Anne-Sophie Bailly

« Informer est essentiel pour motiver les décisions » (édito)

Anne-Sophie Bailly Rédactrice en chef

Alterner carotte et bâton permet certes d’avancer. Informer aide à motiver. Comprendre permet en plus d’accepter. L’édito d’Anne-Sophie Bailly, rédactrice en chef du Vif.

« Informer est essentiel pour motiver les décisions, mais prendre en compte le point de vue des destinataires de la décision l’est tout autant. » Cette réflexion, c’est celle que nous livre Frédéric Claisse, sociologue du risque.

Informer pour motiver est essentiel, pointe-t-il donc. C’est une réalité sur laquelle il faut d’ailleurs encore travailler, notamment en ce qui concerne la campagne de vaccination. Les derniers chiffres le prouvent. Informer encore et toujours dans toutes les villes, toutes les communautés, toutes les tranches d’âge sur l’importance d’atteindre l’immunité collective à l’échelle nationale. Informer clairement par rapport aux discours anxiogènes qui abondent sur les réseaux sociaux et aux risques d’effets secondaires. Informer intelligemment au sujet de l’efficacité vaccinale sur les variants et le risque de mutations du virus. Informer justement pour éviter de communautariser la pandémie et d’apporter de l’eau au moulin d’un éventuel déconfinement du pays à deux ou trois vitesses.

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Informer aussi, en mode rappel insistant, que l’ouverture d’une terrasse le 1er mai, c’est un double droit passerelle qui passe sous le nez. Informer, en mode carotte, que des aides et des subsides seront accordés ou à tout le moins maintenus. Informer aussi, en mode bâton, que de wet is de wet et qu’en cas d’écart, les sanctions seront appliquées.

Informer est donc indispensable pour expliquer la prise d’une décision, mais ne suffit visiblement pas à calmer une Belgique qui bouillonne. Qui sature. Qui se rebelle. Qui trop souvent pointe l’autre du doigt, sans se demander:

« Si j’étais directeur d’une salle de spectacle, ne hurlerais-je pas que 50 personnes en extérieur, c’est totalement insuffisant? »

« Si j’étais urgentiste, ne recommanderais-je pas en permanence la plus grande prudence sanitaire? »

« Si j’avais 20 ans, ne serais-je pas tenté de rejoindre une grande boum à ciel ouvert, au moins une fois? »

« Si j’étais gérant d’un bar en Wallonie et que les aides perçues ne suffisaient pas à faire face à mes obligations financières, est-ce qu’une semaine ne me paraîtrait pas une éternité?  »

« Si j’étais prof, pourrais-je enseigner à distance huit heures par jour? »

« Si j’étais en chômage corona, n’appellerais-je pas de tous mes voeux une reprise rapide de l’activité? »

« Si j’étais d’une santé fragile, ne plaiderais-je pas pour une vaccination obligatoire? »

Prendre en compte le point de vue de l’autre permettrait pourtant d’éviter les divisions. Le Nord contre le Sud. La commune plus favorisée versus celle plus précarisée. Les jeunes face aux seniors. Les vaccinés contre les hésitants.

Alterner carotte et bâton permet certes d’avancer. Informer aide à motiver. Comprendre permet en plus d’accepter.

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