Extrême droite et réseaux sociaux font bon ménage

Thierry Denoël
Thierry Denoël Journaliste au Vif

Le Vlaams Belang a misé une bonne partie de son énergie et de son trésor de guerre électoral sur les réseaux sociaux, Facebook en tête. Cela a payé.

La VRT a récemment demandé à Facebook et à Google (YouTube) de leur communiquer les dépenses des partis flamands entre mars et mai 2019. Résultats : les partis flamands ont investi plus de 800.000 euros dans les publicités sur les réseaux sociaux. À lui seul, le Vlaams Belang a dépensé la moitié de ce montant. Ces chiffres en disent long sur la stratégie adoptée par le parti d’extrême droite. Alors, le Vlaams Belang doit-il son succès électoral de ce 26 mai à Facebook ?

Ailleurs en Europe, les partis extrémistes et populistes ont un allié de poids, désormais, pour les élections : les réseaux sociaux. En avril dernier, une enquête du consortium transnational de journalistes Investigate Europe a montré qu’en France, en Allemagne, en Italie, en Espagne et en Pologne, les populistes de droit dominaient le discours politique sur les plateformes de médias sociaux, bien au-delà de ce qu’ils représentent en matière d’électeurs.

L’explication est que ces plateformes sont particulièrement adaptées aux discours simplistes de ces partis. Le meilleur exemple est le tweet de 140 caractères, soit l’équivalent d’un slogan-choc, sans nuances ni explications, juste basé sur l’émotion et la simplicité. Le président américain Donald Trump l’a compris depuis longtemps. Chacun de ses tweets est lu par des dizaines de millions d’internautes et commenté par des dizaines de médias.

Les populistes et les extrémistes utilisent de la même manière Instagram, You Tube… Sur Instagram, Matteo Salvini, le leader de l’extrême droite italienne, poste de nombreux selfies avec ce qu’il mange, son état de santé ou des nouvelles de sa famille. Ce narcissisme virtuel, qui le rend plus proche des gens, fonctionne. Ce 26 mai, son parti la Ligue du Nord a remporté une nouvelle victoire aux élections européennes.

Au Royaume-Uni, la campagne pro-Brexit s’est construite de la même manière et est devenue un cas d’école, avec des slogans phares basés sur ce que les Britanniques pourraient économiser (350 millions de livres sterling par semaine) en quittant l’Union européenne. Lorsque des médias ont essayé de rétablir la vérité, avec des explications sérieuses et ennuyeuses, cela n’a pas fonctionné. Les pro-Brexit ont aussi ciblé les électeurs, notamment sur Facebook, en fonction de leur catégorie professionnelle.

Le Vlaams Belang a donc bénéficié de la même manière des réseaux sociaux, en les investissant à force de slogans et de vidéos simplistes. Cela a visiblement donné des résultats auprès des jeunes. Selon Crowdtangle, un outil de mesure de popularité des réseaux sociaux, le VB a eu, ce dernier mois, trois fois plus d’interactions sur Facebook (like, smileys, partages de photos/videos) que la N-VA et cinq fois plus que l’Open VLD, soit 323 000 contre 103 000 (N-VA) et 63 000 (Open VLD). Le SP.A tournait autour de 57 000 interactions. Les autres partis étaient loin derrière.

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