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Euro 2020: Belgique – Italie, la lutte fratricide

Olivier Mouton
Olivier Mouton Journaliste

Les deux pays vont vivre une drôle d’histoire d’amitié ce soir en quart de finale de l’Euro. Septante-cinq ans après le début d’une immigration majeure. Une rivalité d’une autre nature que celle développée avec la France.

Forcément, ce vendredi soir sur le coup de 21h, la Belgique sera divisée. Quand les Diables rouges affrontent la Squadra Azzura, il y a une tonalité différente de tout autre match au vu de l’histoire croisée des deux pays.

Cette fois, ce sera davantage le cas, encore: les deux équipes peuvent commencer à croire fortement en leurs chances, maintenant que le favori français a déserté l’Euro, et l’on comprendra combien cette rivalité sportive entre une Italie renaissante et une Belgique en quête de trophée va secouer les chaumières.

Le contexte, en outre, n’est pas anecdotique: quelque 300 000 Italiens vivent en Belgique, le premier accord migratoire amenant des ouvriers pour extirper le charbon fête son 75e anniversaire – le 23 juin 1946 – et les deux pays ont croisé leur destin parmi les six fondateurs de l’Union européenne. Il est loin l’époque où l’on traitait ces immigrés de « macaroni »: une véritable amitié s’est nouée, singulièrement sur les terrils abandonnés de Liège ou de Charleroi.

C’est un derby fratricide. Pour s’en convaincre, il suffit de regarder aux quatre coins du pays, le nombre de maisons où flottent les drapeaux est impressionnant, mais le nombre de maisons où les DEUX drapeaux sont arborés n’est pas négligeable. Pour ne pas parler des couples mixtes.

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Le message général d’avant-match, au-delà de l’ambition légitime des uns et des autres, est teinté de fair-play: « Que le meilleur gagne ». Il s’inscrit aussi dans un moment singulier, alors que la rivalité Belgique – France a dérapé dans le chef de certains observateurs et sur les réseaux sociaux, appels au calme à la clé.

Ce n’est pas un hasard, sans doute, si les messages apaisants se multiplient. A l’image de ce cri du coeur de l’humoriste Freddy Tougaux: « Que le match soit un vrai combat intense, spectaculaire et respectueux! Que la fête soit pleine et fraternelle! Que le foot gagne au bout. Faites monter les bars dans la pression et vice versa ! Love you All !! » Son clip caricaturant un dialogue belgo-italien est à la fois désopilant et tendre.

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Jean-Michel Javaux, bourgmestre d’Amay, fait quant à lui une « déclaration d’amour » aux Italiens: « A toutes mes amies, mes amis Italien(ne)s, ceci est une déclaration d’amour. A votre pays, votre histoire, la beauté des villes, villages, des paysages, montagnes, lacs, mers…A notre histoire commune, à notre longue amitié, à vos vins (pas vos bières), votre gastronomie, vos glaces et vos desserts… A votre magnifique palmarès footballistique, à la mode, au festival de la chanson de San Remo etc… J’ai toujours dit que je voulais être réincarné en Italien MAIS pour ce soir, c’est le bon moment pour encore renforcer notre amitié 😉 J’ai assisté à pratiquement toutes nos dernières rencontres en compétition internationale…et nous avons toujours perdu (presque sur le même score d’ailleurs). Alors ce soir je n’irai pas au stade…et j’espère vous retrouver après sur des terrasses pour boire un bon verre ensemble quoiqu’il arrive 🖤💛❤️🤍💚🇧🇪🇮🇹. »

Pour beaucoup de Belgo-Italiens, ce sera aussi le match du grand déchirement, l’un de ces moments où les identités s’entrechoquent. Fabrizio Bucella, professeur de physique et spécialiste en vin, résume ce sentiment: « Ô sort funeste, ô cruel dilemme… que faire vendredi? Supporter l’Italie, mon pays ou la Belgique, mon pays? Dans tous les cas je serai triste, dans tous les cas je serai heureux.« 

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Cela dit, pas de naïveté déplacée: l’Italie est un pays de compétiteurs, habituée à gagner des trophées et revancharde après le « drame national » de la non-particiption au Mondial de 2018. « Nous sommes l’Italie », titre la Gazzetta dello sport ce vendredi matin. Le tout agrémenté d’une photo du noyau et du drapeau italien. « Contre la Belgique de Lukaku pour devenir à nouveau grands », ajoute le journal: la saison fulgurante de l’attaquant belge à l’Inter Milan, qui a contribué à son titre de champion, est omniprésente avant le duel.

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Qui mieux qu’Enzo Scifo, ancien international belge qui aurait pu jouer pour léquipe nationale italienne, joueur d’Anderlecht et de Milan, pour donner son pronostic. « J’ai vraiment envie que la Belgique me prouve que nous avons l’équipe pour aller au bout et je suis convaincu qu’elle peut battre l’Italie, dit-il au Soir. Et si elle vainc la Squadra, qu’elle aille au bout. Quant à l’Italie, elle progresse et va y arriver à la prochaine Coupe du monde, là où la Belgique a un « step » d’avance. Tout est réuni pour que les Diables réussissent maintenant… »

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