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« Véritable zoo d’Anvers », « tordu », « grotesques »…: la polémique sur les boxes en verre des accusés enfle

Le Vif

« Qu’on rase ces boxes totalement grotesques », a exigé lundi l’avocat Sébastien Courtoy peu avant l’ouverture de l’audience préliminaire du procès des attentats à Bruxelles. Il représente l’accusé Smail Farisi. « Un équilibre doit être trouvé entre l’aspect de sécurité et le droit de défense », a tempéré Me Adrien Masset, conseil de victimes des attentats.

« Aujourd’hui, on va discuter de ce véritable zoo d’Anvers qu’on a installé ici », a déclaré Me Courtoy dans le couloir devant la salle d’audience du gigantesque et ultra-sécurisé bâtiment Justitia à Haren.

Il faisait référence aux structures en verre destinées à accueillir les accusés pendant le procès. Les avocats de la défense estiment que ces boxes violent la présomption d’innocence, car ils donnent l’impression que les accusés sont coupables. Les services de police sont d’avis, eux, que ces boxes sont nécessaires pour assurer une sécurité optimale. C’est la présidente de la cour d’assises qui tranchera la question lundi en vue du véritable début du procès le 13 octobre. 

« Je veux qu’on m’amène le tordu qui a dessiné ces cages et qu’on lui demande quel est le plaisir qu’il y trouve », a lancé Me Courtoy à la presse avant le début de l’audience. « Qu’on rase ces boxes totalement grotesques. »

« Un avocat et un client, c’est un binôme, on doit pouvoir percevoir ses émotions, pouvoir être en contact avec lui« , a expliqué Me Vincent Lurquin, avocat de l’accusé Hervé Bayingana Muhirwa. « Si à chaque fois, vous devez téléphoner à votre client -puisque c’est cela qu’on nous propose-, ce n’est pas possible de travailler. »

« Lorsque les jurés vont venir, ils vont voir des personnes dans des cages. C’est inacceptable et la jurisprudence européenne est d’accord avec nous », a-t-il poursuivi. « Je crois franchement que la cour sera avec nous. »

Équilibre entre sécurité et défense

Me Lurquin a estimé que pour que les victimes puissent obtenir des réponses à leurs questions, il ne fallait pas « exclure les accusés ». « C’est ce qu’on va demander à la cour. Alors, le procès pourra commencer et on pourra aller vers la vérité judiciaire. »

« Nous sommes sensibles aux arguments de la défense, mais c’est un équilibre qu’il faut trouver entre l’aspect de sécurité et le droit de défense », a quant à lui déclaré Me Masset, qui représente des victimes. « Sur le plan de la sécurité, nous avons affaire ici aux faits les plus graves. Ce sont des personnes condamnées, pour certaines récemment, à des peines les plus graves et qui pourraient donc considérer qu’elles n’ont rien à perdre. »

Me Sébastien Courtoy est par ailleurs revenu sur la détention de son client Smail Farisi en vue du procès. « Nous sommes venus pousser un cri d’innocence pour mon client Smail Farisi, qui a été acquitté lors du procès des attentats de Paris. Il est libre depuis six ans et a subi un véritable coup de jarnac du parquet fédéral pour donner l’impression aux jurés qu’il est coupable. On ne veut pas qu’il comparaisse libre car cela pourrait donner l’impression qu’il est innocent. »

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