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De plus en plus d’entreprises alimentaires changent la composition de leurs produits. Danger pour la santé ?

Noé Spies
Noé Spies Journaliste au Vif

Face aux pénuries dues à la guerre en Ukraine, 70% des entreprises agroalimentaires belges ont déjà dû adapter la composition de leurs produits ou s’apprêtent à le faire. Sur fond de scandale Buitoni et Kinder, faut-il s’en inquiéter ? Réponse avec Georges Daube, expert en hygiène alimentaire.

Farine, huile de tournesol, huile de lin, miel… Les entreprises agroalimentaires belges sont confrontées à une série de pénuries, ou sont sur le point de l’être. Conséquence indirecte de la guerre en Ukraine: le « grenier de l’Europe » (qui approvisionnait, par exemple, 30% du miel utilisé dans l’UE) ne peut plus remplir son rôle.

Selon la Fevia (Fédération de l’industrie alimentaire belge), 4 entreprises sur 10 s’apprêtent à réduire leur production. Par ailleurs, 50% sont confrontées à unerupture d’approvisionnementet 70 % ontdéjà dû adapter la composition de leurs produits ou devront le faire prochainement.

« Il pourrait arriver que nous soyons confrontés à desproblèmes de logistique. Dans ce cas, peut-être que dans les semaines à venir, il sera plus difficile de se procurer certains produits et qu’il faudra se rabattre sur des produits de substitution, notamment pour l’huile et le blé. Certains biscuits seront peut-être fabriqués avec autre chose que de l’huile de tournesol », expliquait récemment au Vif Dominique Michel, patron de Comeos (Fédération du commerce et des services).

Ces changements dans la composition des produits sont-ils inquiétants, alors que Kinder est empêtré dans ses problèmes de salmonelles et que Buitoni (Nestlé) fait face à une enquête après que la bactérie E.Coli ait été retrouvée dans des pizzas surgelées en France ?

« Je ne dirais pas qu’il s’agit d’un danger, répond Georges Daube, expert en hygiène alimentaire à l’ULiège. Car on parle plutôt de pénuries avec des produits d’origines végétales. Au niveau du risque microbiologique, ça ne devrait pas être majeur. Les souches de contaminations par des micro-organismes sont surtout liées à des contaminations fécales animales. »

« Mais il est certain que si une entreprise doit changer de fournisseur, et a fortiori de matière première, elle n’aura peut-être pas eu le temps d’analyser tous les dangers qui sont associés, poursuit l’expert liégeois. Elle mettra donc peut-être sur le marché des produits qui n’ont pas été totalement validés. Il est certain qu’il y a un risque théorique dans ce cas de figure. Mais il faut encore voir quelles matières premières sont concernées. Au niveau des céréales et des huiles de tournesol, il y a plutôt des risques chimiques, mais pas microbiologiques. Au niveau de l’UE, les entreprises sont obligées de réaliser leur autocontrôle. C’est elles qui ont la responsabilité de mettre sur le marché des produits qui sont sans risque. Dans l’UE, tous les producteurs doivent donc mettre en place ces procédures-là, qui sont vérifiées par les autorités de contrôle national. En l’occurrence, l’Afsca en Belgique. Mais également par des organismes tiers qui sont accrédités. »

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