Élections communales : Gembloux, tout sauf une ville dortoir
Pression démographique, développement urbanistique, préservation des villages, Benoît Dispa, bourgmestre depuis 2006, est confronté à des défis immenses pour l’avenir de Gembloux.
L’enjeu
Avec un accroissement de population parmi les plus élevés de Wallonie, Gembloux a vu le nombre de ses habitants augmenter de 16,3 % entre 2005 et 2015 et, avec lui, un développement du territoire qui a changé le visage de cette commune du Namurois, à la frontière du Brabant wallon. Si le bourgmestre Benoît Dispa (Bailli/CDH) se réjouit de la dynamique qui s’est installée, l’homme veut tout faire pour maîtriser le développement immobilier et urbanistique de Gembloux, en conservant son caractère durable. » La qualité de vie des habitants ne doit pas être mise en péril. Cela vaut notamment pour les zones rurales, à travers la préservation des villages « , prévient-il.
Cela n’empêche pas les projets de grande ampleur, comme le réaménagement du quartier de la gare, véritable enjeu des six prochaines années, qui verra naître sur l’ancien site industriel d’Eurofonderie plusieurs centaines de logements accompagnés d’une série de services (école, crèche, petits commerces de proximité, services de soins à la personne…). Au-delà de ce projet, Gembloux aura besoin de 2 000 logements supplémentaires d’ici à 2050.
Gembloux doit devenir un laboratoire de la transition écologique, selon les verts.
» Actuellement, des projets couvrant la moitié de ces besoins sont sur la table « , explique Alain Goda, premier échevin MR, tête de liste pour les libéraux. » Tout le défi est de trouver un juste équilibre. Le centre-ville est en forte croissance et la pression au niveau des villages est importante, pression qui vient de la part des promoteurs. Tout est mis en oeuvre pour éviter une expansion anarchique de l’urbanisme et préserver le caractère rural de la commune, à travers des projets, comme celui du quartier de la gare, qui s’adaptent à la réalité gembloutoise et répondent aux besoins des habitants « , poursuit ce dernier qui, au niveau politique, se dit prêt à rempiler avec la liste du bourgmestre, même si le MR ne pourra plus compter sur plusieurs ex-pourvoyeurs de voix comme Sabine Laruelle ou Martine Dupuis, actuelle présidente du CPAS.
La pression immobilière
Si les projets urbanistiques sont au coeur de toutes les attentions, le prix de l’immobilier préoccupe notamment au PS, mené par Valérie Hautot, succédant ainsi à Aurore Massart, tête de liste en 2012 qui ne se représente plus – tout comme Dominique Notte, l’ancien bourgmestre gembloutois. Dans l’opposition, les socialistes proposent notamment un moratoire pour contenir le développement immobilier et offrir davantage d’infrastructures et d’équipements adaptés au nombre d’habitants.
» La pression immobilière est telle que l’accès au logement est de plus en plus compliqué pour les Gembloutois, et la majorité manque d’une fibre sociale qui n’a pas été prise en compte quand on voit tous ces bâtiments sortir de terre, peu accessibles finalement à la population locale, surtout celle en difficulté. Dès 2012, le PS pointait du doigt ce développement urbain massif, mettant à mal le caractère rural du territoire, la mobilité ainsi que le maintien du commerce en centre-ville, qui n’a pas cessé de souffrir ces dernières années « , rappelle Aurore Massart.
L’échec
C’est là l’autre défi et le bourgmestre est le premier à le reconnaître. » Ce n’est pas un échec, mais une réalité à laquelle la commune est confrontée depuis plusieurs années. Gembloux n’a jamais été une ville commerçante comme Wavre ou Namur, mais la difficulté de maintenir du commerce de proximité se ressent de plus en plus « , regrette-t-il. Selon Benoît Dispa, il y a plusieurs raisons à cette situation : des rues étroites, des bâtiments vétustes ou encore un changement des modes de consommation avec l’e-commerce… » Nous devrons redoubler d’efforts dans les années qui viennent, notamment en ce qui concerne la rénovation urbaine. Nous voulons rendre le centre plus attractif grâce aux animations comme Gembloux plage ou la patinoire et le marché de Noël qui amènent déjà du public, mais il reste encore du travail. »
Pour Ecolo, la majorité a manqué d’ambition sur ce dossier. » On n’a vu aucune initiative majeure de la part du collège ces dernières années sur ce sujet « , dénonce Gauthier le Bussy. » Après cinq ans, il y a seulement un plan d’aménagement de la place de l’Orneau. Si le centre-ville avait été une priorité, cela aurait dû venir beaucoup plus tôt « , ajoute-t-il. Dans l’opposition depuis 2012, les écologistes, menés par Laurence Dooms, veulent à nouveau peser sur les décisions.
Le défi
Pour les verts, le message est clair et sans détour : Gembloux, grâce à son université et à son secteur associatif, doit devenir un laboratoire de la transition écologique en Wallonie. » Jusqu’ici, la majorité n’a pas donné une réelle impulsion à tous ces défis, malgré l’accroissement démographique que connaît la commune. L’équipe actuelle n’a pas mis en place suffisamment de projets nouveaux pour répondre à cet enjeu et ne fait que suivre les dossiers que nous avions lancés lorsque nous étions encore au pouvoir. L’attente des Gembloutois par rapport aux infrastructures est pourtant très forte, notamment au niveau du nombre de places dans les écoles ou les crèches. Elles arrivent déjà à saturation et avec 5 000 nouveaux habitants à venir, il faut anticiper, sans perdre une seule minute « , avertit Gauthier le Bussy.
Benoît Dispa dresse évidemment un tout autre bilan, en mettant en avant quelques réussites de son équipe : » Au cours des dernières années, l’offre en équipements collectifs a augmenté, en rénovant dans tous les secteurs. » Et le bourgmestre de citer : la construction d’un nouvel hôtel de ville, celle du centre sportif de l’Orneau, ou encore le centre culturel, en pleine transformation, qui sera inauguré début 2019. » Tout cela a été réalisé sans mettre les finances communales en danger. Il faut y ajouter la rénovation des écoles et le réaménagement de toutes les places de village. Il y a quinze ans, on constatait un déficit d’infrastructures publiques. Il a été résorbé. Rien n’est acquis mais la Ville répond aux demandes de la population. Cet effort de modernisation a permis l’essor d’une vie associative comme jamais par le passé, grâce aux nouvelles infrastructures et aux opportunités qu’elles offrent. Gembloux est loin d’être une ville dortoir, c’est une commune plus vivante que jamais. «
Résultats 2012
Bailli 36,8 % (11 sièges)
MR 28,6 % (8 sièges)
PS 18,8 % (5 sièges)
Ecolo 13,6 % (3 sièges)
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