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Et si… la Belgique investissait plus dans les transports publics ?

Loïs Denis
Loïs Denis Journaliste

Avec des « si », on pourrait refaire le monde. Refaisons-le !

La mobilité belge. Un circuit sinueux, jonché de nids-de-poule, duquel on aimerait s’échapper rapidement. Les Belges pourraient passer une semaine par an sur un transat au bord de la plage, mais ils préfèrent rester assis sur leur siège de voiture bloquée au bord de la route (et de la crise de nerfs). En 2018, le temps perdu en moyenne par habitant dans les embouteillages aux heures de pointe était de 141 heures pour Bruxelles et 195 heures pour Anvers. Ces mêmes embouteillages ont, selon l’OCDE, un coût annuel qui représente 1 à 2 % de notre PIB, soit entre 4,2 et 8,4 milliards d’euros. Mobilité rime aussi avec pollution de l’air. Elle coûte chaque année environ 17 milliards d’euros à la Belgique, et la moitié de ce chiffre est imputable aux émissions du trafic.

Et si... la Belgique investissait plus dans les transports publics ?
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Une partie du problème réside dans la valorisation du transport routier au détriment des transports durables. Une étude publiée en mars 2019 par Transport & Mobility Leuven s’est penchée sur le sujet. Au cours des cinq dernières années, les dépenses affectées au transport routier ont augmenté de 10 %. Celles attribuées aux transports publics ont diminué de 13 %, mais elles n’ont baissé qu’en Flandre pour augmenter à Bruxelles et en Wallonie. L’étude estime que l’avantage fiscal accordé à la voiture de société s’élève à deux milliards d’euros, 100 millions pour les transports publics et 70 millions pour l’indemnité vélo.

Et si la Belgique investissait davantage dans les modes de transports publics ? Le nouveau gouvernement wallon semble aller dans cette direction en ajoutant 100 millions d’euros aux 300 millions de budget prévu pour le développement de la mobilité douce. La majorité PS-MR-Ecolo promet même des transports en commun gratuits pour les moins de 25 ans et les seniors. Un plan qui vise à augmenter de 13 à 25 % l’utilisation des bus, trams et trains en Wallonie d’ici à la fin de la législature.

Transport & Mobility Leuven prend le problème dans l’autre sens et soumet un scénario pour 2030 qui désinvestit massivement dans l’usage individuel de la voiture au profit des transports publics et d’une mobilité plus respectueuse du climat. Pour y parvenir, l’étude propose de supprimer la voiture de société, la carte carburant et le diesel professionnel, d’introduire une taxe kilométrique pour les véhicules de particuliers et les camionnettes, et d’utiliser la moitié du produit de ces mesures pour encourager les transports publics et les modes actifs (marche, vélo). Bien que ces dispositions vont diviser l’opinion, leurs conséquences valent le détour. Le transport routier baisserait de 22 % tandis que les modes actifs et les transports publics augmenteraient de 33 %. Les coûts externes à l’utilisateur, à savoir les émissions de polluants atmosphériques et les gaz à effet de serre, la congestion, le bruit et les accidents, diminueraient de 1,5 milliard d’euros. Les émissions de CO2 chuteraient de 22 %, les accidents de 8 % et la congestion de 14 %. De quoi abaisser la barre des 10 000 décès prématurés annuels en Belgique à cause de la pollution de l’air, tels qu’estimés par l’Agence européenne pour l’environnement dans son rapport de 2018.

Par Loïs Denis.

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