L'avocate de la défense, Delphine Paci, aux procès des attentats de Bruxelles. © Belga

Procès des attentats de Bruxelles: la défense dénonce « la malhonnêteté intellectuelle » du parquet fédéral

Au procès des attentats de Bruxelles, ce jeudi, les avocats de la défense ont taclé la « malhonnêteté intellectuelle » du parquet fédéral.

Alors que le parquet avait sollicité les témoignages de Muhammad Usman et Adel Haddadi, deux hommes condamnés par la cour d’assises de Paris dans le cadre du procès du 13 novembre 2015, ceux-ci ont refusé de se présenter devant la cour d’assises de Bruxelles. Certaines de leurs auditions ont donc été lues jeudi matin. Des avocats de la défense ont profité de leurs commentaires pour tacler la « malhonnêteté intellectuelle » du parquet, qui voulait, selon eux, par ces témoignages, démontrer que des hommes qui avaient été arrêtés avant les attentats pouvaient tout de même être condamnés pour ces faits.

« Ces deux messieurs n’ont été, ni poursuivis, ni condamnés, pour les attentats du 13 novembre. (…) Ils n’ont même pas été poursuivis par le PNAT (parquet national anti-terroriste français, NDLR) pour ça, et c’est extrêmement important« , a relevé Me Paci, avocate de l’accusé Salah Abdeslam, arrêté quelques jours avant le 22 mars 2016. « Il faut distinguer, vous avez d’une part l’association et de l’autre l’assassinat », a embrayé son confrère Me De Taye, qui défend l’accusé El Haddad Asufi. « C’est une escroquerie intellectuelle du parquet« , a-t-il dénoncé. « On vient vous prendre des petits éléments à droite à gauche, mais on ne vous dit pas la vérité. » Me Gultaslar, qui représente Sofien Ayari, arrêté lui aussi quelques jours avant les attentats, a appuyé son confrère. « L’utilité pour le parquet fédéral de vous lire ces auditions (…) », c’est de dire « tiens voilà, vous avez une personne, qui n’était pas à Paris car arrêtée avant, elle a quand même été poursuivie et condamnée à Paris, donc vous pouvez le faire pour Ayari et Abdeslam », a-t-il synthétisé. « Si le but c’était de nous faire dire que c’est la même chose à Bruxelles qu’à Paris, et bien c’est parfait« , a-t-il poursuivi. Même le PNAT, « qui ne fait de cadeau à personne », qui a enquêté cinq ans et disposait de dizaines d’auditions des deux hommes, les a uniquement renvoyés devant la cour « pour l’équivalent belge de participation aux activités d’un groupe terroriste« , et non pour assassinats terroristes, ce qui est par contre le cas de Salah Abdeslam et Ayari dans ce procès belge.

Adel Haddadi et Muhammad Usman, qui avaient été arrêtés sur « la route des migrants » en se rendant en Europe, ont tous les deux été condamnés par la cour d’assises de Paris à 18 ans de prison, avec une période de sûreté des deux tiers, pour association de malfaiteurs terroriste.

« La différence, avec MM Ayari et Abdeslam, c’est qu’ils se trouvaient dans une des caches au moment où les attentats étaient prêts à être perpétrés », a répondu la procureure Somers.

Me Gultaslar a conclu les commentaires de la défense en estimant que la présence de son client dans le box des accusés, alors qu’il a déjà été condamné dans deux procès (Paris et la fusillade de la rue du Dries) ne se justifiait que par la volonté du parquet d’avoir suffisamment d’accusés à juger. « M. Bakkali, il a été poursuivi dans le cadre des attentats à Paris, et condamné. En réalité il aurait pu être poursuivi de la même manière (qu’Ayari) par le parquet fédéral belge (…) Le 1er décembre 2015 (date qui marque la période infractionnelle du procès de Bruxelles, NDLR), il n’y a pas subitement un nouveau groupe qui se forme. S’il n’y avait pas eu assez d’accusés, on se serait dit ‘il faut meubler le box’ et on aurait pris Bakkali », a-t-il affirmé.

Contenu partenaire