats à Paris, douze hommes, dont deux seraient décédés en Syrie, étaient prévenus pour avoir fourni une aide, parfois minime, aux auteurs des attaques du 13 novembre 2015. Un homme et une femme étaient également prévenus pour des infractions autres que terroristes. Le premier a écopé d’une peine de 35 jours de prison pour infraction à la législation sur les armes, la seconde a bénéficié de la suspension simple du prononcé de la condamnation pour avoir participé à la création de faux passeports qui ont servi plus tard aux terroristes.

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