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Réforme des rythmes scolaires, un an après : un bilan prudemment positif

Le 29 août aura lieu la rentrée des classes. Cela fera alors un an que la réforme des rythmes scolaires sera entrée en vigueur. Son but principal : favoriser l’apprentissage et réduire le stress. Après un an, plusieurs enseignants et parents d’élèves font déjà part de leurs retours. 

La rentrée des classes se rapproche. Le 28 août prochain, la réforme des rythmes scolaires, volet du Pacte pour un Enseignement d’excellence, fêtera son premier anniversaire. Ce texte proposait une nouvelle façon d’aborder le temps passé à l’école, avec une alternance de 7 semaines de cours et de 2 semaines de congés. L’objectif poursuivi est multiple : diminuer le stress et la fatigue des élèves et des enseignants, améliorer la capacité d’apprentissage, et réduire les décrochages pendant les vacances scolaires.

L’Université de Mons, dans le cadre de recherches menées par le service d’EDUcation et des Sciences de l’Apprentissage (EDUSA), a pu sonder un échantillon de près de 200 enseignants. Après un an, il ressort que 58% d’entre eux sont toujours favorables à la réforme (contre 32% de défavorables et 10% sans avis). Avant le début de sa mise en œuvre, ce pourcentage était de 60%. Une légère baisse qui ne peut toutefois pas encore être considérée comme significative, l’enquête étant toujours en cours. Au-delà de ces chiffres, l’étude est accompagnée de commentaires des personnes sondées. Cela permet déjà d’esquisser, tout en s’armant de prudence, un premier retour d’expériences de la part des enseignants.

Moins de stress ? Plus de concentration ?

Pas de consensus sur la question, plutôt des avis contraires. « Certains se disent plus reposés, mais trouvent en revanche que ce n’est pas le cas des ados. D’autres avancent plutôt l’inverse », évoque Natacha Duroisin, cheffe du service EDUSA, reprenant les dires de plusieurs répondants. « Quelques professeurs disent voir moins de matière et retrouver des élèves qui ont oublié ce qu’ils ont appris après deux semaines de vacances », ajoute-t-elle.

Pourtant, le changement de rythme a pour but de donner davantage de régularité dans l’enseignement, ce qui, études scientifiques à l’appui, rendrait l’apprentissage plus efficace. Dans cette optique, il s’agissait entre autres de réduire la longueur des vacances d’été pour éviter les décrochages. « L’équilibrage est mieux pensé maintenant. Avec l’été raccourci, les élèves raccrochent plus facilement au cours », selon une responsable de la Fédération des Parents et des Associations de Parents de l’Enseignement Officiel (FAPEO). Certains professeurs déplorent néanmoins « des vacances trop courtes, surtout qu’il faut enlever une semaine au début pour le rangement des classes et une à la fin pour préparer l’année », énonce Natacha Duroisin. Aussi, certains enseignants évoquent une « fin d’année qui traine en longueur » et, surtout, des « bâtiments scolaires non adaptés aux chaleurs d’été » ce qui résulte de plus « grandes difficultés de concentration », révèle Natacha Duroisin. « Le changement de rythme scolaire n’est pas pensé pour le changement climatique ».

Quant aux parents d’élèves et leurs enfants, ils seraient « plus relaxés et sereins », selon la responsable de la FAPEO. « Les enfants sont plus concentrés en classe. L’année est mieux séquencée ». Elle ajoute néanmoins un petit bémol : « Pendant le mois de mai, ça a été plus compliqué car trop de congés s’accumulaient. Cela a créé quelques tensions ».

Un nouveau congé, le mardi gras, apparaitra d’ailleurs cette année (il ne tombe pas dans les deux semaines du congé de Carnaval), « sans que cela ne gonfle le total de congé dans l’année », précise Jean-François Mahieu, porte-parole du ministère de l’Education.

Problème de l’harmonisation

Ce qui est encore et toujours reproché, c’est le manque d’harmonisation avec la Flandre, ainsi qu’avec l’enseignement supérieur. « Beaucoup de parents ont des difficultés à s’organiser, surtout quand ils ont des enfants dans des écoles où les langues sont différentes. C’est un problème que l’on voit beaucoup à Bruxelles », explique la responsable de la FAPEO.

Un non-alignement entre communautés que les responsables cherchent à tempérer. « Sur les 14 à 15 semaines de congés, il y en aura toujours 10 à 11 en commun. (…) Un mécanisme d’ajustement est prévu. Il doit assouplir le principe de l’alternance de 7 semaines de cours et 2 semaines de congé pour organiser des semaines de 6 ou 8 semaines de cours et ainsi permettre, chaque fois que ce sera possible, d’aligner une des deux semaines de congé de détente (carnaval) avec celle des autres communautés », peut-on lire dans la FAQ du site officiel du Pacte. Bien que ces premiers retours soient des signaux intéressants, il est évidemment trop tôt pour tirer des conclusions, surtout que bon nombre d’autres facteurs peuvent entrer dans la balance (comme la situation de l’école). « Nous avons des retours positifs de la part de directeurs qui nous écrivent. Toutefois, nous ne pouvons donner de bilan légal », renseigne Jean-François Mahieu. Un bilan officiel est prévu 4 ans après la mise en œuvre du décret, soit en 2026.

Gauthier Guilmot

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